Après la crise relative à la délivrance du passeport, place à la nouvelle carte d’identité biométrique. Le marché a été attribué à une entreprise de la place, depuis quelques mois. Celle-ci entend faire monter les enchères. Et pourtant, cette société controversée est loin de remplir tous les critères.
L’affaire a débuté au temps du ministre Sada Samaké. À l’époque, Hamidou Kansaye était le directeur général de la police. À ce jour, le dossier est en cours de finalisation au niveau du gouvernement et il sera probablement défendu par le ministre de la Sécurité intérieure et de la Protection civile, le général Salif Traoré. Le montant global de ce marché est de 13 milliards Fcfa.
Dans les prévisions actuelles, la carte d’identité biométrique sera vendue à 13 600 Fcfa aux Maliens. La question que l’on se pose est celle-ci : comment le gouvernement va-t-il pouvoir expliquer ce tarif aux populations maliennes qui ont déjà de la peine à débourser 2 000 Fcfa pour avoir la carte d’identité nationale ?
Au-delà de celle-ci, beaucoup d’autres questions demeurent : Quels sont les avantages de cette nouvelle carte d’identité biométrique pour qu’elle coûte une telle somme ? Est-ce à dire que la carte NINA -qui sert aujourd’hui de carte d’identité- sera récusée ? Est-il besoin de dire qu’au niveau de la frontière, seule la carte NINA est exigée par les pays voisins. L’ancienne carte d’identité n’est plus en vigueur dans l’espace UEMOA. Cette situation dérange les commerçants et autres Maliens qui sont sur les routes entre le Mali et ses pays voisins, comme en Côte d’Ivoire ou au Burkina Faso.
Paradoxalement, la société malienne, adjudicataire de ce gros marché, n’a même pas 1m2 de surface d’imprimerie. D’où la stupéfaction des grandes sociétés de la place qui disent ignorer les motivations du gouvernement à attribuer un tel marché à quelqu’un qui sera emmené à sous-traiter avec elles, parce que n’ayant pas les compétences requises pour exécuter ce marché. Mieux, la société bénéficiaire du marché de la carte d’identité biométrique est celle qui est soupçonnée d’avoir livré un appareil défectueux (IRM) à l’hôpital du Point G. Il y avait aussi fait livrer un autre appareil défectueux.
C’est dire que la volonté du gouvernement à donner un marché de 13 milliards Fcfa à la même société, pour faire des cartes d’identité pour l’ensemble des Maliens, défie l’entendement humain. Mais l’exercice périlleux pour le gouvernement serait d’expliquer aux Maliens qu’ils vont devoir payer cette carte à 13.600 Fcfa. Ça va chauffer !
Sinaly KEITA