En effet, d’après notre baromètre metronews-Clai-LCI réalisé par OpinionWay, seulement 35% des Français sont favorables à l’intervention militaire en Centrafrique, quand 64% s’y disent opposés. Un résultat surprenant après le large soutien apporté à l’opération malienne, qui plus est considérée aujourd’hui comme un succès. Cette fois, si Sangaris reçoit de nouveau l’aval de la quasi-totalité de la classe politique, les Français eux, freinent des quatre fers. “Il y a certainement un effet de répétition dans l’opinion, analyse pour metronews Bruno Jeanbart, d’OpinionWay. Après le Mali, il y a eu l’épisode syrien, où François Hollande parlait d’une intervention imminente, et maintenant la Centrafrique. Les Français ont un peu l’impression que l’on passe son temps à faire le gendarme du monde, à un moment où la situation intérieure se dégrade”.
Les Français méfiants
Le succès de Serval n’a d’ailleurs rien changé : lorsque l’on interroge les Français sur leur perception de la politique étrangère de François Hollande, seuls 39% d’entre eux se disent “satisfaits” (61% de mécontents). ” Ce qui est presque un bon score quand on regarde la mauvaise opinion de son action globale, nuance Bruno Jeanbart. La politique du président ne récolte en effet que 24% d’opinions favorables dans notre baromètre de décembre, soient 2% de plus que le mois dernier, où il a atteint son record d’impopularité.
Enfin, “les Français connaissent peu la Centrafrique et les enjeux de cette intervention”, note le sondeur. Si l’objectif de la France est clair – ramener la paix et protéger les populations- l’opération soulève des questions, et donc de la méfiance. Pourquoi intervenir seuls, en effet, alors même que la France a promis de ne plus s’ingérer dans les crises africaines ? Sans oublier que le spectacle de centaines de soldats français qui volent au secours des pays pour ramener l’ordre ranime son passé colonisateur. Sans doute est-ce pour cela que François Hollande a insisté sur ce point : “l’intervention sera rapide” et menée en “coordination avec les Africains et avec le soutien des partenaires européens”. Après avoir séduit ses homologues africains, “papa Hollande”, comme le surnommait la presse malienne, doit encore, chez lui, user de sa pédagogie.
Source: metronews