Au Mali, le commerce est devenu une activité favorite et une alternative pour de nombreux élèves et étudiants. Ces derniers se voient contraints d’abandonner les bancs au profit de petits métiers.
De nombreux élèves et étudiants, au Mali, se tournent vers le commerce pour gagner leur vie et avoir une certaine indépendance financière. Poussés par des considérations socio-économiques, ils se libèrent de plus en plus des « chaînes » du système scolaire.
Nous sommes dans une société où, que l’on soit jeune ou adulte, les parents ont aussi une grande influence sur nos choix de vie. Ainsi, beaucoup d’entre eux prennent cette décision sous la pression familiale, souvent en pleine ascension scolaire. Si le temps finit par donner raison à certains, d’autres cependant regrettent à vie.
« Un fardeau »
Boubacar Sylla est l’un de ces nombreux élèves contraints d’abandonner l’école pour aider les parents. L’adolescent a décroché en classe de 11èmesciences pour gérer une des nombreuses boutiques de son papa : « Depuis que j’étais en classe de 9ème, mes parents ont sans cesse tenté de me pousser à abandonner l’école. ‘’Tu as déjà beaucoup étudié et tu perds du temps à vouloir continuer’’, me disaient-ils. »
C’est à un pas du baccalauréat que ses parents ont employé la méthode forte de menace de malédictions pour le pousser à se plier. «Dieu merci, je gagne bien ma vie aujourd’hui. Mais tout compte fait, je suis un demi analphabète. Et ça, je le regrette profondément. » Boubacar avoue qu’il aurait sans doute fini à la boutique, même une fois en possession d’un diplôme universitaire. Cependant, il aurait été fier d’avoir amassé une certaine quantité de savoirs. « Cela aurait été ma plus grande satisfaction », confie-t-il.
Le cas de Boubacar est un peu similaire à celui de Salia Cissoko, qui a décidé de son propre chef de quitter les bancs pour faire du commerce. Il possède aujourd’hui sa propre boutique de vêtements. « L’école était devenue un fardeau pour moi, car je ne voyais pas mon avenir en restant sur les bancs, dit-il. Y rester aurait été une perte de temps. »
Contraintes
Certains aussi abandonnent les bancs de l’école, non pas parce qu’ils ne pensent pas pouvoir y réussir, mais parce que les contraintes sont plus fortes que leur volonté d’y rester.
Saran Berthé est l’unique enfant de sa mère. Son père est décédé lorsqu’elle était en classe de 8ème. La seule porte de sortie pour Saran et sa maman était d’entreprendre le commerce avec l’héritage laissé par le père. C’est ainsi qu’elles ont ouvert une boutique de vente de condiments tout en évoluant dans la restauration. Aujourd’hui, chacune de ces activités fonctionne à merveille pour Saran et sa maman.
De modestes conditions de vie économiques poussent beaucoup de jeunes à suivre d’autres voies que celle de l’école pour réussir. Mohamed fait du porte-à-porte avec des chaînes et autres parures de femmes afin de venir en aide à ses parents. Après deux années d’études à l’université, il a abandonné « parce que l’école ne pouvait pas m’offrir mieux à l’époque ». Philosophe, il poursuit plus loin : « La vie, c’est aussi cela. Certains réussissent à l’école, d’autres doivent se frayer un chemin ailleurs. »
Coups de la vie
S’instruire, chercher du savoir, c’est le tout premier but de l’école. Ainsi, avec le savoir accumulé, l’on cherche à gagner sa vie et à s’offrir le luxe qu’on a toujours voulu. Les fruits des nombreuses années d’études sur des bancs de l’école ne se cueillent cependant presque jamais au moment voulu. Il faut assez de patience pour atteindre l’instant de bonheur, qui viendra tant qu’on développe certaines compétences. Mais les coups de la vie poussent souvent les plus résistants à chercher mieux et par d’autres moyens.
Il est vrai que beaucoup réussissent dans la vie grâce à l’école et d’autres échouent. Tout le monde ne peut pas réussir à travers le diplôme. Le commerce est devenu une alternative pour de nombreux scolarisés afin de gagner leur vie.
Source : Benbere