« Je vote pour un candidat, j’ai un choix, mais, c’est mon choix », a affirmé Cheick Chérif Madani Haidara, le leader des Ançars que nous avons rencontré à son domicile. Comme jamais, Haidara explique sa perception du rôle du guide religieux et jette un regard sur notre échiquier politique, de même que sur l’actualité nationale.
Haidara, natif de Tamani, dans la région de Ségou, a quitté l’école classique très tôt, pour apprendre le Coran à Ségou et dans d’autres localités du Mali auprès d’érudits.
Son dernier maître s’installera à Sogoninko, ce qui l’amènera à Bamako. « Un jour, j’ai été invité par une de mes sœurs à Mopti pour animer des prêches. Au fur et à mesure de ces séances de prêches, il y avait tellement de monde que finalement, j’ai été suspendu et interdit de prêche à Mopti. Je suis donc retourné à Bamako pour chercher auprès de l’administration territoriale une autorisation de prêcher à Mopti. En entendant de trouver cette autorisation, j’ai été invité à animer des séances à Bamako. Au bout d’un moment, j’ai été encore interdit de prêche à Bamako. Je suis parti à Sikasso. Déjà, un vivier s’était formé face à ces sanctions qui me frappaient, des fidèles se sont regroupés, pour créer une association de défense de Haidara. Je leur ai dit que je ne suis pas à défendre, mais la foi et la religion. Ainsi, est née Ançars. Pendant que je ne pouvais plus prêcher, ils ont payé ma location, mes factures ».
Ançars grandira pour devenir une des plus grandes organisations de charité au Mali, intervenant dans tous les domaines. Ainsi, Ançars a construit un grand Centre de santé à Banconi, le quartier de Haidara, des écoles, des forages, des dons de vivres et de vêtements aux réfugiés… « Aujourd’hui, les Ançars travaillent à construire une usine de production de concentré de tomate, pour donner du travail aux chômeurs d’entre eux ».
Haidara soutiendra-t-il un candidat, va-t-il donner des consignes de vote ? « Ce n’est pas mon rôle. Ce qui est sûr, je vais voter. J’ai ma carte. J’ai également un choix. Je vais voter pour quelqu’un. Mais, je ne n’appellerai pas publiquement à voter pour un candidat ou un autre. Personnellement, je ne l’ai jamais fait. Il est arrivé que nous soutenons IBK, à la demande de mon aîné Mahmoud Dicko, le président du Haut-conseil islamique ».
Cependant, il ne tari pas d’éloges sur Soumaila Cissé. A chaque fois que nous avons eu besoin de lui, il n’a jamais délégué quelqu’un. Il est venu lui-même.
A propos de la crise qui traverse notre pays, le conflit inter communautaire, Haidara le déplore, mais, il affirme qu’il n’est pas resté un spectateur : « J’ai reçu des leaders peuls et Dogon, pour leur demander ce que nous pouvons faire. Il est sotie l’idée d’un forum. Nous avons continué les discussions pour finalement élargir le forum même aux ressortissants du nord et aux politiques. Les Ançars ont financé une partie et une autre a été financée par l’Etat. Nous avons tenu ce forum au mois de mai et remis les conclusions au président de la République et au chef de file de l’opposition. Je pense que tout le monde doit s’investir pour circonscrire les crises que nous connaissons et qui ne sont pas notre identité. Il y a juste que pour leurs intérêts personnels, certains sont prêts à brûler le Mali ».
Propos recueillis par
Alexis Kalambry
Les echos