Le vendredi, 15 députés du groupe parlementaire vigilance républicaine et démocratique (VRD) ont déposé au niveau de l’Assemblée Nationale, une motion de censure contre le gouvernement de Moussa Mara.
Leur objectif, faire tomber le premier ministre que Soumaïla Cissé, le leader de l’opposition malienne, juge « incapable de résoudre les problèmes urgents de l’heure. »
L’opposition a entrepris une véritable croisade contre le premier ministre depuis sa visite, mi-mai, à Kidal. En plus de la tragédie qui a couronné le déplacement du chef du gouvernement dans cette localité contrôlée en grande partie par les rebelles, un autre chaos est venu renforcer l’opposition dans sa démarche.
Il s’agit de la grande débâcle qu’a subie l’armée malienne en attaquant le 21 mai les positions rebelles à Kidal. Après ces douloureuses pages de l’histoire du Mali, l’opposition a tenu le président de la République, le Premier ministre et tout le gouvernement pour « responsables » de ce qu’ils appellent « la tragédie de Kidal et de l’humiliation de notre pays. »
Moussa Mara reste serein face au risque de se voir contraint de démissionner
Le chef du gouvernement a donné son opinion sur la motion de censure qui le vise. Il affirme juste que « c’est un exercice démocratique » et que « le Mali avancera ».
Bon dimanche les amis. Discussions de la motion de censure mercredi inchallah. Cest un exercice democratique. Le Mali avancera
— Moussa Mara (@MoussaMara2) June 15, 2014
Cet état d’esprit juge du sentiment de sérénité qui doit animer Moussa Mara en ce moment. Au vu des forces politiques en présence à l’Assemblée Nationale, l’improbabilité de l’adoption d’une motion de censure est très grande. Le premier ministre n’a donc, en principe, aucune raison de paniquer.
Pour que la motion de censure puisse être adoptée, la législation malienne exige qu’elle soit votée à la majorité des 2/3 des membres de l’Assemblée Nationale du Mali. Le parlement malien étant composé de 147 élus, cela équivaut à 98 voies pour qu’elle soit adoptée. Cette exigence laisse, à priori peu de chance à l’opposition d’obtenir l’adoption de la motion de censure.
Cependant, plusieurs observateurs de la scène politique malienne soutiennent qu’il ne faut pas écarter l’éventualité d’un possible accord secret entre l’opposition et certains députés de la majorité, surtout du RPM, qui n’ont toujours pas digéré le fait que IBK ait préféré un premier ministre qui n’est pas issu du parti du président de la république.
En plus de cet aspect, les évènements de Kidal ont beaucoup contribué à ternir les rapports que le RPM entretenait avec d’autres partis de la mouvance présidentielle comme l’ASMA, le parti de l’ex ministre de la défense, limogé suite à son désaccord avec le reste de l’exécutif sur la visite du premier ministre à Kidal. Soumeylou est réputé être un fin stratège politique, rien n’exclut qu’il ait réussi à fissurer de l’intérieur et en douce le bloc compact de la majorité présidentielle.