Jeudi 18 octobre 2018, Dr. Choguel Kokalla Maiga était invité sur Africable télévision pour parler de la situation du Nord du Mali. L’occasion a été favorable pour parler de son livre, Les Rebellions au Nord du Mali : de ses origines à nos jours, mais aussi d’effectuer une étude comparative entre l’armée malienne d’hier et celle d’aujourd’hui, voire du projet de partition du Mali à travers son nouveau découpage territorial.
L’auteur du livre, Les rebellions au Nord du Mali : de ses origines à nos jours, n’a pas manqué, le jeudi dernier, d’évoquer lors de son passage sur la chaîne Africable, le contexte d’écriture de cet ouvrage. À l’entendre parler, ce projet remonterait aux années 2012 où tout semblait se chambouler au Mali. Aux dires de Choguel Kokalla Maïga, ce tapuscrit constitue un projet de recherche visant à détecter les causes profondes de la crise du Mali. Un pays jadis loué par la bravoure de ses hommes armés qui partaient secourir d’autres contrées, mais qui aujourd’hui, peinent à sécuriser leur propre territoire. Le résultat des recherches de longue haleine consignées dans ce manuscrit vise également, dit l’auteur, à connaitre les véritables ennemis du Mali. Contre ses détracteurs qui soutiennent que ce livre constitue juste une critique du régime de Modibo Kéita, des terroristes ainsi que des démocrates, M. Maiga trouve infondé ces propos et les attribuent au fait que les Maliens détestent la vérité et ne veulent se fier qu’au mensonge.
C’est dans cette optique qu’il n’a pris aucune peine d’évoquer la véritable cause de l’annexion du Nord du Mali que certains attribuent à la chute de Kadhafi. À ses dires, cette annexion relève juste d’une mauvaise politique de gestion de l’armée en 20 ans durant lesquels des matériels de guerre n’ont pas été achetés, les militaires ne sont pas formés, les grades sont attribués par affinité, etc. « Au Mali, il y avait des porteurs d’uniforme, mais pas d’armée », affirme-t-il. Il justifie également les critiques de ses détracteurs par le fait qu’il critique la politique de gestion de cette crise consistant à négocier les rebelles avec de l’argent, l’attribution de grade et de poste, etc.
À l’en croire, cette politique ne résoudra jamais ce problème. Quant à savoir les raisons qui poussent des esprits malsains à vouloir scinder le Mali, Choguel explique que c’est l’œuvre d’individus qui se laissent manipuler. Dans ses explicitations, il en ressort que la première politique était juste de déstabiliser l’armée, cela étant réussi, l’objectif c’est d’avoir, coûte que coûte un espace pour s’affirmer et s’imposer. De là, il lâche à la face de la conscience malienne que « L’avenir du Mali, c’est le Nord ». Ce n’est pas gratuit si tous les regards se projettent vers le Nord du Mali, dit-il, avant de poursuivre en laissant entendre que dans 140 années, la zone favorable à l’existence au Mali sera le Nord dans la mesure où toutes les grandes richesses se trouvent enfouies dans son sous-sol, en commençant par l’eau, le manganèse, etc.
À croire Choguel Maïga, les géostratèges ont déjà vu cela. Le grand écrivain, spécialiste du Nord du Mali suggère alors que désormais les Maliens exigent à leurs dirigeants qu’ils leur expliquent au préalable toutes les décisions qu’ils doivent adopter en leur nom afin d’éviter que la situation de ce pays ne soit irrécupérable. Les nombreux accords signés par le Mali n’ont servi à rien, martèle-t-il, puisque l’intégrité territoriale, la protection des personnes et de leurs biens restent toujours violées. Sur cette lancée, M. Maïga suggère la révision de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale issue du processus d’Alger.
Pour éviter que le Mali ne devienne pas le Soudan du Sud, il importe que tous s’asseyent autour d’une seule table pour discuter de vive voix afin de trouver des solutions amicales à notre crise, a-t-il glissé. Le Nord appartient à tous les Maliens, ce n’est donc pas la possession d’une ethnie déterminée. Désormais, pour la signature des accords, il faudrait inviter uniquement, au sein de chaque communauté du Mali, les hommes ayant une large représentativité et non pas ceux se contentant de prendre des armes contre la nation malienne, explique-t-il. « Pour les négociations, ce sont les personnes les plus légitimes de chaque région du Mali qui doivent être confiées ainsi que celles mandatées par l’État », dixit Choguel Kokalla Maiga.
Sur le nouveau projet de découpage territorial, le président du parti du Tigre n’a pas mis sa langue dans sa poche, il invite les Maliens à ne pas accepter un tel projet de partition programmé en catimini par quelques individus malintentionnés. À l’entendre parler, une fois ce découpage accepté et les députés élus, quelques années plus tard, ceux-ci exigeront qu’on leur donne leur autonomie. Cependant, tant que cette situation n’est pas résolue, les Maliens ne doivent pas accepter la tenue des élections prochaines qui ne pourront aboutir qu’à des bourrages d’urnes, des tripatouillages, des crises post-électorales, etc.
Fousseni TOGOLA
Source: Le Pays