Le calme est toujours relatif à Bangui. Des tirs d’armes automatiques et des détonations plus lourdes ont été entendus à l’aube dans plusieurs quartiers de la capitale centrafricaine. Ces tirs ont débuté vers 5h30 (heure locale et française) dans la zone du PK-12, au nord de la ville, puis se sont étendus à d’autres quartiers, notamment non loin du centre, dans la zone du fleuve.<btn_noimpr>
Selon un officier supérieur de la force africaine (Misca), les tirs ont commencé après que des ex-rebelles «Séléka», intégrés dans les nouvelles forces de sécurité, ont détecté des «infiltrations» de membres de milices d’autodéfense «antibalaka», hostiles au régime, dans le quartier de Boy-Rabe, près de l’aéroport.
Douze civils massacrés lundi. Ces événements font suite à un nouveau «massacre» perpétré par des miliciens. A une centaine de kilomètres au nord de la capitale, au moins douze civils, des éleveurs peuls musulmans, ont été massacrés à la machette dans la nuit de lundi à mardi, selon des sources militaires. Dans la même attque, dix très jeunes enfants ont été sauvagement blessés, aux membres ou la tête, eux aussi à coups de machettes, et étaient hospitalisés mercredi à Bangui. «On voit assez régulièrement des gens blessés à la machette, mais autant en une seule fois, on ne l’a jamais vu en Centrafrique», racontait, choqué, un infirmier du complexe pédiatrique de la capitale. Le Premier ministre centrafricain Nicolas Tiangaye a dénoncé des «actes horribles, odieux». C’est un «massacre» commis par «un groupe de miliciens».
«Anti-balaka» contre «Séléka». Les coupables désignés sont des membres de milices d’autodéfense paysannes, les «anti-balaka» (anti-machettes). Ces groupes ont émergé depuis septembre dans le nord-ouest du pays, en réaction aux exactions sans fin d’hommes armés issus des rangs de la coalition rebelle Séléka – depuis dissoute – dirigée par Michel Djotodia qui a renversé en mars le président François Bozizé, arrivé au pouvoir dix ans plus tôt par un coup d’Etat. Les milices anti-balaka sont formées de paysans chrétiens, alors que les «Séléka» se revendiquent musulmans.
Une résolution cotée à l’ONU. Pour mettre un terme à cet engrenage infernal de violences qui menace de plonger le pays dans une guerre civile et affecte déjà une grande partie des 4,6 millions de Centrafricains, le Conseil de sécurité de l’ONU va adopter ce jeudi un projet de résolution de la France autorisant le recours à la force. La résolution autorise la force africaine (Misca) sur place en cours de renforcement à se déployer «pour une période de douze mois» afin de «protéger les civils et de rétablir l’ordre et la sécurité par les moyens appropriés». Selon le Premier ministre Nicolas Tiangaye, l’effectif des forces militaires qui s’apprêtent à intervenir en Centrafrique doit être “important”, de l’ordre d’une dizaine de milliers d’hommes.
Opération Sangaris. L’armée française a baptisé son opération “Sangaris”, baptisée du nom d’un petit papillon rouge. Pour les entomologistes du monde entier, la Centrafrique est en effet le paradis des papillons où, en saison, il suffit d’emprunter une piste forestière à la sortie de Bangui pour croiser des nuages de millions de ces insectes. Mais pour les Centrafricains, de tous côtés de la population montent les mêmes appels, résumés mercredi par une requête sur un ton de supplique d’un haut cadre de l’administration hospitalière : «Les gens sont en train de mourir. On se tue. Il ne faut plus attendre. On ne peut plus attendre».