Un groupe armé a tué 26 personnes dans le nord-ouest du Burundi, a annoncé samedi le ministre de la Sécurité, dénonçant une « attaque terroriste » à quelques jours du référendum constitutionnel qui devrait permettre au président Pierre Nkurunziza de rester au pouvoir jusqu’en 2034.
« Les terroristes venus et repliés en RDC ont fusillé et brûlé: 26 morts + 7 blessés », a affirmé Alain Guillaume Bunyoni.
Cette attaque est survenue alors que le climat est de plus en plus tendu dans le pays à l’approche du référendum constitutionnel contesté prévu le 17 mai qui devrait permettre au président Nkurunziza, au pouvoir depuis 2005, de briguer deux mandats de sept ans à partir de 2020.
Le gouvernement a déployé ces dernières semaines des soldats dans les zones frontalières après avoir accusé des groupes de l’opposition en exil de chercher à perturber la consultation.
Pendant des heures, à partir d’environ 22H00 (20H00 GMT) vendredi, un village de la province de Cibitoke, frontalière de la République démocratique du Congo (RDC) et du Rwanda, a été le théâtre d’un déchaînement de violences, ont raconté des témoins à l’AFP.
Un groupe d’hommes armés de fusils et d’armes blanches a tué des dizaines de personnes et incendié des édifices, ont-ils dit.
« Ces criminels sont allés de maison à maison et ont commis un véritable carnage, certaines des victimes ont été égorgées, d’autres achevées au fusil, (…), il y a même toute une famille qui a été brûlée vive dans sa maison », a expliqué un responsable local.
On ignore pour l’instant les raisons de cette attaque et l’identité des assaillants, qui ont, selon des habitants, gagné la RDC après l’attaque.
« Pour l’instant, ces criminels ne sont pas encore identifiés, mais une enquête est en cours pour déterminer leur identité », a déclaré un policier qui a souhaité garder l’anonymat.
– Répression accrue –
L’annonce en avril 2015 de la candidature controversée de M. Nkurunziza, âgé de 54 ans, à un troisième mandat a plongé le Burundi dans une crise politique qui a fait au moins 1.200 morts et plus de 400.000 réfugiés, et sur laquelle la Cour pénale internationale a ouvert une enquête.
L’ONG Human Rights Watch (HRW) avait dénoncé en avril une répression accrue dans le pays à l’approche du référendum. Dans un communiqué accompagnant la publication d’un rapport, elle avait accusé les forces gouvernementales et les membres du parti au pouvoir d’avoir « tué, passé à tabac et intimidé des citoyens perçus comme des opposants » afin d’assurer la victoire du président Nkurunziza au référendum.
Le référendum se déroulera dans des conditions étroitement contrôlées. Un décret présidentiel prévoit une peine d’ »un à trois ans de prison » pour quiconque tentera de convaincre les électeurs de « s’abstenir de voter ».
Début mai, l’autorité des médias avait annoncé la suspension pour six mois des radio britannique BBC et américaine VOA pour « manquements à la loi régissant la presse ». La radio française RFI a reçu « une mise en garde » pour « un traitement jugé tendancieux et mensonger » d’informations sur le Burundi, à deux reprises.
L’opposition en exil, regroupée au sein de la coalition Cnared, a appelé la population à « boycotter » le référendum qui va selon elle signer « l’arrêt de mort » de l’Accord de paix d’Arusha de 2000.
Cet accord, qui structure la vie politique au Burundi depuis sa signature, avait ouvert la voie à la fin de la guerre civile (1993-2006) ayant fait plus de 300.000 morts. En vertu de ce texte, aucun président ne peut diriger le Burundi pendant plus de dix ans.
Le projet de révision constitutionnelle a été critiqué par la communauté internationale, notamment l’Union africaine.