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Cacophonie au sommet de l’Etat : Quand l’autorité politique lâche l’armée

D’abord une déclaration de guerre du Premier ministre, Moussa Mara suite à sa visite mouvementée du 17 mai à Kidal, suivie de celle du président de la République,  Ibrahim Boubacar Keïta dans son adresse à la Nation. Ensuite, un appel au dialogue et à la négociation de ces mêmes personnalités. Enfin, un appel au cessez-le-feu, demandé par le président de la République après l’engagement des hostilités et surtout après l’évaluation des rapports de force. On aura tout vu dans ce pays  du samedi 17 mai 2014 au vendredi 23 mai 2014.  On est allé de rebondissement à rebondissement. Pendant ce temps, le peuple est dépité. Il rumine la colère.

 moussa mara chef gouvernement premier ministre pm yelema

Après les affrontements entre l’armée malienne et les différents groupes armés du nord au cours desquels les FAMA (Les Forces Armées Maliennes), qui voulaient récupérer le gouvernorat de Kidal, leur position initiale, des questions demeurent. Après l’affront donc les zones d’ombre doivent être éclaircies. Les informations les plus contradictoires circulent. Les versions sont différentes.

Les autorités affirment que ni le président de République, Ibrahim Boubacar Keïta, ni le gouvernement n’étaient au courant de l’offensive lancée mardi par l’armée malienne à Kidal pour reprendre le contrôle du gouvernorat de cette ville.
Selon le Premier ministre, Moussa Mara, au cours d’un entretien avec les journalistes à la primature, l’opération n’avait pas été préparée, il y a eu un dérapage. La politique n’a pas donné d’ordre. Il y a eu des erreurs, des enquêtes seront diligentées et les responsabilités seront situées. Cette déclaration du PM est très lourde de conséquence. Comme si cela ne suffisait pas, le ministre de la communication, Mahamadou Camara abonde dans le même sens. Dans une interview sur une radio internationale, il a déclaré : « Il y a eu une faute au niveau de l’armée. IBK n’était pas au courant ».

Manque d’autorité

Dans un Etat sérieux, de telles pratiques sont à la fois inadmissibles et intolérables. La version des autorités démontre à suffisance qu’elles ne maîtrisent rien au sein de l’armée. Il y a un sérieux problème au niveau du commandement. Qui a donné l’ordre d’attaquer ? Il y a-t-il eu une évaluation réelle des moyens (humains, matériels, logistiques etc.) sur le terrain ? Le président de la République, chef suprême de l’armée maîtrise-t-il la situation des troupes ? Les élus de la Nation ont-ils donné leur quitus ? Les éléments sur le terrain obéissent-ils aux ordres du commandement ? Là est toute la question. C’est à ces questions que les plus hautes autorités doivent donner des réponses claires pour honorer l’honneur perdu des maliens. De toutes les façons, cette sortie ratée de l’armée sans l’aval des autorités politiques peut être qualifiée de manque d’autorité de l’Etat.

Crise de confiance

A la lumière des différentes déclarations, la responsabilité de l’échec est totalement attribuée à l’armée malienne.

Selon les plus hautes autorités, les éléments des FAMA ont commis une erreur monumentale. Il y a-t-il une crise de confiance entre l’armée et les plus hautes autorités ?

Les autorités politiques ont-elles jeté l’armée nationale dans la gueule du loup?
En tout cas, c’est du jamais vu, le président de la République, IBK après avoir placé ses hommes de confiance au sein des postes clés de l’armée malienne, a du mal à avoir satisfaction. Son premier ministre en passant par son ministre de la communication tous portent un doit accusateur sur les FAMA après leur débâcle lors de l’assaut honteux et inopiné sur le gouvernorat de Kidal.

S’il n’y a pas eu d’ordre, la sanction est claire. Elle concerne toute la chaîne de commandement. Du ministre de la défense au ministre de la sécurité intérieure en passant par le chef d’Etat-major général des armées ainsi que tous les autres responsables qui occupent toute la chaîne de commandement sur le terrain. Chacun à son niveau de responsabilité doit rendre des comptes. Les autorités politiques elles aussi doivent éclairer l’opinion nationale sur cette erreur fatale qui peut être qualifiée de manque d’autorité de l’Etat.
Moussa Mamadou Bagayoko

SOURCE: L’Humanité
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