Le 6 décembre, ce sont eux qui ont lancé l’opération française Sangaris en franchissant les premiers la frontière entre le Cameroun et la Centrafrique. Aujourd’hui, les hussards parachutistes restent à la pointe d’un dispositif qui s’étend progressivement en province.
Leur devise: “au delà du possible”. Leur mission: la reconnaissance, le renseignement et le contrôle de zone pour permettre à l’infanterie française et aux soldats de la force africaine Misca de se déployer.
Depuis le 12 février, les 150 soldats (dont trois femmes) du 3e escadron du 1er régiment de hussards parachutistes (RHP) de Tarbes, dans le sud-ouest de la France, appuyés par une section d’infanterie, ont pris position à Berbérati, deuxième ville de Centrafrique, située à 450 km à vol d’oiseau au sud-ouest de la capitale.
Occupée pendant des mois par les combattants à majorité musulmane de la Séléka, au pouvoir à Bangui de mars à janvier, Berbérati est tombée le 8 février sous la coupe de la milice d’autodéfense anti-balaka, composée de chrétiens ou animistes et aujourd’hui accusée d’atrocités à l’encontre des populations musulmanes.
Pendant quatre jours jusqu’à l’arrivée des militaires français, les anti-balaka y ont mené la chasse aux musulmans, pillant boutiques et domiciles et faisant de 10 à 15 morts, selon les sources.
Partis de Bangui le 9, les hommes du 1er RHP ont rejoint Bossemblé, Bossentélé et enfin, après 36 heures de piste, Berbérati. Une piste jamais reconnue, “difficile” pour leurs 35 véhicules blindés légers (VBL) et sur laquelle les camions transportant vivres, eau et carburant, n’ont pas pu suivre.
Dimanche, un C-130 s’est posé à Berbérati, avec à son bord du fret et le commandant de la force française Sangaris, le général Francisco Soriano, venu faire le point sur l’évolution de l’opération, menée en province par le Groupement tactique inter-armes (GTIA) Panthère dont les hussards parachutistes sont le fer de lance.
“L’action militaire à Bangui est terminée”, leur a-t-il dit, rappelant que la sécurisation de la capitale était désormais essentiellement aux mains de la force africaine Misca (5.500 hommes) avec le soutien du GTIA Amarante, deuxième composante de la force Sangaris.
Accélérer le déploiement
Six semaines après l’arrivée de 1.600 soldats français en Centrafrique, les unités de combat de Sangaris, initialement concentrées dans la capitale, sont aujourd’hui déployées “pour moitié à Bangui et pour moitié en province”, a-t-il dit.
“Il faut maintenant accélérer le déploiement vers l’ouest et le nord”, a souligné le général Soriano, rappelant que le président François Hollande venait d’annoncer le prochain envoi de 400 soldats français supplémentaires.
Ces renforts, a précisé le commandant de la force française, “viendront dans les prochains jours des forces prépositionnées au Tchad et à Djibouti avec des moyens aériens, notamment des hélicoptères, et terrestres. Il y a une course contre la montre à mener avant que la saison des pluies n’arrive” en avril.
“Nous devons maintenant concentrer nos efforts en particulier dans l’Ouest où, après le départ des Séléka, il y a eu des affrontements intercommunautaires. Il faut aussi sécuriser la route entre le Cameroun et Bangui qui permet l’approvisionnement de la capitale”, a-t-il dit.
“Il faut être très attentif à l’exode des populations musulmanes, pour des raisons humanitaires mais aussi parce qu’elles jouent un grand rôle dans le tissu économique”, a-t-il insisté.
Depuis leur arrivée à Berbérati, les militaires français ont multiplié les tâches: relevé topographiques, renseignement, démantèlement de checkpoints, désarmement…
“Nous n’avons essuyé qu’un seul tir de harcèlement, de nuit”, a observé le commandant Joseph, précisant qu’entre Bangui et Berbérati, ses hommes avaient saisi plus d’une centaine de fusils, un lance-roquette, d’innombrables machettes et des munitions de tous calibres.
Dimanche, une grenade a explosé en périphérie de la ville, blessant grièvement trois personnes. Le 1er RPH a été appelé sur place pour jouer les secouristes, comme souvent. “A Bangui, nous avons fait deux accouchements”, témoigne le lieutenant Ludivine.
Après quatre jours passés à Berbérati, le 1er RPH se prépare déjà pour sa prochaine destination, tenue secrète. La date de départ n’est pas fixée: “on doit vérifier si le calme est réel ou trompeur, explique le commandant Joseph. Si c’est compliqué, on reste”.
© 2014 AFP