Cet antipaludique n’est plus vendu que sous forme de dérivés. C’est un médicament à absorption rapide qui peut étre hautement toxique. Il est contre-indiqué en association avec plusieurs médicaments
Depuis que Pr Didier Raoult, spécialiste en infectiologie et microbiologie exerçant en France, a affirmé tester efficacement de la chloroquine sur des patients atteints de coronavirus, il y a eu un regain d’intérêt pour cet antipaludique dans tous les pays africains ou presque. Cette vieille molécule utilisée dans la lutte contre le paludisme depuis des lustres a été simplement retirée, dans notre pays en 2006, de l’arsenal thérapeutique contre la malaria du fait de la résistance. Mais avec l’espoir suscité par la chloroquine, dans la prise en charge du conoravirus ces derniers temps, nos compatriotes se bousculent aux portillons des officines pharmaceutiques pour se procurer cette molécule. Certains y voient une panacée et n’hésitent pas à faire de l’automédication. Loin de nous, l’idée d’engager une polémique stérile sur l’efficacité ou pas de la chloroquine. Ce débat se mène à d’autres niveaux avec des arguments scientifiques pour et contre. D’ailleurs, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) n’a pas homologué la thèse soutenue sur l’efficacité de la chloroquine dans la prise en charge du Covid-19. Mais la question qui vaille d’être posée, aujourd’hui, est de savoir si dans la situation actuelle de la pandémie du coronavirus, l’automédication de nos compatriotes ne va pas compliquer les choses. En tout cas, les médecins et les pharmaciens admettent qu’il y a des risques réels pour ceux qui font de l’automédication avec la chloroquine. Pour avoir le cœur net, nous avons approché, Dr Keïta Sina Maïga, à l’officine du Point G, sise au Centre hospitalo-universitaire (CHU) du Point G, où des patients Covid-19 positifs sont traités dans le service des maladies infectieuses, pour éclairer la lanterne de nos compatriotes sur la question. Cette scientifique de l’officine du Point G est dans son élément parce que le médicament relève bien de la science du pharmacien. Elle aborde la thématique avec une logique cartésienne et explique surtout que «la chloroquine est contre-indiquée en association avec plusieurs médicaments».
Poussant l’analyse un peu plus loin, la pharmacienne d’officine relève que la prise de chloroquine doit être surveillée chez certains malades, notamment ceux qui ont une insuffisance hépatique, rénale ou une maladie de la rétine. Elle soutient avec un argumentaire solide et énonce le casse-tête des effets secondaires dans la prise de chloroquine.
Elle explique que la prise de la chloroquine peut engendrer de l’étourdissement, des nausées, des vomissements, une crise d’urticaire (démangeaisons intenses), des atteintes visuelles après un long traitement, des atteintes auditives et des réactions allergiques. à doses élevées, elle peut provoquer des atteintes cardiovasculaires, notamment un trouble du rythme cardiaque avec plus de 20 comprimés en une prise. C’est une substance qui peut causer la mort, d’où l’absolue nécessité d’éviter l’automédication. Par ailleurs, Dr Keïta Sina Maïga apporte une nuance. La nivaquine (nom de spécialité) ou chloroquine (DCI : dénomination commune internationale) est la sulfate chloroquine.
Elle n’est plus vendue comme telle dans notre pays depuis qu’elle a été retirée. C’est une molécule qui fait partie de la liste II, c’est-à-dire des médicaments à délivrer sur ordonnance. Il faut simplement comprendre par là qu’elle peut être dangereuse pour la santé sans prescription médicale. «Absorption rapide et hautement toxique. C’est un antipaludique de synthèse de la famille des AMINO-4-quineléines à action schizonticide sur les formes érythrocitaires des plasmodium», explique la pharmacienne qui sait de quoi elle parle.
Le disciple de Galien explique qu’il y a une rupture de cette molécule liée à la forte demande. Dr Keïta Sina Maïga s’empresse de rappeler l’urgence et la nécessité de se mettre en mode prévention, en observant les gestes barrières et les règles d’hygiène dans un contexte d’épidémie du coronavirus (puisque notre pays a enregistré des cas confirmés positifs). à ce titre, elle rappelle la désinfection régulière des poignées des portes et des comptoirs de la pharmacie (l’officine du Point G prêche par l’exemple). Il faut observer aussi le lavage des mains au savon, l’application du gel hydro alcoolique sur les mains, la distanciation et le fait de tousser ou d’éternuer dans un mouchoir ou dans le pli du coude. Il faut surtout éviter tout déplacement inutile et se faire consulter en cas d’apparition des symptômes du Covid-19 (fièvre, toux, mal de gorge, courbature, diarrhée et difficultés respiratoires dans certains cas).
Bréhima DOUMBIA
Source : L’ESSOR