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Centre du Mali : La crainte d’une guerre intercommunautaire

Depuis plusieurs jours, des Peulhs et des Dogons se battent dans plusieurs villages de la région de Mopti, centre du Mali. Cette flambée de la violence intercommunautaire a fait plusieurs morts dans la région où la plupart des localités sont contrôlées par Amadou Kouffa et ses hommes. « L’amalgame » dans la lutte contre le terrorisme dans la région fait craindre le pire aujourd’hui au Mali.

Dans ce contexte, un appel à participer à une marche populaire le jeudi prochain à Bamako fait le tour des réseaux sociaux au Mali. L’objectif est, dit-on, de «dénoncer l’extermination en cours de la communauté peule par les milices pro-gouvernementales  et surtout leurs désarmement et  l’arrêt immédiat des hostilités dans le centre ».

Le vivre ensemble entre les différentes communautés dans le centre du pays est aujourd’hui en train de voler en éclats. Les conflits entre Peuls et Dogons se multiplient dans plusieurs localités de Djenné, Koro et Douentza. Le lundi 12 mars dernier, de violents combats  entre les Dozos( chasseurs traditionnels) et des éleveurs peuls à Kewa, cercle de Djenné, a fait  10 morts ( 8 Dozos et 2 éleveurs) et plusieurs blessés. « Le conflit entre les chasseurs Dogons et les Peuls s’est intensifié. Les associations des chasseurs Dogons sont apparemment en train de tuer n’importe quel Peul (djihadiste ou innocent) et le nombre de chasseurs Dogons qui les rejoignent augmentent. Durant les 7-10 derniers jours, les tueries se font quotidiennement. Les Peuls sont entrain de fuir Koro. Du côté des Peuls, ils tuent maintenant n’importe quel Dogon, qu’il soit ou non un chasseur impliqué dans le conflit, ou innocentet beaucoup de Peuls de Sevaré sont appelés en renfort. Il n’y a aucune intervention de l’armée ni des forces de maintien de la paix. Il semble vital qu’il y ait une aide avant que le conflit ne s’enlise et que les gens puissent oublier ce qui est en train d’arriver », note un expert sur la base d’un rapport de terrain.

Amalgame

Des associations de défense de droits humains et des associations peules pointent régulièrement un doigt accusateur sur l’armée malienne qui, selon elles, procèdent à des « exécutions sommaires » et des « arrestations arbitraires à caractère ethnique » lors de ses différentes opérations contre les djihadistes.

Dans la commune de Sokolo, région de Ségou, 7  civils ont été tués le 21 février dernier après avoir été arrêtés lors d’une opération militaire de l’armée malienne. Ce n’est qu’une semaine après, le 28 février, que  le gouvernement malien a reconnu, dans un communiqué,  la mort de civils et annoncé l’ouverture d’une enquête :”Des éléments des forces armées maliennes ont mené le 21 février 2018 des missions de reconnaissance et de fouilles dans la commune de Sokolo, au cours desquelles des personnes civiles ont malheureusement perdu la vie”, souligne le communiqué du gouvernement sans donner plus de précision.

Selon Sékou Bah, le secrétaire général de l’association Dental Wuwarbe et non moins maire de Nampala, il faut dénoncer les exactions. « Nous condamnons les exécutions sommaires des personnes civiles et exigeons qu’on nous dise le sort réservé aux autres personnes arrêtées et disparues (Niono, Dioura) , sans délai ». « Nous dénonçons la stigmatisation et disons halte à l’amalgame ».

Madiassa Kaba Diakité

Source: Le Républicain

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