Selon le HCR, qui s’appuie sur des témoignages de réfugiés, les forces de sécurité (burkinabè) ont frappé « à coups de matraque, ceinturon et corde » « des hommes et des garçons » du camp de Mentao qui abrite 6.500 réfugiés maliens. Ce camp est situé à 20 kilomètres au sud de la ville de Djibo, dans le nord du Burkina, région frontalière du Mali régulièrement ciblée par des attaques jihadistes depuis cinq ans.
A la suite d’une « attaque contre des soldats, plus tôt dans la journée » (un soldat a été tué et un autre est porté disparu), « les forces de sécurité sont entrées dans le camp, à la recherche d’individus armés impliqués dans l’attaque », et ont « procédé à une recherche porte-à-porte…forçant les hommes et les garçons à sortir avant de les frapper », a affirmé le HCR qui déplore 32 blessés.
« Les réfugiés se sont vus accusés de complicité à l’égard des assaillants non-identifiés et ordonner de quitter le camp dans les 72 heures, sous peine de mort », a ajouté le HCR. Les forces de l’ordre burkinabè, ainsi que celles des pays voisins, Mali et Niger, qui luttent contre des groupes jihadistes, sont régulièrement accusées d’exactions, y compris d’exécutions extrajudiciaires à l’encontre de civils.
Le 20 avril, l’organisation de défense des droits humains Human Rights Watch a accusé les forces de l’ordre burkinabè d’avoir exécuté 31 habitants de Djibo « lors d’une parodie brutale d’opération antiterroriste » le 9 avril. Le 30 avril, la Mission de l’ONU au Mali, la Minusma, a dénoncé 101 exécutions extrajudiciaires au premier trimestre au Mali par les forces de sécurité maliennes, plus une trentaine commise par l’armée nigérienne sur le territoire malien.
Les violences jihadistes mêlées à des conflits intercommunautaires, qui touchent l’ensemble du Sahel, ont fait au total 4.000 morts au Mali, au Niger et au Burkina Faso en 2019, selon l’ONU. Le Burkina dénombre plus de 800 morts et près de 860.000 déplacés depuis 2015.