Le 1er juillet 2024, les Maliens ont appris, à travers la télévision nationale, un décret n°384 PT-RM du 28 Juin 2024 portant création de la commission chargée de l’élaboration de l’avant-projet de la Charte nationale pour la Paix et la Réconciliation au Mali. Sauf que cette initiative du chef de l’État, le colonel Assimi Goïta, n’a rien de nouveau. En 2017, une Charte pour la paix a été élaborée et remise au président de la République d’alors, feu Ibrahim Boubacar Keita, mais qui n’a jamais été mise en œuvre.
Le président de la Transition, le colonel Assimi Goïta, a créé la Commission de rédaction de l’avant-projet de la Charte nationale pour la Paix et la Réconciliation nationale. C’est ce que l’on apprend d’un décret n°384 PT-RM du 28 Juin 2024. Ledit décret précise que la commission sera chargée d’élaborer l’avant-projet de texte de la Charte devant constituer le document de référence pour toutes initiatives, actions et activités qui concourent à la sécurité, à la paix, à la réconciliation nationale, à la cohésion sociale et au vivre-ensemble.
Sauf que cette initiative a déjà eu lieu au Mali sous le président feu Ibrahim Boubacar Keïta en 2017. Il s’agissait de la « Charte pour la paix, l’unité et la réconciliation nationale », dont tous les travaux ont été dirigés par Baba Hakib Haïdara, médiateur de la République en son temps. Ce document de soixante pages, dont le contenu n’a pas été suffisamment disséminé aux Maliens, a été présenté comme le fruit de la conférence d’entente nationale qui s’est tenue à Bamako du 27 mars au 3 avril 2017.
Pour certains observateurs, ce décret pose au moins 02 problèmes majeurs. D’abord, il existe déjà une Charte pour la paix l’unité et la réconciliation nationale, qui date de huit ans exactement, et qui, malheureusement, n’a jamais été mise en œuvre comme c’est courant au Mali. Sachant bien que la problématique de la paix et de la réconciliation n’a pas connu de grandes évolutions dans notre pays, et qu’une première Charte souffre toujours dans les archives, l’on s’interroge sur la nécessité réelle ou la portée de cette nouvelle Charte nationale pour la Paix et la Réconciliation.
Deuxièmement, l’élaboration d’une nouvelle Charte est synonyme de l’allocation de nouveau budget. En cette période très critique pour l’économie nationale, qu’elle est l’opportunité de créer une autre poche de dépenses pour l’élaboration d’un document qui a déjà existé et dont la mise en œuvre a connu d’énormes difficultés.
En attendant de voir clair les choses, l’on a le droit de se poser des questions sur les réelles motivations de la création de cette nouvelle commission.
Amadou Kodio
Source : Ziré