Le Plan d’Action du Gouvernement (Pag) de Choguel Kokalla Maïga a reçu le quitus des membres du Conseil national de la Transition le lundi 2 août par 102 voix pour, 2 contre et 9 abstentions. Cependant, la mobilisation de l’enveloppe, 2 050 milliards de F CFA, qui atteint presque les recettes totales du budget d’Etat 2021, est jugée irréalisable selon certains observateurs. L’émergence malienne Cheickna Bounajim Cissé, économiste, porte son analyse sur la question.
Mali tribune : 2 050 milliards de F CFA. L’enveloppe du Pag adoptée par le CNT est jugée ”coûteuse et trop ambitieuse’’ par beaucoup de Maliens. Partagez-vous le même avis ?
Cheickna Bounajim Cissé : Personnellement, le montant me paraît modeste. Étalé sur deux exercices budgétaires (2021-2022), le Plan d’Action du Gouvernement (Pag) ne représente que 20 % du PIB annuel du Mali. Pour un pays en guerre confronté à de multiples défis, le coût annoncé du Pag me semble raisonnable, à la limite prudent.
Mali tribune : Devant les membres du CNT, le Premier ministre a informé que la majeure partie de ce programme sera financé sur le fonds du budget national. Avec une économie étouffée par la crise économique et sanitaire, est-ce que les autorités de la transition pourront, en quelques mois, mobiliser cette enveloppe ?
C B. C. : A ce sujet, le Premier ministre a été très clair. Il a déclaré devant le Conseil national de la Transition avoir interrogé à plusieurs reprises le ministre chargé des Finances et les techniciens qui lui ont confirmé le bien-fondé de cette enveloppe et de l’existence des ressources pour son financement. Dès lors se posent plusieurs questions.
Il s’agit notamment des dépenses prévues dans le Pag. Sont-elles déjà celles qui sont prévues dans les exercices 2021 (2 800 milliards F CFA) et 2022 du budget d’Etat ? Sinon, quelle est la part des dépenses du Pag qui sont pour le moment extrabudgétaires ?
Dans ce cas, un collectif budgétaire serait bientôt nécessaire pour les intégrer dans le budget d’Etat (Loi des finances rectificative 2021). Pour le budget 2022, l’exercice est plus aisé puisqu’il est en cours de préparation.
La deuxième série de questions est liée au niveau du déficit budgétaire que le Pag va engendrer. Serait-il compatible avec les dispositions du programme avec le FMI et du Pacte de convergence de l’Uémoa ? On sait que la crise sanitaire et les dépenses induites ont fait sauter le 27 avril 2020 le verrou de 3 % du PIB autorisé pour le déficit budgétaire.
Mali Tribune : Qu’est-ce qui explique la résilience de l’économie malienne ?
C B. C. : La relative résilience de l’économie malienne s’explique par la situation géographique des zones de production (minières à l’ouest et au sud, rizicoles et vivrières au sud et au centre) éloignées de l’épicentre des zones de conflit. Ce qui expliquerait, selon les dernières prévisions du FMI, qu’après la récession de 2020 (-2 %), la reprise de la croissance économique est attendue dès 2021 (+4 %) et avec un effet de rattrapage en 2022 (+6 %).
Recueillis par
Kadiatou Mouyi Doumbia
Source: Mali Tribune