Face à la passivité de l’Union européenne, l’Elysée a décidé de demander la création d’un fonds européen pour les opérations militaires. Le député UDI et ancien ministre de la Défense répond aux questions de 20 Minutes.
Que pensez-vous de l’idée de François Hollande de demander à l’Union européenne de créer un fonds pour financer les interventions d’urgence?
C’est une bonne idée. Mais la seule question à se poser est la réelle volonté européenne de s’engager dans sa zone de responsabilité. Et la réponse à cette question est malheureusement très compliquée car les Européens ont démissionné en ce qui concerne la défense commune. Il faut se la poser avant d’intervenir.
Vous semblez dire que François Hollande a décidé trop vite des interventions…
Je suis favorable à ces interventions. Mais je fais deux reproches. D’abord, il aurait fallu essayer de construire une démarche européenne. En 2008, lors des opérations dans le sud du Tchad ou au nord de la Centrafrique, nous avions estimé nécessaire un consensus européen. Là, nous nous engageons sans les Anglais, sans les Allemands. Au lieu de commencer par s’adresser aux Européens et de trouver une solution collective, nous y allons seuls. Ce n’est pas comme cela que ça devrait marcher. Deuxièmement, je reproche à Hollande de mentir aux Français sur le fait que l’intervention en Centrafrique ne va pas durer que six mois. Ce pays sera incapable de récupérer en quelques mois des institutions pérennes. Il serait idiot de payer le prix fort en y allant et de partir avant que le travail soit achevé.
Et pourquoi y êtes-vous favorable?
Parce que ces conflits ont des conséquences sur notre continent, rien qu’en termes d’immigration. Au Mali, il y a un risque que le pays tombe dans les mains des islamistes. En Centrafrique, il y a un risque de guerre civile. Nous avons intérêt à être présents dans cette région du monde. Nous pouvons encore avoir une carte à jouer dans ces convulsions africaines. Il serait dommage de laisser notre place.
Mais comment renforcer la coordination européenne en matière de défense?
De nombreux pays ont la volonté mais il manque les structures. Il faut travailler à la mise en place d’un état-major commun à Bruxelles qui permettrait de mettre en place puis de mener rapidement les opérations de ce genre. La difficulté est que les Anglais et les Allemands s’y refusent depuis toujours à cause de leur attachement à l’Otan.
Certains de la majorité veulent que l’Europe déduise ces dépenses militaires de notre calcul des 3% du déficit…
Je n’ai jamais adhéré à cette idée qui est une vieille rengaine, un serpent de mer. Demain, on devrait sortir aussi les dépenses réalisées contre le réchauffement climatique aussi? Si un pays est bien géré, il est capable d’assurer sa défense tout en garantissant son équilibre fiscal.
Source : 20 minutes