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Burkina: trois raisons pour ne pas craindre la CEDEAO

Une délégation de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) sera l’hôte du gouvernement de transition ce vendredi. Si elle ne se mettra pas au garde-à-vous devant le nouveau maître de Ouagadougou, le colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, la mission ne passera non plus par quatre chemins pour dire au président du Faso, que le tarif maximum que l’organisation sous-régionale accorde aux putschistes pour une transition, réussie ou pas, est de 16 mois. S’ils sont un peu plus gentils et réceptifs, une rallonge de quelques mois supplémentaires est accordée aux pestiférés en treillis, pour leur donner le temps de retourner à la caserne.

Car ce n’est jamais facile d’abandonner les lambris dorés et le tapis rouge des palais présidentiels, pour retourner au lit de camp. Si certains arrivent à s’installer pour de bon dans la maison qu’ils ont nettoyée, d’autres présidents en kaki résistent difficilement à la pression de la communauté internationale, très pressée de remettre le pouvoir aux civils. Les élections à tout prix! Tel est le mot d’ordre auquel ne sauraient se dérober, sous menace de sanctions draconiennes, ciblées ou générales, les braqueurs de pouvoir par les armes, la seule voie indiquée par la constitution étant celle des urnes.

En tout cas, la CEDEAO veille au grain et le dira, sans aucun doute, ce vendredi, aux dirigeants burkinabè de qui ils exigeront, en plus de la réduction de la durée de la transition burkinabè de 36 mois à une période plus «raisonnable», la libération «sans condition et sans délai», de Roch Marc Christian Kaboré, le désormais ancien président du Faso, depuis le 24 janvier dernier. Sinon, les mêmes causes pourraient bien produire les mêmes effets qu’au Mali voisin qui ploie aujourd’hui sous les sanctions de la CEDEAO du fait de l’entêtement du colonel-encore un- Assimi Goïta et les siens à exercer une transition hors du commun de quatre à cinq ans. Non, le Burkina Faso n’est pas le Mali, même si les mêmes terroristes ont imposé deuils, déplacés forcés et insécurité, aux deux pays!

En effet les autorités burkinabè, dans leur réponse aux injonctions de la CEDEAO ont clairement signifié que «depuis un peu plus de trois semaines, des concertations ont été initiées au niveau national et se poursuivent dans l’optique d’aboutir au retour de l’ancien Président dans une résidence familiale de son choix tout en garantissant sa sécurité». De même, le Burkina n’a pas demandé une transition de 4 à 5 ans mais un temps relativement moins long, pour essayer de faire remonter à la surface, le pays qui avait touché le fond. Last but not least, les nouvelles autorités burkinabè ne se sont pas tournées, du reste pas pour l’instant, vers la société de sécurité privée russe Wagner dont les éléments sont considérés comme des «mercenaires».

Le seul délai qui vaille c’est celui «de bien faire les choses». Ainsi a réagi Ouagadougou qui a même pris acte de la décision de la CEDEAO de nommer un médiateur pour accompagner la transition burkinabè. Inutile donc pour la CEDEAO d’engager un bras-de-fer improductif à cause d’un fétichisme de dates sur lesquelles un modus vivendi pourrait être rapidement trouvé afin de ne pas en rajouter aux souffrances des Burkinabè qui ne savent plus à quel saint se vouer, pris entre l’étau du terrorisme qui les endeuillent au quotidien et l’enclume des conséquences dévastatrices de la pandémie du Covid-19.

En tout cas, le Burkina où le peuple, excédé par l’incapacité de ses anciens gouvernants à lutter contre la corruption et surtout contre les attaques terroristes, a applaudi l’irruption des hommes en kaki sur la scène politique, n’adopte pas, pour l’instant, une posture de confrontation avec la CEDEAO. La CEDEAO gagnerait également, à être une structure d’accompagnement et non une organisation de sanction, comme le souhaite le gouvernement burkinabè. Toutefois, il est important, voire déterminant pour la suite, que les deux parties, surtout les autorités de transition burkinabè fassent preuve de bonne foi. Une sincérité, qui est, malheureusement de nos jours, la chose la moins bien partagée.

Une chose est certaine, nous sommes en Afrique où tout se négocie, comme au marché où le tas piment proposé par la vendeuse à 100 FCFA, peut atterrir dans le panier de sa cliente à 25 FCFA.

Par Wakat Séra

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