Les violences se multiplient depuis deux ans dans le centre du Mali entre Peuls, traditionnellement éleveurs, et les ethnies bambara et dogon, pratiquant majoritairement l’agriculture.
“Au cours des huit derniers jours, 25 Peuls ont été tués par des chasseurs dogon qui ont des armes qu’on ne retrouve que dans le stock de l’armée régulière”, a déclaré à l’AFP Abdoul Aziz Diallo, président de l’association Tabital Pulaaku, qui regroupe les communautés peuls du Mali.
Aucun bilan officiel n’a été fourni par les autorités de Bamako, mais selon un élu du centre du Mali s’exprimant sous le couvert de l’anonymat, ces affrontements ont fait “des dizaines de morts de part et d’autre”.
“Les conflits sont vraiment meurtriers dans les cercles de Koro et de Bankass (centre). Les dozo (chasseurs traditionnels) ont des armes de guerre. C’est la chasse à l’homme contre les Peuls”, a déclaré cette source, disant craindre un “début de guerre intercommunautaire”.
Le gouvernement malien et le gouverneur de la région ont formellement démenti avoir fourni des armes aux groupes en conflit.
Mais “la situation est très complexe” et elle peut “prendre une tournure communautaire”, a reconnu mardi le ministre de la Sécurité, le général Salif Traoré.
“Quand les forces de sécurité (maliennes) se rendent sur le terrain, les gens armés cachent leurs armes, et quand les forces repartent, les gens ressortent leurs armes”, a-t-il expliqué lors d’une conférence de presse.
En 2017, des violences similaires avaient fait au moins une soixantaine de morts. Ces conflits, souvent liés à l’eau ou au foncier, sont attisés par l’apparition dans le centre du Mali en 2015 du groupe armé du prédicateur jihadiste peul Amadou Koufa, avec lequel les Peuls sont souvent soupçonnés de collusion.
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