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Centrafrique: entrée triomphale de l’armée française à Bouar

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« Sauvez nous! »: l’armée française a fait une entrée triomphale samedi à Bouar, dans l’ouest de la Centrafrique, se déployant également en force à Bangui pour y prévenir de nouveaux massacres.

Venue par la route du Cameroun, une colonne blindée d’environ 200 soldats français a traversé la frontière à 7H15 locales et atteint dans la matinée la ville de Bouar (370 km au nord-ouest de Bangui), sous les applaudissements d’une foule en liesse saluant les « libérateurs ».

Massés sur le bord de la route, femmes et enfants sautaient de joie en dansant, ou feignaient de balayer la route avec des branches en signe de bienvenue sur le passage des Français.

Les hommes brandissaient le poing en signe de victoire et applaudissaient: « entrez comme chez vous! », lançait l’un d’entre eux. « Sauvez nous! on a trop souffert! », s’égosillait un autre, en référence aux exactions de l’ex-rébellion Séléka (au pouvoir) sur les populations locales.

Longtemps l’une des principales bases militaires françaises en Afrique, Bouar est un centre névralgique de l’ouest de la Centrafrique. La zone voisine la région de Bossangoa, théâtre ces dernières semaines de violences à grande échelle entre combattants Séléka (ex-rébellion aujourd’hui au pouvoir) et les populations locales, très majoritairement chrétiennes.

Dans la capitale Bangui, deux jours après les massacres qui ont ensanglanté la ville et fait près de 300 morts selon la Croix-Rouge locale, les militaires français quadrillaient samedi les principaux axes.

Blindés postés aux carrefours, patrouilles à pied, survol d’avions de chasse à basse altitude: après avoir été comme pris de court par les tueries de jeudi, les soldats français de l’opération « Sangaris » (du nom d’un papillion rouge local) ont montré leur force samedi.

Cadavres mutilés dans les rues

Dans le centre-cille, à quelques mètres d’un Véhicule de l’avant blindé (VAB), Adolphe, vendeur d’essence au litre, résumait: « Ca nous rassure de voir les Français. On attend la libération des Centrafricains ».

Les combattants de la Séléka, qui avaient reçu la veille l’ordre des autorités de rester dans leurs casernes, se sont contentés d’observer le déploiement des Français, impassibles et l’arme au pied.

Dans les quartiers, des cadavres gisent encore abandonnés. Débordés par l’ampleur de la tâche, les personnes de la Croix-rouge continuent de ramasser les corps sans vie et mutilés qui jonchent certaines rues, après les tueries massives de jeudi et les représailles qui ont suivi.

Au fil des heures, Bangui renaissait cependant à la vie après ces journées de terreur. Sur les boulevards, les petits commerces rouvraient sous leurs parasols multicolores, tandis qu’en l’absence de taxi, les habitants marchaient parfois des kilomètres pour aller prendre des nouvelles de parents en ville.

A ce jour, et avec l’arrivée de la colonne française à Bouar, la France a déployé avec « 24 heures d’avance » l’intégralité des 1.200 soldats dont elle avait annoncé l’envoi en République Centrafricaine, a annoncé à la mi-journée l’état-major français.

Dans la foulée d’un feu vert de l’ONU, l’opération française « Sangaris » avait été lancée jeudi soir, sur ordre du président François Hollande, en appui à une force africaine sur place.

Cinq compagnies de combat sont désormais présentes en RCA, appuyées par quatre hélicoptères Puma et de deux Gazelle, et le soutien aérien d’avions de chasse Rafale basés au Tchad voisin.

L’état-major a également confirmé la montée en puissance de « Sangaris »: la densité des patrouilles françaises, à pied ou motorisées, a été multipliée par trois ces dernières heures sur les principaux axes, mais aussi des voies secondaires de la capitale. Des patrouilles conjointes ont notamment été conduites avec des soldats de la force africaine, la Misca.

Les ex-Séléka moins nombreux en ville

Selon des habitants de Bangui, seuls quelques tirs sporadiques d’armes automatiques ont émaillé la nuit de vendredi à samedi, sans commune mesure avec les deux nuits précédentes.

Des détachements de la force africaine sont allés sécuriser deux églises de la ville où des habitants terrorisés vivaient reclus depuis 48 heures, sous la menace des combattants armés rôdant dans le voisinage.

Des milliers de personnes, venus des quartiers voisins de Boeing et Boy-Rabe, restent réfugiés près de la base française sur l’aéroport par crainte des violences des ex-rebelles.

Les hommes en armes, pour la plupart éléments de l’ex-Séléka, étaient également nettement moins nombreux à déambuler que les jours précédents dans la ville, où seules les forces africaine, française et la sécurité présidentielle sont désormais autorisées à patrouiller.

Dès vendredi soir, certains ont commencé à se retirer des quartiers, selon des habitants. « C’est flagrant, ils sont moins nombreux », disait l’un d’eux, ajoutant: « la présence des Français rassure ».

Après avoir subi des mois durant les exactions des ex-rebelles Séléka, venus du nord du pays et pour la plupart musulmans, beaucoup de Centrafricains, très majoritairement chrétiens, aspirent à la vengeance. Cette colère des populations contre les Séléka s’est progressivement reportée contre les civils musulmans, avec massacres et cycle infernal des représailles.

Jeudi, avant l’aube, des groupes armés anti-Séléka infiltrés dans Bangui avaient lancé une offensive dans plusieurs quartiers. Ces incidents avaient débuté quelques heures avant le vote d’une résolution à l’ONU donnant mandat à la force africaine sur place et à l’armée française pour rétablir la sécurité en Centrafrique.

Intervenant en appui de la force africaine sur place (Misca), les militaires français ont pour mission de rétablir « une sécurité minimum », pour notamment permettre la mise en oeuvre d’une intervention humanitaire, selon le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian.

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