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Charlotte Bennborn, CICR : “La protection de la mission médicale est une question de vie ou de mort”

Quand le conflit éclate, la violence perturbe la fourniture des soins médicaux alors que le besoin des populations d’accéder à des services de santé est crucial. Il est essentiel que les blessés et malades puissent accéder à des soins en toute sécurité. Pour qu’il en soit ainsi, les personnels de santé et les structures de santé doivent être respectés et protégés. La violence contre la mission médicale est l’un des plus grands défis humanitaires qui malheureusement passe souvent inaperçu. Charlotte Bennborn, coordonnatrice adjointe en charge de la protection de la population civile, nous éclaire sur l’initiative de protection de la mission médicale du CICR.

 

Mali-Tribune : Que faut-il comprendre par l’expression “protection de la mission médicale” ?

Charlotte Bennborn : Dans des zones de conflit ou de violence, l’accès aux soins de santé par les blessés et les malades devient typiquement plus difficile. En temps de conflit, il est inévitable qu’il y ait des blessés et malades et il devient impératif de pouvoir continuer de dispenser des soins de santé de qualité, alors même que les besoins sanitaires sont les plus criants. La possibilité d’avoir accès aux soins de santé dans la sécurité a toujours été une priorité centrale pour le mandat de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

Il y a plus de 160 ans, Henry Dunant, le fondateur du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, avait déjà à cœur de garantir des soins médicaux neutres et impartiaux pour les malades et les combattants blessés. Partant des défis observés à travers le monde, le Mouvement a lancé en 2015, une campagne globale appelée “Soins de santé en danger” afin de veiller à ce que la mission médicale soit respectée et protégée en toutes circonstances.

La protection de la mission médicale vise ainsi à rendre plus sûre, la fourniture de soins de santé et l’accès aux soins dans les conflits armés et les autres situations de violence. Son but est de promouvoir le respect et la protection des personnels de santé, des blessés et des malades, des structures médicales et des véhicules sanitaires

Mali-Tribune : Y a-t-il un cadre juridique qui protège les soins de santé dans les situations de conflit armé et autres situations de violence ?

C  B. : Les conséquences que les attaques et les menaces peuvent avoir sur les populations civiles et les systèmes de santé sont désastreuses. Le droit international humanitaire (DIH) établit des règles visant à protéger l’accès aux soins de santé en temps de conflit armé. En vertu du DIH, les établissements de santé ne doivent pas être l’objet d’attaques. Cette protection s’applique aussi aux blessés et aux malades, ainsi qu’aux personnels de santé et aux moyens de transport sanitaires.

 Mali-Tribune : Quelles peuvent être les différentes formes de violence contre la mission médicale ?

C B. : La violence contre la mission médicale peut prendre différentes formes et affecter le personnel de santé, les véhicules médicaux, les établissements de santé et les patients. A titre d’exemples : le personnel de santé peut parfois être menacé ou intimidé ; dans certains cas, l’intégrité physique ou la vie des soignants peut aussi être atteinte ; les véhicules médicaux peuvent être attaqués ou volés ; les établissements de santé peuvent subir des bombardements ou des tirs, être pillés ou encore être investis par des combattants ; les blessés et les malades peuvent ne pas pouvoir accéder aux centres de santé en raison de l’insécurité qui prévaut sur la route.

Mali-Tribune : Quelles sont les répercussions/les conséquences de la violence contre la mission médicale ?

C B. : L’atteinte à la mission médicale a un effet multiplicateur sur les conséquences déjà subies par les populations civiles. Elle peut perturber le système de santé lorsque les gens en ont le plus besoin. Des personnes blessées ou malades, qui pourraient être soignées, meurent parce qu’elles ne reçoivent pas les soins médicaux à temps.

Des communautés entières sont parfois coupées des services vitaux, tels que les soins de maternité, les soins pédiatriques et les vaccinations. Parfois, la perturbation peut être si grave que tout le système s’effondre. Ceux qui souffrent de maladies bégnines, sans liens avec le conflit, n’ont alors plus accès aux traitements de routine qui leur permettaient de vivre normalement. Parfois, les effets du conflit sur les établissements médicaux sont indirects ; par exemple lorsque les réseaux d’eau et d’électricité ont été détruits, contraignant ainsi le bon fonctionnement de l’établissement. Il en est de même pour les difficultés d’acheminement de médicaments vers les centres de santé reculés dans les zones de conflit

Mali-Tribune : Au Mali, que fait le CICR en la matière ?

C B. : En collaboration avec les autorités, le CICR cherche à préserver l’accès aux soins en situation de conflit armé et de violence. Le CICR soutient les hôpitaux régionaux de Gao, Tombouctou et Mopti, les centres de santé de référence de Ménaka et Kidal ainsi qu’une vingtaine de centres de santé communautaires au centre et au nord du pays. Il apporte également un appui ad hoc d’urgence aux centres de santé communautaires particulièrement affectés par le conflit.

Au-delà de ce soutien direct, le CICR s’efforce de sensibiliser les autorités, les parties au conflit, la population et le personnel médical sur l’importance de faciliter un accès aux soins de santé pour tous en tout temps, et de protéger la mission et le personnel médical, ceci, à travers : des sensibilisations auprès de la population via des campagnes d’informations médiatiques ; l’organisation d’ateliers portant sur les droits et les obligations en la matière avec les autorités, la société civile, le personnel médical ; le soutien aux structures médicales pour aider leur personnel à renforcer sa capacité à se protéger de l’impact du conflit ; la promotion du respect des règles du DIH relatives à l’accès aux soins de santé et la protection de la mission médicale auprès des parties au conflit.

Source : CICR

Mali Tribune
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