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CHEICK OUMAR SOUMANO, PRESIDENT DE L’OJP « IL N’Y A PAS DE CONCURRENCE POSSIBLE ENTRE L’OJP ET LE CNPM »

Mise sur les fonts baptismaux en 2017 à la faveur de la première édition du Forum économique des jeunes, l’Organisation des Jeunes patrons du Mali traine déjà, dans son berceau, beaucoup de préjugés. Pour certains, c’est une organisation de trop. Pour d’autres, une organisation qui ambitionne de concurrencer le Conseil national du Patronat du Mali (CNPM). Pour aider nos fidèles lecteurs à avoir une idée claire sur les ambitions de cette jeune organisation de jeunes entrepreneurs, nous avons rencontré son premier responsable, Cheick Oumar Soumano. Entretien exclusif !

 

 Les Echos : Qu’est-ce qui motive la création d’une telle organisation accueillie par certains comme étant une autre faitière de trop ?

COS : L’OJP est une réponse à toutes les difficultés qui entravent la politique de la promotion de l’entreprenariat des jeunes, une question qui revient régulièrement dans les discours des plus hautes autorités maliennes. La question de la promotion de l’entreprenariat fait, aujourd’hui, ressortir un problème de réseautage qui fait que les jeunes ne bénéficient pas de conseils et de soutiens suffisants. C’est lors du forum tenu sur ces difficultés que tous les participants ont émis le vœu de la création de l’Organisation des Jeunes patrons du Mali pour défendre les intérêts matériels et moraux des jeunes entrepreneurs maliens, mais aussi servir d’intermédiaire entre les partenaires au rang desquels figure l’Etat et les jeunes entrepreneurs. L’objectif est de faire en sorte que les préoccupations des jeunes entrepreneurs soient solutionnées à travers leurs propres propositions.

Les Echos : L’OJP est une réponse au problème de réseautage qui fait que les jeunes ne bénéficient pas de conseils et de soutiens suffisants, avez-vous dit pour justifier sa création. Doit-on comprendre de cette phrase que les jeunes entrepreneurs subissent, aujourd’hui, une marginalisation au sein du Conseil national du Patronat du Mali ?

COS : Pas du tout ! Pour preuve, beaucoup de jeunes entrepreneurs militent, aujourd’hui, au sein du Conseil national du Patronat du Mali et y occupent même des postes stratégiques. En plus de cela, je vous rassure que les responsables de l’OJP entretiennent, à ce jour, de très bonnes relations avec ceux du Conseil national du Patronat du Mali que nous considérons même comme étant nos parrains car, ils ont plus d’expérience. Il n’y a rien à dire à ce niveau. Mais, ce que les gens doivent comprendre est le fait que l’OJP s’intéresse, uniquement, aux entrepreneurs qui sont dans la fourchette de 40 ans. Vu qu’au Conseil national du Patronat du Mali, c’est vraiment de l’expérience et à partir du constat que jusqu’à 40 ans les jeunes entrepreneurs ont du mal à trouver leur voie, c’est difficile pour beaucoup d’entre eux de se faire entendre dans la cour des grands. Alors, c’est pour dire que s’il y a une marginalisation c’est dû au manque d’expérience des jeunes entrepreneurs eux-mêmes. Ce n’est nullement la faute du Conseil national du Patronat du Mali. Encore, une fois, le conseil national du Patronat du Mali est très ouvert. C’est pourquoi, j’insiste, et c’est important de le faire, sur le fait que l’OJP n’est pas une organisation concurrentielle, ni avec la Conseil national du Patronat malien, ni avec d’autres organisations faitières de ce genre. Il n’y a pas de concurrence possible. Mais l’OJP n’est pas, non plus, une organisation de trop. Notre mission est aussi d’aider les jeunes à être de très grands patrons. Nos membres sont, généralement, des jeunes entrepreneurs qui ont déjà beaucoup de difficultés pour développer leurs entreprises. Et s’il faut qu’ils aillent dans les grandes organisations, comme le CNPM, pour gérer d’autres choses qui ne sont pas, forcément, capables de leur procurer directement de l’argent, c’est compliqué, parce que là-bas, c’est les grandes questions qui sont débattues. C’est une belle expérience pour les jeunes entrepreneurs, c’est pourquoi l’OJP intervient comme étant leur incubateur afin de les préparer à aller vers le CNPM.

Les Echos : Alors, dites-nous concrètement ce qui justifie, à ce jour, cette bonne relation entre l’OJP et le CNPM?

COS : Nous avons de très de très bonnes relations avec le CNPMLa preuve est, qu’à chaque fois que nous voulons entreprendre une activité quelconque, nous prenons conseils auprès du CNPM. Ses responsables sont plus expérimentés. Nos rapports avec le CNMP sont des rapports de collaboration parfaite.

Les Echos : Quelles sont les réalisations phares de l’Organisation des Jeunes patrons, de sa création à ce jour ?

COS : Nous sommes une jeune organisation, mais nous avons déjà fait beaucoup de choses. Nous avons réussi à instituer le forum économique des jeunes entrepreneurs. Nous sommes, pratiquement, la seule organisation dans notre domaine, à organiser annuellement un forum. La première édition a donné naissance à l’OJP, la seconde a porté sur l’entreprenariat féminin, la troisième sur l’agrobusiness et les Tics et la quatrième, qui va se tenir l’année prochaine, va porter sur l’entreprenariat dans le milieu universitaire. Nous sommes actuellement entrain de démarcher des partenaires pour nous aider à primer les meilleurs. La deuxième chose que nous avons réussi à instituer est un projet qui s’appelle rebond gagnant. Ce projet s’intéresse à tous les jeunes qui ont plusieurs fois tenté de créer une entreprise mais qui ont échoué. L’OJP essaie de leur apporter un appui afin qu’ils puissent réussir à réaliser leurs rêves. Au-delà, à la veille de la campagne présidentielle de 2018, l’OJP a pu recevoir huit candidats sur les vingt-quatre, pour échanger sur les préoccupations et les attentes des jeunes entrepreneurs. Lorsque le Président IBK a été réélu, nous avons d’abord fait une restitution des échanges que nous avons eu avec les huit candidats rencontrés. La synthèse de cette restitution a été envoyée au Président IBK. Ce document contient des contributions et des doléances qui, à notre point de vue, peuvent servir à développer le secteur de l’entreprenariat malien. Nous avons, également, réussi à instituer la clinique entreprise. Le projet s’est inspiré du constat selon lequel les 80% des jeunes entreprises meurent à leur deuxième ou troisième anniversaire. Ce projet offre un cadre d’appui mutuel entre les membres de l’organisation qui ont des compétences dans tous les domaines d’activités professionnelles. Nous allons aussi bientôt mettre en place le répertoire des jeunes entrepreneurs maliens. Cela est d’autant plus important qu’au Mali, aujourd’hui, les gens n’ont pas une idée exacte du nombre d’entreprises existantes. Nous avons aussi l’ambition d’internationaliser le forum économique des jeunes. Cela a commencé avec l’édition de cette année mais de façon un peu timide. Nous voulons faire venir des entrepreneurs de la France, du Canada, des Etats-Unis. Des démarches ont été entamées dans ce sens.

Les Echos : Quelles sont les difficultés auxquelles est confrontée la jeune organisation ?  

COS : La première difficulté que l’OJP a, aujourd’hui, est la difficulté à atteindre certains de son public cible, dans les coins les plus reculés du Mali. Certains jeunes entrepreneurs maliens dans certaines zones ont du mal à participer à notre forum annuel. En plus, nous voulons être associés à certaines activités phares du gouvernement même. On se réjouit déjà que cela ait commencé. Pour preuve, nous travaillons déjà avec le ministre en charge de la Jeunesse, celui de la Promotion de la Femme et de l’Investissement privé. Nous voulons aussi avoir une place dans certains comités de pilotage qui œuvrent pour l’entreprenariat des jeunes.  Nous avons entamé les échanges avec les centrales syndicales qui avancent honorablement.

Je lance un appel à tous les jeunes entrepreneurs maliens à venir s’associer à nous.

Propos recueillis par

Youssouf Z Kéita

Source : Les échos

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