Le Premier ministre, Dr Choguel Kokalla MAÏGA, a tancé, ce vendredi 11 octobre à Bamako, «des faux amis de la Transition», en appelant à «une phase de clarification» après celles «du changement du paradigme et de la rectification». Le Chef du gouvernement intervenait au cours d’une session d’appropriation du Programme National d’Education aux Valeurs (PNEV). « Aujourd’hui, on voit beaucoup de confusions. Les deux forces qui étaient opposées, la force qui disait qu’il n’y a pas de changement, mais il y a certaines composantes de cette force qui disent que ce sont elles le changement, les nouveaux amis de la Transition, ils veulent chasser les autres », a déclaré Choguel Kokalla MAÏGA.
En paraphrasant l’ancien président Modibo KEÏTA, il estime qu’il n’est pas question «d’accepter» un «festival des brigands».
«C’est pour cela, je l’ai dit, je le répète que nous sommes à l’heure de la clarification. On a fait le changement de paradigme. On a fait la rectification. Il nous faut la clarification. On ne peut pas continuer dans la confusion », a-t-il lancé devant des représentants de la haute administration et du haut commandement militaire.
Il qualifie de « faux amis de la Transition» certains qui s’auto-attribuent le leadership de la Transition sur des réseaux.
Selon lui, certains sont devenus célèbres en insultant et agressant verbalement les personnes d’honneur sur des médias.
Il pointe également du doigt «des discours spécieux aujourd’hui» en cours pour décourager les Maliens. «Ces faux soutiens de la Transition dès que ça chauffe, ils vont courir aller en arrière», avertit-il, ajoutant qu’il y a des gens qui travaillent pour que les premiers dans le changement soient les derniers.
«On ne va pas nous embrouiller avec les discours des gens qui sautent d’un régime à l’autre, des gens qui se sont battus contre le changement qui changent de veste aujourd’hui au lieu de venir qu’on collabore pour faire avancer le pays ils viennent nous dire non il faut venir nous suivre. Les Maliens ne vont pas suivre pour aller en arrière », affirme-t-il.
Nous vous proposons ci-contre un extrait de cette intervention.
« Mesdames et messieurs, ce n’est pas seulement dans notre histoire lointaine. Dans l’histoire moderne, le Mali a écrit en or des nouvelles pages pour l’Afrique. Tous les Africains sont fiers de vous aujourd’hui. Tout le monde vous le dit.
J’ai vu un magistrat qui a été jusque dans un pays du Moyen Orient, il dit que lorsqu’il y arrivé, en disant qu’il est Malien. Tout le monde s’est levé pour applaudir. Il dit que c’est ce jour qu’il a compris, en réalité, qu’il y a quelque chose qui est en train de faire bouger le monde entier.
Les nouveaux amis de la transition
On a voulu nous étouffer, le peuple a dit non. Il est sorti le 14 janvier qui a été baptisé après le jour de la souveraineté retrouvée.
Nous avons duré dans cette rectification. Tout le monde nous regarde. Mais aujourd’hui, pourquoi je dis tout ça. C’est pour que les uns et les autres comprennent. Parce que l’action politique a besoin de pédagogie, à un certain moment.
Mais aujourd’hui, on voit beaucoup de confusions.
Les deux forces qui étaient opposées. Il y a la force qui ne voulait pas de changement. Certaines composantes de cette force qui disent aujourd’hui que c’est eux le changement. Ce sont eux que j’appelle les nouveaux amis de la transition qui veulent chasser les autres.
Vous savez, le premier chef d’État de notre pays, Modibo KEITA, dit que quand les propriétaires observent sans rien faire, c’est le festival des brigands. Nous n’allons pas accepter que le festival des brigands se fasse au Mali. C’est pour cela que j’ai dit, je le répète, que nous sommes à l’heure de la clarification.
On a changé de paradigme, on a fait la rectification, il nous faut la clarification aujourd’hui. On ne peut pas continuer dans la confusion.
Dans l’histoire des peuples, c’est la lutte des forces politiques et sociales. Lorsqu’une force a le dessus, soit par des élections, soit par d’autres voix ; c’est elle qui trace la voix à suivre, et tout le monde suit.
A un moment donné de l’histoire, le peuple peut dire que ça ne lui convient pas, il change d’avis. Mais, pendant qu’elles ont gagné, il ne faut pas que ces forces qui ont changé le Mali, soient mises dehors. Celles qui ont été terrassées, c’est elles qu’on amène dans la chambre pour discuter.
Comme quelqu’un le disait, il faut que ces gens sachent que le Mali, ce n’est pas à eux seuls. Mais, le Mali n’est pour personne, il faut être réaliste.
A chaque moment de l’histoire, on a une orientation qu’on suit.
Et celui qui est contre cette orientation, il ne veut pas que ça marche. C’est pour cela que, la première fois que j’ai rencontré la classe politique, quand je leur ai exposé des visions de la transition, il y a certains qui m’ont dit, mais vous n’êtes pas venus pour ça. Vous êtes venus pour organiser les élections et partir.
C’est un gouvernement élu qui va faire les réformes. J’ai dit ah bon, toi tu étais où avant le 18 août ? Il était dans l’autre camp.
On tuait nos militaires, on les enterrait dans les fosses communes.
Il y a des gens qui empochaient cet argent. C’est des gens de leur parti qui viennent me dire qu’il faut faire des élections et partir.
Mais l’argent volé, ils vont utiliser pour corrompre les gens, c’est les mêmes personnes qui vont rester au pouvoir.
Depuis ce jour, j’ai dit au monsieur, tu sais, nous sommes tous des Maliens. On rentre par la même porte, mais on ne sort pas par la même porte.
‘’Je n’ai insulté aucun parti politique’’
Après, certains sont allés dire qu’il a insulté les partis politiques. Je n’ai insulté aucun parti politique.
L’histoire a une logique, les forces qui ont amené le changement c’est elles qui dictent le ton de la transition avec l’armée.
Et j’ai expliqué aux forces politiques civiles, que sans l’armée, vous n’irez nulle part. Sans l’armée, vous allez marcher ici pendant des mois ; certains allaient se décourager, on allait corrompre d’autres, on allait les frapper. Donc, le rôle de l’armée, ce n’est pas de parachever seulement, les militaires ne parlent pas, mais ils observent. Ils ont évité le désordre dans notre pays.
Mais cela ne doit pas faire oublier le rôle des forces politiques et sociales.
Les gens qui se lèvent maintenant, je vois dans les réseaux partout : aah, c’est nous la transition. Ceux que j’appelle les faux amis de la transition. Je demande à tous les Maliens qu’on fasse l’union sacrée autour de nos autorités pour conduire cette transition.
Mais tous ceux qui veulent nous mettre les bâtons dans les roues, nous n’allons jamais accepter.
C’est ce que j’appelle la clarification. C’est le temps de la clarification maintenant, on ne peut plus continuer.
Parce que, vous savez, la parole est donnée aux politiques pour deux raisons. Il y en a qui parlent pour vous expliquer ce qu’ils veulent ; mais il y en a qui parlent pour vous cacher leurs vraies intentions.
Vous savez qu’au Mali, il y a des groupes, des gens qui sont devenus célèbres parce qu’ils sont dans les radios et dans les médias. Ils parlent, ils sont devenus de grandes personnalités. Ils ne travaillent pas. Ils ne font rien, mais ils ont tout, parce qu’ils agressent les gens verbalement. Ils insultent les personnes d’honneur.
Tout le monde a peur, ils deviennent des célébrités. Ce n’est pas des gens qui veulent le changement.
‘’Le Mali n’acceptera pas…’’
Le Mali n’acceptera pas que ceux qui ne sont pas pour le changement lui disent là où il doit aller. On ne l’acceptera pas. C’est comme ces Etats qui veulent nous vassaliser. Nous leur avons dit, laissez-nous en paix. Nous ne nous mêlons des affaires d’aucun pays. Mais, ne vous mêlez pas de nos affaires. Nous ne serions l’Etat vassal de personne.
Je vois des Maliens qui viennent dire que l’armée seulement ne suffit pas, il faut négocier. Mais qui a dit le contraire. Mais, on a fait ça pendant 30 ans. Montrez-moi un seul de ces grands pays qui a passé son temps dans les discussions ?
Avec le terrorisme, on se bat contre lui, on l’écrase et en ce moment on négocie. Un Etat qui va dans des négociations sans rapport des forces, on lui impose ce qu’on veut. C’est ce qu’on nous a fait ici.
Ceux qui sont en train de chanter pour négocier avec les terroristes, on ne négociera pas avec les terroristes. Les terroristes, il faut les combattre. Et ceux qui sont des Maliens, s’ils sont d’accord, qu’ils reviennent, on discute. Tout le monde peut faire l’erreur dans la vie. Si vous reconnaissez que vous avez fait des erreurs, le peuple malien est capable de tourner la page.
Mais vous ne venez pas dire aux Maliens, il faut qu’on négocie. Quelqu’un qui prend les armes pour te tuer, pour te chasser de ton pays, tu vas négocier quoi avec lui ?
Donc, je veux dire à tous ceux qui nous chantent ces chansons-là que nous comprenons très bien là où ils veulent aller. Ils chantent à droite, en réalité leur intention est de virer à gauche. Mais, on va tout droit. Donc, il faut qu’ils se méfient.
On ne va pas nous embrouiller avec des discours des gens qui sautent d’un régime à l’autre ; des gens qui se sont battus contre le changement, qui changent de vestes aujourd’hui.
Au lieu de venir qu’on collabore pour faire avancer le pays, ils viennent dire non, non, non ; il faut venir nous suivre. Les Maliens ne vont pas vous suivre pour aller en arrière.
’’Les Maliens doivent être unis’’
C’est cette phase de la clarification, je voudrais que la haute administration, vous la comprenez très bien. On est à la phase de la clarification.
Les Maliens doivent être unis autour des intérêts supérieurs du Mali. Ce n’est pas pour faire valoir les discours qui nous viennent de l’étranger. Les droits de l’homme, qui a dit qu’on ne veut pas les droits de l’homme ?
On veut que notre pays avance. Il y a certains, même suite aux inondations, qui sont en train d’envahir tout le Sahel. Ils disent que c’est Assimi Goita. Les inondations aussi, c’est lui.
Mais comment on sait que ça fait mal. Vous savez qu’une personne qui a faim, ne peut pas comprendre qu’il n’y a pas à manger.
Quelqu’un qui a sa maison inondée, quand tu vas lui dire, mais c’est Assimi qui n’a rien fait, c’est pourquoi tu es dans l’eau, il se fâche aussi.
Il y a des discours spéciaux aujourd’hui qu’on est en train de diffuser pour décourager les Maliens. L’objectif c’est de faire de nous les derniers. On était les premiers dans le changement. Il y a des gens qui travaillent pour qu’on soit les derniers, cela n’arrivera pas. Nous allons redoubler de vigilance et avoir une grande capacité de discernement. Les discours spéciaux de personne ne vont pas nous amener là où on ne doit pas aller.
On va là où le peuple malien veut qu’on aille. Et la haute administration, c’est vous qui constituez l’élite.
Il est important que vous compreniez les vrais enjeux politiques, historiques. Il y a un proverbe Bambara qui dit que vous ne pouvez pas traverser un marigot où il y a des caïmans avec le courage d’autrui. Vous ne pouvez pas le traverser avec le courage d’autrui.
Ces faux soutiens de la transition, dès que ça chauffe, ils vont courir pour aller derrière.
Les vrais acteurs de la transition sont rentrés dans l’eau quand il y avait des caïmans dans le marigot. Ils ont traversé.
Maintenant, ce sont les faux soutiens qui viennent faire des tambours.
J’ai vu même des gens qui sont venus donner des leçons ici à la transition qui s’est battue jusqu’au sang.
Que les gens aient la modestie de laisser les forces du changement conduire le Mali là où il faut.
Le jour où les Maliens ne veulent pas, ils vont les renvoyer. Mais venir faire des pressions, des manipulations pour amener les gens à abdiquer, ça n’arrivera pas. Nous allons plier, mais nous n’allons jamais rompre. Il faut que ça soit très clair.
’’L’armée va gagner’’
Les terroristes, personne ne va amener à négocier avec eux.
L’armée aujourd’hui est en train de les bouter. Mais quand notre armée perd des batailles, il y en a qui en font un scandale.
Mais, dans quelle guerre on ne perd pas de batailles.
Notre armée perd des batailles, mais elle va gagner la guerre.
Parce que son combat est juste, parce que nos dirigeants militaires, les chefs militaires, ont redonné confiance ; parce que nos soldats ne reculent devant rien.
Abraham Lincoln a dit qu’on peut tromper une partie du peuple tout le temps, on peut tromper tout le peuple une partie du temps, mais nous tromper tous en même temps ; personne ne va réussir ça ici.
N’importe quelle personne qui se met contre cette transition sera punie par Dieu. Je suis profondément convaincu de cela.
Et je voudrais que vous soyez convaincu de cela. Tout ce travail qui est en train d’être abattu sous la transition, c’est grâce à vous.
Parce que les chefs ne peuvent rien faire si ce n’est pas vous. Il faut ça pour qu’on ne soit pas comme des gens qui transpirent sous la pluie.
Je voudrais vous saluer pour votre mobilisation pour votre patience, pour votre capacité d’écoute et dire à nos experts que nous sommes fiers de vous.
Réécrivez la vraie histoire du Mali, ce qu’on nous a enseigné là, c’est ce que les autres ont écrit. Quand vous parlez à un enfant, il va vous parler de la Révolution française de 1789, de l’air industriel à Londres en Angleterre. Mais, il ne connaît rien de chez lui.
Le programme national d’éducation aux valeurs doit être un bréviaire pour tous les cadres supérieurs de notre pays.
Il faut lire, relire et le relire, le comprendre, l’avoir sur vos tables comme un livre de chevet.
Parce que le président et le gouvernement, qui travaille sous sa conduite, sont dédiés à faire le Mali-Kura, mais le Mali-Kura ne peut pas se faire sans l’apport de tous les Maliens.
Mais que tout le monde soit de bonne foi. Et il ne peut pas réussir sans votre apport, parce que l’administration, c’est vous, c’est vous qui êtes dans la locomotive.
Donc, faites-la marcher, tenez bien le guidon et le Mali va arriver à bon port inchallah merci.
Transcription libre Info-Matin