Alors que la CEDEAO et la communauté internationale serrent le coude pour le retour à l’ordre constitutionnel au Mali et en Guinée Conakry, le Burkina Faso rompt son processus démocratique. Un autre coup de massue aux textes de la CEDEAO qui condamnent tout coup d’État dans son espace. Ces situations nous rappellent MONTESQIEU qui affirme dans l’Esprit des lois qu’on ne peut tout changer par les lois.
La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) est la plus grande organisation du continent qui fait pourtant figure de modèle en matière de démocratie par rapport autres organisations sous régionale existant sur le continent. Elle n’est certainement pas au bout de ses peines ! Alors qu’elle cherche désespérément des solutions pour un retour à l’ordre constitutionnel au Mali et en Guinée Conakry, le Burkina Faso vient de consommer un autre Coup d’État aux grand-dam des Chefs d’Etat de la sous-région.
Le Mali qui n’est plus en mesure de respecter le délai imparti pour la Transition dont l’échéance est fixée en fin février 2022 paie les frais de son coup d’État depuis le 9 janvier, à travers un embargo économique imposé par la CEDEAO. Ses avoirs sont gelés, ses transactions financières sont suspendues. Les frontières entre le Mali et les autres États membres de l’organisation sont fermées excepté la Guinée Conakry qui s’est désolidarisée de ces mesures.
Malgré la sévérité de ces mesures et au même moment où le Mali purge sa peine, pardon ses sanctions, le Burkina Faso s’illustre par un coup d’État après des journées mouvements de contestation contre l’insécurité dans le pays.
C’est le 3è coup d’État à l’intervalle de deux ans au sein de l’organisation (Mali 2020, Guinée Conakry 2021, Burkina Faso 2022)…
Ces actes attentatoires à la démocratie doivent interpeller les chefs de l’État de la CEDEAO sur les limites des textes après des décennies d’existence.
Ils doivent repenser leur stratégie si les lois et les sanctions ne sont plus en mesure de dissuader les auteurs de coup d’État.
La loi n’a de sens que lorsqu’elle prévient, anticipe et dissuade…Ce qui nous fait rappeler à MONTESQIEU dans ‘L’Esprit des lois’’ dans lequel il affirme : ‘’Lorsqu’on veut changer les mœurs et les manières, il ne faut pas les changer par les lois’’. En clair, il faut donner les exemples pour faire changer les manières.
Donc, si les chefs d’État veulent mettre fin aux coups d’État, en plus des textes, ils doivent donner l’exemple en mettant en place une gouvernance vertueuse et de respecter la loi qu’ils ont initié.
Dans la même veine, l’ancien envoyé spécial des USA pour le Sahel en 2020, Dr J Peter PHAM déclarait lors d’une table ronde ministérielles pour le Sahel central tenue le 20 octobre 2020 : « Le cœur de la crise au Sahel est celui de la légitimité de l’État – une perception par les citoyens que leur gouvernement est valide, équitable, capable et désireux de répondre à leurs besoins. Cette légitimité exige de mettre l’accent sur la protection des civils et d’assurer la justice et la responsabilité pour les violations et atteintes aux droits humains. En l’absence d’engagements des États à répondre aux besoins de leurs citoyens, aucun degré d’engagement international n’est susceptible de réussir ».
Également, le Centre d’études stratégiques de l’Afrique dans l’une de ses productions sur la CEDEAO, propose pour l’Organisation de soutenir la demande populaire. Étant donné que le fondement des démocraties est centré sur les citoyens, il appartient, donc en dernier ressort, aux citoyens et à la société civile des pays de la CEDEAO de continuer à exiger que leurs voix soient entendues et les normes démocratiques respectées.
Seules de telles exigences (le respect de la limitation des mandats, des processus électoraux libres et équitables, un secteur judiciaire et sécuritaire apolitique et un espace protégé pour des médias indépendants et le discours politique) contribueront à façonner la volonté politique des dirigeants pour refléter la volonté populaire.
PAR SIKOU BAH
Source : Info-Matin