Le Mali a célébré le mercredi 31 août 2016, comme chaque année depuis 2003, la 14ème Journée Africaine de la Médecine Traditionnelle (JAMT) instaurée par le Bureau Afrique de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS Afro). Le thème était: «La réglementation des produits issus de la pharmacopée traditionnelle dans la région africaine» et l’évènement s’est déroulé en deux journées, le 1er septembre dans la salle de conférences de l’Institut National de Recherche en Santé Publique (INRSP), puis le lendemain, sous la forme d’une Journée Portes Ouvertes au Département de Médecine Traditionnelle (DMT) à Sotuba.
La session de présentations suivies de débats de l’INRESP a, outre la cérémonie officielle d’ouverture, permis aux acteurs œuvrant dans le domaine de la médecine traditionnelle, venus de partout au Mali, et à leurs partenaires de visiter une exposition de produits issus de la pharmacopée traditionnelle.
Quant aux communications, elles étaient en lien avec le thème retenu et ont porté, entre autres, sur les autorisations de mise sur le marché (AMM), la propriété intellectuelle et les expériences des associations de tradipraticiens de santé du Mali et d’ailleurs et celle du DMT.
Dans son mot de bienvenue, le Directeur Général de l’INRSP, Pr Mamadou Souncalo Traoré, a relevé que cette célébration annuelle était désormais bien installée dans la pratique au Mali, qui abrite d’ailleurs, il faut le rappeler, le Département de Médecine Traditionnelle (DMT) de l’Institut, Centre Collaborateur OMS en matière de Médecine Traditionnelle et Centre d’Excellence de l’Organisation Ouest Africaine de la Santé (OOAS) pour la recherche en Médecine Traditionnelle dans l’espace CEDEAO.
A sa suite, le Président de la Fédération Malienne des Associations de Thérapeutes Traditionnels et Herboristes (FEMATH), faîtière des tradipraticiens exerçant au Mali, Mohamed Fall, affirmera que la réglementation est un élément fondamental, du fait de l’importance des bonnes pratiques pour la satisfaction et la sécurité des populations en matière de santé.
Le Mali dispose d’ailleurs d’une réglementation spécifique, pour la formulation, les tests cliniques et les Autorisations de Mise sur le Marché, et d’une Politique nationale en matière de médecine traditionnelle, et les Médicaments Traditionnels Améliorés produits par le DMT sont depuis plus d’une décennie en bonne place dans notre liste nationale des Médicaments Essentiels et Génériques (MEG), rappellera le Pr Drissa Diallo, ex Chef du DMT et Secrétaire Général du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique.
Quant au représentant de l’OMS, Lucien Manga, il dira qu’il y a une nécessité d’établir et de renforcer les systèmes de réglementation dans tous les pays africains afin de garantir des pratiques et des produits de qualité pour la meilleure sécurité sanitaire possible des populations qui ont recours à la médecine traditionnelle, soit plus de 80% d’entre elles.
Si depuis 2000 les Politiques nationales de MT sont passées de 8 à 40 en Afrique et les Instituts de recherche spécialisés de 8 à 28, seuls 21 pays sur les 47 Etats membres de l’OMS dans la Région Afrique disposent de lois et réglementations régissant la pratique de la Médecine Traditionnelle, déplorera-t-il.
Prononçant le discours officiel d’ouverture de la 14ème JAMT, le Conseiller technique Dr Sékou Oumar Dembélé du ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique affirmera que la nécessité de réglementer les produits issus de la pharmacopée traditionnelle a toujours été une préoccupation des autorités sanitaires de notre pays, qui adhère totalement à la stratégie de la Région Afrique de l’OMS, laquelle encourage l’intégration dans les systèmes de santé des pratiques médicales et des remèdes traditionnels qui ont donné la preuve de leur innocuité, de leur efficacité et de leur qualité.
Signalons pour conclure que les grandes lignes directrices de l’OMS Afro pour la réglementation des médicaments traditionnels portent sur les bonnes pratiques de fabrication (BPF), l’homologation des médicaments par le processus d’AMM, les essais cliniques, la pharmacovigilance et le très difficile, dans certains pays dont le nôtre, contrôle de la publicité.
A ce jour, les Médicaments Traditionnels Améliorés développés par le Département de Médecine Traditionnelle de l’INRSP permettent de traiter le paludisme, les troubles hépatiques, la constipation, les toux, des dermatoses, les problèmes gastriques, le diabète, l’hypertension, l’hypertrophie bénigne de la prostate et certaines infections. Les recherches se poursuivent pour en formuler d’autres.
Ramata Diaouré
Source: 22 Septembre