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Célébration de la Journée de l’Industrialisation de l’Afrique : Faire du Mali un pays de production, de consommation intérieure et d’exportation de produits finis

Du 29 novembre au 2 décembre 2018 a eu lieu au Parc des Expositions de Bamako la célébration de la 7ème  édition de la Journée de l’Industrialisation de l’Afrique (JIA2018) placée sous le thème national «le Made in Mali». La cérémonie d’ouverture de cette Journée a regroupé autour du PM, Soumeylou Boubèye Maïga, plusieurs membres du Gouvernement, dont le ministre en charge du Développement Industriel, M. Moulaye Ahmed Boubacar. Etaient également présents les présidents des Chambres consulaires, comme la CCIM, le CNPM et celui de l’Organisation patronale des industriels du Mali (OPI), M. Cyril Achcar. Plusieurs autres personnalités du monde industriel y ont aussi pris part.

Proclamée le 20 novembre 1989 par la 44ème  Session de l’Assemblée Générale des Nations Unies, la «Journée de l’Industrialisation de l’Afrique» a pour objectif d’intégrer la problématique du développement industriel dans les priorités des politiques et stratégies nationales de développement socioéconomique des pays africains.

Ainsi, cette journée  a pour but d’inciter les pays africains à s’engager davantage dans le processus de développement industriel ; de susciter une prise de conscience au niveau mondial, nécessaire à la mobilisation de l’appui international en faveur du développement industriel de l’Afrique et d’amener la communauté internationale à œuvrer résolument en faveur de l’industrialisation de l’Afrique. Elle offre l’opportunité d’instaurer un dialogue productif entre l’Administration, les industriels, la société civile, les PTF. Cela en vue de procéder à un diagnostic approfondi du secteur, d’analyser les enjeux et les défis du développement industriel du continent, en général, et du Mali en particulier afin d’opérer les ajustements nécessaires.

 

Prise de conscience des autorités

Au Mali, on pourra dire que  les autorités ont pris conscience sur le fait que le développement économique du pays est basé sur le dynamisme de son secteur industriel et en particulier la sous-branche de la manufacture. Ainsi, après la création d’un Département ministériel dédié à l’industrie, il y a eu plusieurs efforts multiformes qui ont été engagés dans le secteur. Cependant, le chemin à parcourir reste long et les embûches multiples. Le secteur souffre, entre autres, de l’insuffisance des infrastructures, du manque de main-d’œuvre qualifiée et d’énergie, de problèmes de financement et de la concurrence déloyale. Ces difficultés ont été rappelées par presque tous intervenants lors de la cérémonie d’ouverture.

Ainsi, pour M. Amadou Ouattara, maire de la Commune V, le thème national reste un défi à relever pour chaque malien. Car, dit-il, « l’un des défis majeurs reste le taux d’industrialisation qui reste très bas ».

A sa suite, M. Cyril Achcar, président de l’OPI dira que «cette célébration permet de s’interroger sur les solutions à concrétiser pour lancer la campagne industrielle de nos pays en voie de développement et rattraper le fossé qui nous sépare des pays développés communément appelés pays industrialisés». Pour lui, le Livre blanc de l’industrie est un recueille synthétisant la situation industrielle du pays. En effet, ce document, nourri par les difficultés rencontrées pendant 40 ans de pratique de la transformation industrielle d’investisseurs nationaux et internationaux regroupés au sein de l’OPI depuis 1975, propose 24 solutions de relance du secteur. »

 

Quelques acquis

En outre, il soulignera que ces deux dernières années ont été marquées par la régularité des rencontres de concertation Etat-Secteur Privé dans le but de mettre en œuvre les 6 premières études du livre blanc de l’industrie dans le cadre des Rentrées Economiques.

Ainsi, pour lui, au terme des concertations avec le Gouvernement mené sous l’égide du CNPM, des résultats ont été acquis. Il s’agit de l’adoption du décret N° 2018 -0478 portant sur les mesures d’orientation de la commande publique vers les PMI et la Production Nationale ; la systématisation de la procédure de consignation des droits et taxes de douane des produits importés originaires de l’UEMOA et de la CEDEAO dans le cadre de la règlementation relative aux règles d’origine sur 6 filières test ; la création de l’Observatoire Nationale de l’Industrie, même si les statuts ne répondent pas au modèle proposé. «Nous sollicitons une relecture du décret pour faire de l’ONI une entité viable et efficiente» a-t-il déclaré. A ces acquis, il faut ajouter la déductibilité de la TAF sur les investissements productifs ; la prochaine mise en œuvre de la TVA industrielle avec une phase test sur une dizaine de filières industrielles et la création d’un comité Douane-CNPM chargé de lutter contre la concurrence déloyale et la fraude, présidé par un Industriel.

 

Accélérer les réformes

Toutefois, malgré ces avancées notables, le président de l’OPI pense que le gouvernement doit accélérer les réformes pour permettre au secteur de jouer pleinement son rôle de moteur de la croissance. Cela pour l’atteinte les objectifs d’un PIB de la manufacture de 11% moyenne CEDEAO et 20% pour passer de pays en voie de développement à pays développé.

Ce qui passe, selon M. Achcar, par l’amélioration de la fourniture électrique en qualité et en quantité et la mise en place d’un tarif préférentiel pour les industries ; la poursuite des réformes pour l’amélioration de l’environnement des affaires notamment le cadre juridique pour permettre le recouvrement des ventes. Il y a également la mise en œuvre d’un fond souverain d’investissement industriel. Cela afin d’améliorer le financement des projets industriels avec des durées et des taux plus en rapport avec leur besoin. En outre, on a l’amélioration du taux d’occupation des unités industrielles pour travailler en plus d’une équipe par jour afin de conquérir notre marché national d’une part puis d’exporter sur le marché régional d’autre part. Enfin, il faut aussi la mise en œuvre effective du décret portant sur la commande publique avec comme objectif à court terme d’orienter 50% de la commande publique sur les productions nationales.

S’adressant au PM, M Cyril Achcar a demandé l’augmentation du budget du Département chargé de l’Industrie et ses services rattachés qui reste très faible. Car, pour lui, «exporter des productions agricoles non transformées localement est une perte de PIB au quotidien. L’Industrie pour se maintenir au rang de priorité nationale suppose deux actions. A savoir des réformes et des moyens humains et financiers conséquent pour le département de l’industrie».  «Nous ne devons pas accepter la place qui nous est accordée dans la région UEMOA/ CEDEAO. Celle d’un pays exportateur de matière première et de consommateur net des productions de nos voisins car cette situation enrichie les autres et nous appauvrie. Nous devons nous battre pour nous imposer comme un pays de production, de consommation intérieure et d’exportation de produits finis» a conclu le premier responsables des industriels maliens.

 

765 unités industrielles en activité employant 30 438 personnes

Pour sa part, le ministre Moulaye Ahmed Boubacar a indiqué que notre secteur industriel reste caractérisé par sa faible densité. Car, le recensement industriel réalisé en 2015 dénombre 829 entreprises industrielles dont 765 en activité. Et, 52,69% de ces entreprises sont installées dans le District de Bamako. Les entreprises industrielles employaient 30 438 personnes, en 2015, contre 13 127 personnes en 2002. La valeur ajoutée créée par le secteur industriel passée de  398,06 milliards en 2010 à 782,48 milliards en 2014.

Pour lui, «en dépit de la volonté politique de l’Etat et des réformes engagées par les Gouvernements successifs pour soutenir le développement industriel, force est de constater que le secteur industriel est handicapé depuis plusieurs décennies». Pour accélérer le développement économique du pays et lutter efficacement contre la pauvreté, dit-il, «nous devons relever le défi de l’industrialisation pour tirer le meilleur profit de la transformation de nos matières premières notamment agricoles, sur place, mais aussi pour retenir et offrir des opportunités à la population majoritairement jeune».

Aussi, pour lui, les jalons du développement industriel du pays ont été posés. Cela à travers, la création en juillet 2016, d’un département ministériel dédié exclusivement au développement Industriel, qui a été renforcé en 2018 par la Promotion des Investissements. Parlant du thème, il expliquera que l’objectif visé est de promouvoir la production industrielle locale et de mettre en exergue l’admirable génie industriel malien qu’il importe d’encourager et de soutenir par le biais d’une consommation locale accrue et plus soutenue. Aujourd’hui, dit-il, les efforts doivent être fortement orientés vers la promotion de la consommation des productions industrielles nationales : le Made in Mali.

 

Faire face à la concurrence déloyale

S’adressant aux industriels, il a souligné la lourde tâche qu’est la leur de faire valoir le «Made in Mali» face à la rude concurrence sous régionale et mondiale. «La satisfaction de cet impératif requiert que vous releviez les défis liés notamment à la compétitivité, à la technologie, aux habitudes de consommation et à la qualité du produit », a déclaré le ministre. Il a rassuré que le gouvernement, pour sa part, s’attèlera à créer les conditions optimales pour une industrialisation forte de notre pays. Pour conforter la dynamique déjà enclenchée, le ministre a un agenda bien fourni. Les activités en cours de réalisation ou en perspectives, portent, entre autres, sur le développement des infrastructures industrielles à travers l’aménagement de nouvelles zones industrielles, l’adoption des textes relatifs aux zones économiques spéciales, l’opérationnalisation de la Marque Nationale de Conformité aux Normes Maliennes (MALINORM) et la mise en place d’une commission technique de suivi de la mise en œuvre de certaines mesures contenues dans le Livre Blanc de l’OPI .

Le ministre Moulaye Boubacar dira aussi, qu’aujourd’hui les indicateurs en matière d’industrialisation, nous interpellent tous. D’où la nécessité, pour lui, de mettre très rapidement en place une stratégie d’industrialisation accélérée.

«Pour  gagner le pari de l’émergence, notre grand défi au cours de ce deuxième quinquennat sera de faire entrer notre pays dans l’âge industriel. L’objectif sera désormais de bâtir une économie où l’industrialisation occupera une place de choix» dira-t-il.

Notons que la cérémonie a pris fin par une visite des stands par les officiels avec à leur tête le Premier ministre Soumeylou Boubèye où étaient exposés les produits Made in Mali.

Ainsi, après avoir visité les stands, le Chef du gouvernement dira que la JIA correspondait à l’ambition du gouvernement, à savoir celle de favoriser la compétitivité de la production nationale. «C’est pourquoi, nous avons pris le vecteur sur la commande publique de manière à ce qu’une partie significative de cette commande publique soit adossée à la production nationale », a-t-dit. Il s’est engagé à faire en sorte que les textes pris sur la commande publique s’imposent à tout le monde, en 2019. Par ailleurs, Soumeylou Boubèye Maïga a annoncé que le point sera fait sur toutes les réformes convenues avec les industriels. Aussi, « nous allons voir comment relever un certain nombre de défis, en particulier celui lié à la qualité des ressources humaines» a-t-il annoncé.

Dieudonné Tembely

tembely@journalinfosept.com

Source: Infosept

 

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