Après l’accident meurtrier qui a frappé le Cameroun au mois d’Octobre dernier, les enquêtes donnent des résultats sans appels. L’opérateur ferroviaire Camrail, filiale du français Bolloré BOLL.PA , est totalement et pleinement responsable dans cet accident qui a causé la mort d’au moins 79 personnes. C’est le rapport des quatre experts commandés dans le cadre d’une enquête officielle, dont Reuters a obtenu une copie qui a été publié.
Le train de voyageurs, bondé, a déraillé le 21 octobre à l’entrée de la gare d’Eséka alors qu’il effectuait la liaison entre Yaoundé et Douala.
Le président camerounais Paul Biya a demandé peu après l’accident l’ouverture d’une enquête et la réalisation de quatre rapports préliminaires d’experts différents afin de déterminer les causes de l’accident. Le gouvernement camerounais n’ a pas encore publié les résultats. L’un des rapports d’experts dont Reuters a obtenu copie jeudi fait état d’une série de défaillances techniques et administratives par Camrail dont il dit qu’elles ont contribué à l’accident. « Il n’y avait pas de situation de force majeure, et nous n’avons pas noté non plus de cause externe. La catastrophe est en conséquence totalement imputable à Camrail et à ses dirigeants au plus haut niveau », révèle le rapport.
Dans le document, dont les conclusions ne seront pas nécessairement reprises par le rapport définitif du gouvernement, l’expert ferroviaire Benoît Essiga a écrit que Camrail n’avait pas respecté les limites en termes de capacité et de poids devant l’augmentation du nombre des passagers. Le train n’avait pas fait l’objet d’une inspection adéquate et 13 de ses 17 voitures étaient équipées de systèmes de freinage inadéquats, selon le rapport qui ajoute que les responsables de Camrail avait ignoré les mises en garde du personnel sur ces défaillances techniques.
« Nous respectons et continuerons à respecter la confidentialité de l’enquête », a déclaré jeudi un porte-parole de Camrail. Eric Melet, président de Bolloré Africa Railways, l’exploitant de la ligne de chemin de fer où s’est produit l’accident, avait déclaré fin octobre que le train roulait à une vitesse deux fois plus rapide que la normale à l’approche de la gare d’Eséka. Il avait ajouté que la décision de doubler le nombre de voitures du convoi pour faire face à la forte demande avait été autorisée par les autorités et que le nombre de passagers supplémentaires était conforme à la capacité des voitures. Benoît Essiga a confirmé l’authenticité du rapport dont Reuters a obtenu copie.Les autorités camerounaises ont fait état de 79 morts après l’accident et n’ont pas communiqué de bilan définitif depuis. Des proches des victimes de l’accident ont déposé plainte au mois de novembre contre Camrail et Bolloré, les accusant de négligence et d’homicide involontaire