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Campagne agricole 2017-2018 de l’OHVN dans la périphérie de Bamako : BAKARY TRAORÉ, PAYSAN MODELE

Il utilise exclusivement de la fumure organique pour fertiliser ses champs afin de nourrir sa nombreuse famille

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«Ma famille élargie composée de mes enfants, neveux, nièces, frères, belles sœurs et parents consomme 2 tonnes de céréales, soit une tonne de maïs et une tonne de riz, par mois. Je suis le responsable de l’entreprise d’ébénisterie Bakary Traoré (Bakatra). Les seules ressources provenant de la menuiserie, ne me permettent pas de nourrir convenablement ma famille nombreuse. Je n’ai pas moins de 50 bouches à nourrir par jour. C’est pourquoi, je me suis retourné vers la terre nourricière ». C’est Bakary Traoré, un paysan qui parle. C’était lundi dernier lors de la visite dans son champ à Gouana, du directeur général de l’Office de la haute vallée du Niger (OHVN), Dr Mamadou Kané. Le champ du patriarche Traoré est situé dans la zone aéroportuaire contiguë au quartier Kalabancoro ACI. Il y cultive du sésame biologique, du maïs, de l’arachide etc.
Mamadou Kané était accompagné de ses proches collaborateurs, en l’occurrence Seydou Bouaré, chef de division vulgarisation agricole et conseil rural, Tandin Coulibaly, chef de division statistiques, des agents d’encadrement de la zone OHVN de Kati et des membres de l’ONG Deme So qui a fourni les semences de sésame biologique au paysan.
La visite a concerné les champs de sésame biologique et de maïs, les papayers et l’enclos des bovins, de la volaille et du puits à grand diamètre d’une capacité de 20 mètres cubes connecté à un château d’eau.
Le site de Bakary Traoré s’étend sur 20 hectares sur lesquels il a, cette année, semé 5 hectares de sésame biologique, 4,5 hectares de maïs, 1,75 hectare d’arachide et 1,75 hectare d’arachide associée au sésame.
Il a, par ailleurs, planté 1,25 hectare de papayers et 1,25 hectare de manguiers. La particularité de la culture chez Bakary Traoré est qu’il n’utilise exclusivement que de la fumure organique pour fertiliser ses parcelles. Point de fertilisant chimique chez lui. La raison ?
«J’ai peur des effets nocifs des produits chimiques. C’est pourquoi, je n’utilise exclusivement que de la fumure organique que je prépare sur place dans des fosses compostières et dans l’enclos au bétail», a-t-il confié. Pour préparer ses fosses compostières, Bakary Traoré superpose les couches de scieries de bois avec celles de bouses de vaches, de fientes de volaille et de résidus agricoles. Il apporte un arrosage de pointe avec l’eau de son château. Je crois aux vertus de la fumure organique, c’est pourquoi, je n’utilise pas les fertilisants minéraux.
Contre les attaques des parcelles par les nuisibles, le paysan procède également à des traitements biologiques qui lui ont été conseillés par l’encadrement technique. Ainsi, pour faire du sésame biologique, l’ONG «Deme So» qui lui a apporté la semence, lui a également fourni toute la technologie nécessaire afin de produire et lutter contre les attaques des insectes. Le traitement phytosanitaire se fait à base de feuilles de «neem» broyées et filtrées. Le liquide recueilli est utilisé pour pulvériser les plantes, a-t-il répondu.
Le directeur général de l’OHVN, Dr Mamadou Kané, s’est réjoui de la persévérance de ce paysan hors du commun qui arrive à produire sans engrais chimiques pour satisfaire les besoins de consommation de sa famille.
Il a salué et félicité Bakary Traoré qui remet au goût du jour l’agriculture biologique et l’a assuré de tout l’appui conseil de sa structure qui ne lui fera pas défaut.
Dr Kané a surtout apprécié le fait que le paysan arrive à susciter la passion de la terre chez ses enfants, neveux, nièces, frères et belles sœurs en les amenant tous les jours aux champs. Cet amour de la terre doit être cultivé depuis le bas âge et cela, Bakary Traoré l’a compris et le pratique. Ces enfants devront aussi comprendre que seule l’agriculture peut les libérer de la faim et de la mendicité. Car, elle est source de richesses, parce que les revenus qu’elle peut générer leur permettront de ne pas tenter l’aventure incertaine des sites d’orpaillage ou des traversées périlleuses de la mer Méditerranée, a conclu Dr Kané.

Moriba COULIBALY

Semences : VERS UNE RECONNAISSANCE LÉGALE DES PRATIQUES PAYSANNES

Un atelier multi-acteurs de concertation pour la «reconnaissance des semences traditionnelles/paysannes et des droits des agriculteurs dans la législation semencière au Mali» s’est tenu la semaine dernière au Centre de formation pratique forestier de Tabakoro.
Il convient de rappeler que la semence, tout comme le sol et l’eau, est un facteur clé de production. Sa qualité garantit une bonne récolte. Au Mali, plusieurs types de semences sont cultivés. On peut les classer en deux, voire trois catégories. Les semences issues des systèmes semenciers paysans et les semences homologuées et certifiées pour la commercialisation, issues des programmes de sélection des structures de recherche publiques et privées. La troisième catégorie concerne les semences importées, en particulier les maraîchères. Traditionnellement, les agriculteurs sélectionnent et produisent leurs propres semences. Le plus souvent, ces semences sont cultivées avec la fumure organique et autres techniques et procédés naturels valables aussi en matière de conservation. Au Mali, ces pratiques sont encore très présentes et sont essentielles à la production en agro-écologie paysanne reconnue, aujourd’hui, comme un moyen sûr d’aller vers la souveraineté alimentaire. Les variétés traditionnelles/paysannes font aussi partie des ressources génétiques utilisées par les chercheurs. Des milliers d’échantillons de semences de variétés paysannes ont été collectées et conservées au froid dans des banques de gènes et servent pour les programmes de recherche en sélection végétale dans le monde entier. Au Mali, le système semencier des variétés d’origine végétale est soutenu par un cadre juridique relativement complexe prenant peu en compte les semences paysannes. Il consacre l’officialisation d’un seul système, celui des variétés homologuées et inscrites au catalogue et se contente de garder les semences traditionnelles paysannes dans le patrimoine national que les paysans utilisent de façon informelle.
A la demande des organisations paysannes, l’Institut de recherche et de promotion des alternatives en développement (IRPAD), et l’association Biodiversité échanges et diffusion d’expérience (BEDE) ont initié un processus de réflexion intitulé «Semences, normes et paysans (SNP) : Construire un cadre de concertation multi-acteurs sur le cadre normatif des semences et les droits des petits producteurs au Mali». Ce processus vise à promouvoir les semences paysannes et formaliser leur utilisation tout en reconnaissant les droits des agriculteurs qui les utilisent.
Les systèmes semenciers paysans qui gèrent la biodiversité sont complémentaires du système des semences certifiées et commerciales. Cependant, malgré le fait que le Mali ait ratifié le Traité international sur les ressources phyto-génétiques pour l’alimentation et l’agriculture (TIRPAA), qui reconnaît l’importance des semences paysannes et les droits des agriculteurs à les utiliser librement, ces semences n’ont pas un statut clair dans le cadre législatif et juridique de notre pays. En effet, ce cadre privilégie la filière des semences certifiées, et se trouve peu adapté aux variétés traditionnelles/paysannes. Les droits des agriculteurs sur ces variétés qu’ils ont conservées et diversifiées s’en trouvent fragilisés. Il est apparu donc important de réfléchir à un mode de reconnaissance des semences traditionnelles/paysannes et de protection des droits des agriculteurs conformément aux dispositions du TIRPAA.
C’est dans ce cadre que s’est tenu l’atelier qui a réuni toutes les parties prenantes du secteur semencier malien. L’objectif global est d’instaurer un dialogue entre les différents acteurs du secteur en vue d’aboutir à un cadre juridique consensuel autour des semences végétales, intégrant un statut clair pour les semences paysannes et traditionnelles et protégeant les droits des agriculteurs à librement utiliser les semences paysannes.
L’atelier a permis de présenter les expériences de lois semencières dans les pays ayant reconnu les semences paysannes/traditionnelles en tenant compte des droits des agriculteurs qui y sont rattachés. Il a mis en place un cadre permanent de concertation avec comme mandat de travailler à la reconnaissance des semences paysannes dans les lois semencières du Mali et d’en suivre la mise en œuvre effective.

M. C.

 

Source: essor

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