La césarienne est une intervention chirurgicale délicate et coûteuse dont la décision est prise par le personnel de santé lorsque la vie de la mère ou de l’enfant est en jeu, lors de l’accouchement. N’étant pas accessible à la majorité des citoyens, et pour réduire le taux de mortalité néonatale, en 2005, le gouvernement malien a mis en place un système d’exemption de paiement pour les césariennes. Mais dans la pratique, de multiples incompréhensions sont constatées entre les agents de santé (sages-femmes) et les femmes en instance d’accouchement ou leurs accompagnants. D’où la question de savoir si la prise en charge de la césarienne est effective dans les centres de santé au Mali ?
Selon une étude de l’USAID, environ 25% des femmes qui accouchent par césarienne dans les services de santé publics, sont issues d’une catégorie socioéconomique basse.
Pour savoir davantage sur cette mesure qui fait l’objet de beaucoup de commentaires, nous avons jugé nécessaire d’approcher le Dr Touré qui a bien voulu répondre à nos questions.
« Oui, la prise en charge de la césarienne est effective au Mali depuis 2005, sous le régime d’Amadou Toumani Touré. Et depuis, sur toute l’étendue du territoire national, nous pratiquons la césarienne au frais des centres de santé. Mais comment ? Il faut le dire, la réalité est souvent difficile à cerner. Les hôpitaux et les centres de santé sont confrontés à certains problèmes que les patients et leurs accompagnants ont du mal à comprendre. Je prends l’exemple sur notre cas : l’acte aussi bien que la prise en charge sont gratuits, mais souvent l’hôpital tombe dans des soucis financiers qui font que la pharmacie manque de certains produits dont les médecins ont besoin pour l’opération et nous leur demandons de partir les chercher en ville dans les pharmacies privées, à leur frais bien sûr. Ce qui n’est pas compris par les patients. Mais ils doivent comprendre que nous médecins, nous ne sommes que des exécutants et tant que nous avons le nécessaire à porter de main, nous nous en servirons pour l’acte. Ce qui n’est pas tout le temps le cas, malheureusement » explique-t-il
Selon lui, dans cette histoire, le personnel est autant victime que le bénéficiaire de l’acte.
En réalité, souvent les autorités du Mali prennent des engagements politiques alors que les conditions techniques et financières ne sont pas réunies.
« Ce que la population oublie, c’est que ces décisions sont des conventions entre l’Etat et le personnel de santé. C’est n’est pas comme pensent beaucoup de personnes. Nous ne travaillons pas gratuitement, les césariennes que nous effectuons doivent être payées normalement, aussi bien que les kits et l’opération par l’Etat. Mais ce dernier n’honore pas souvent sa part du contrat. Parfois, nous pouvons faire une année ou plus sans toucher un centime pour ces opérations, mais pour ne pas rompre notre serment, nous continuons à prendre en charge l’acte. Cependant comme nous n’avons pas les moyens nécessaires pour payer de nos poches les kits, nous demandons aux malades d’assurer les frais d’ordonnance. Ce qui crée l’incompréhension. Et les personnes de mauvaise foi ou par ignorance, en ont profité pour dire que malgré la prise en charge de la césarienne par l’Etat, les médecins continuent à soutirer de l’argent. Alors qu’un médecin est censé sauver des vies et non le contraire », conclut notre interlocuteur.
ADAM DIALLO
Source: Bamakonews