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Camps de déplacés : à Bamako, des femmes à la merci des prédateurs sexuels

Abus de faiblesse, mariages forcés, prostitution déguisée, manque d’intimité… À Bamako les femmes déplacées subissent plusieurs formes de violences dans les camps. Elles sont souvent victimes de prédateurs sexuels.

« Des hommes chargés de la gestion des camps ou de la distribution des dons alimentaires profitent de leur position pour abuser des femmes déplacées. Certaines victimes sont même des vieilles. Si elles refusent leurs avances malsaines, ils les font chanter pour les dons qui arrivent », révèle Ouleymatou, membre d’une association humanitaire qui intervient régulièrement dans les différents camps de déplacés. Notre source affirme avoir reçu plusieurs plaintes verbales des victimes.

Après avoir perdu leurs proches et des biens matériels dans les conflits au centre du Mali, des centaines de déplacées ont trouvé refuge à Bamako. Une situation qui les expose à la précarité, mais aussi à des violences basées sur le genre (VBG) : viols, harcèlement sexuel, mariages forcés, prostitution déguisée…« Désorientée, l’une des victimes m’a confié, les larmes aux yeux, que trois hommes avaient abusé d’elles dans le camp de Sénou », ajoute Ouleymatou.

« À travers l’Association Globale Santé Solidarité Mali (AGSS), nous distribuons des dons et des particuliers passent également par notre canal pour en offrir. Nous avons mis en place une équipe qui se charge de la distribution. Le monsieur qui est accusé d’abus sexuels ne fait pas partie de cette équipe, mais il est sur place et a un lien de parenté avec le propriétaire de l’endroit », explique Djimé Kanté, président de l’AGSS.

Mariages forcés

Vivant dans des conditions très précaires, certaines déplacées veuves donnent souvent leurs filles en mariage au premier prétendant qui se présente, sans arrière-pensée. Et certains hommes en profitent pour abuser de jeunes filles qui, souvent, n’ont pas atteint l’âge légal du mariage.

Au Centre Mabilé, à Sogoniko, c’est le cas d’un marabout, déjà marié à deux femmes, qui a demandé la main de Diko, une adolescente déplacée de 13 ans. « Il a effectué toutes les démarches avec les habitants du camp, mais il était convenu qu’il patiente le temps  que  la fille soit plus mature. Un soir, il a décidé de son propre chef d’aller chercher sa femme. C’est ainsi que les cris de la jeune ont alerté le voisinage et que les forces de l’ordre ont dû intervenir pour secourir la fille. Le marabout a été arrêté. Il est toujours en prison », témoigne Déddé Traoré, l’une des responsables des femmes du camp. La demoiselle, qui vit toujours dans le camp avec sa maman, n’a pas souhaité répondre à nos questions, tout comme sa mère.

Manque d’intimité

Au centre Mabilé, où une vingtaine de petites cases sont installées dans la cour, nous rencontrons Oumail. Très timide, visage fatigué, assise devant sa case avec ses quatre enfants, elle raconte son quotidien. « Ici, nous n’avons pas d’intimité. Les toilettes sont publiques. Hommes et femmes s’y retrouvent et ce n’est pas facile. Nous ne sommes pas habituées à ça », déplore-t-elle. Oumail est originaire du cercle de Koro et est arrivée à Bamako suite à l’attaque de son village par des hommes armés.

« Un couple avec des enfants n’a qu’une tente pour se loger. Parce que le site est limité en termes de surface. Au moment d’avoir des rapports intimes avec son mari, il faut user de toutes les techniques possibles pour ne pas éveiller la curiosité des enfants », ajoute-t-elle.

Prostitution

À Faladiè, où vivent près de 400 ménages, selon les responsables d’associations, les difficultés économiques conduisent certaines déplacées à s’adonner à la prostitution. Une réalité tabou, mais qui est très visible dès la tombée de la nuit sur cet amas de taudis. « Des jeunes viennent de la ville et procèdent à un marchandage sexuel avec certaines déplacées », explique Sarré, un jeune leader associatif de la communauté peule.

Face à cette situation, Wildaf-Mali, l’antenne locale du réseau Women in Law and Development, n’a rien entrepris pour le moment. Mais, selon Bouaré Bintou Founè Samaké, sa présidente, l’organisation ne va pas tarder à installer des groupes de parole et de veille pour assister ces femmes vulnérables et laissées pour compte.

Source: benbere

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