Les langues se délient peu à peu sur a lutte déguisée des forces françaises contre le terrorisme au Mali. Longtemps soupçonné d’exploiter le sous sol septentrional, Barkhane n’est point en train de démentir en procédant par l’arrestation de citoyens présentés comme des prises terroristes et remis aux autorités maliennes.
Les interventions musclées des Français dans les familles à Kidal leur ont même attirées une antipathie sans précédent d’une ville où la convivialité avec les habitants était assimilée naguère à une complicité dans le dos de l’armée malienne.
Marches de protestation, jets de pierres et violences verbales ont ainsi dominé l’atmosphère à Kidal, toute la semaine dernière, suite aux arrestations suivies de destructions massives de propriétés privées. Ce n’est pas tout. Les habitants de Kidal jurent en mettant le doigt au feu que les personnes ciblées par Barkhane ont pour seul tort d’avoir été les témoins oculaires de l’extraction illicite de l’or malien dans la zone de Tessalit.
L’une des six personnes arrêtées confie même à des proches avoir personnellement collaboré pour paraître à leurs yeux comme un gênant témoin du pot-aux-roses
Le N°1 des députés Adéma met les pieds dans le plat
Il faut sans doute être Issa Togo et avoir le titre de Président du groupe parlementaire du Pasj pour cracher ses vérités au Comité exécutif sans coup férir. C’était lors de la dernière réunion que la direction du Parti de l’Abeille a consacrée à la stratégie électorale en vue des prochaines consultations communales partielles, régionales et de cercle. Pendant que les membres du Comité exécutif confrontaient les schémas d’alliances pour que le parti sorti gagnant de la compétition électorale, le député élu à Koro, a choisi de mettre directement les pieds dans le plat. Il a notamment mis le pointeur sur la principale lacune qui empêche sa famille politique d’être maître de son destin électoral, à savoir : la faible représentativité de la plupart des membres du CE à leur base, qui peut se juger selon lui à leur rendement politique peu enviable. Une très insultante pierre dans la mare des nombreux dirigeants qui se sont illustrés aux dernières consultations par des résultats qui ont tiré l’Adema vers le bas. Ce sont eux pourtant, déplore le président du groupe parlementaire des Abeilles, qui prétendent décider des choix du parti sans apport conséquent.
Ni rentrée scolaire, ni administration à Kidal
Comme chaque année depuis qu’il est au département de l’Education, le ministre Ag Erlaf accorde un intérêt tout particulier à la rentrée scolaire à Kidal. Il était d’ailleurs sur le terrain, la semaine dernière, pour constater de visu la triste réalité : des établissements sans élèves et des enseignants qui ont pour la plupart choisi de contracter avec la Minusma. De quoi s’interroger au passage sur l’utilité de cette mission onusienne si elle doit constituer ses ressources humaines en débauchant dans les rangs d’un corps enseignant déjà déficitaire dans cette partie du septentrion.
La situation n’est pas plus enviable quant au déploiement de l’administration malienne en 8ème Région.
En dépit de l’installation déjà laborieuse du gouverneur Mohamed Ag Ichrach, aucun symbole de l’Etat ne témoigne pour l’heure de l’effectivité de ses démembrements : pas de couleurs nationales, pas de bâtiment ni de prestations administratives en direction des usagers. Pis, les puissants maîtres des lieux ont pris soin de bien cerner le représentant de l’Etat en l’entourant des plus loyaux serviteurs de la CMA à titre de conseillers en vertu de l’accord subsidiaire passé entre l’Etat et les mouvements.
La mémoire d’Abderhamane Baba Touré profanée à Niarela
Il est pourtant la seule figure qui fasse l’unanimité au sein d’une Ruche qui souffre autant d’absence de repère et de leadership que de cohésion.
Le nom du tout premier président d’honneur du Pasj, fondateur de l’Adema, est certes gravé à l’enseigne de la très célèbre École nationale des ingénieurs (ENI) et son image inonde les murs du siège de son parti. Mais cette marque de considération contraste cruellement avec l’état de la sépulture qui témoigne de sa présence au cimetière de Niaréla. C’est là, en effet, que le célèbre physicien et ancien président de la Cour constitutionnelle repose au milieu des nombreux martyrs inconnus des événements de Mars 1991. Il nous revient de témoin oculaire que la figure emblématique du mouvement démocratique n’y connaît point d’existence moins modeste que de son vivant. Ce n’est pas en tout cas une tombe dépourvue d’épitaphe respectable qui le distingue du commun des morts.
Chaque année pourtant, le rituel du pèlerinage funèbre du 22 Mars, journée commémorative des martyrs, permet de s’enquérir de l’état dans lequel repose le père fondateur de l’ADEMA. À qui les ruchers doivent l’honneur d’une visite et d’un entretien périodique.
Me Harouna Toureh fortement pressenti à la CMA
Avec les conciliabules et convergences tous azimuts entre mouvements armés, la dichotomie loyaliste- séparatiste’ laisse peu à peu de la place à un grand mouvement de transhumance. De source bien introduite, en tout cas, le président de la Plateforme en personne ne devrait pas résister à la vague. Il est en clair pressenti à la Coordination des mouvements de l’Azawad avec laquelle les négociations seraient très avancées, à en croire la même source. Et de préciser par ailleurs que la transhumance de Me Harouna Toureh s’explique par une constante cristallisation de ses divergences avec les autres animateurs de la Plateforme.
À noter qu’une adhésion du président de la Plateforme implique naturellement une démarcation de l’ensemble du CMFPR au profit de la CMA, dont la plupart des acteurs ont jadis collaboré avec Me Toureh dans le cadre de l’ancienne association AIR-Nord.
L’école malienne se politise à nouveau
L’école malienne éprouve comme une phobie de l’accalmie et une nostalgie des vagues politiques. Après une long repose sabbatique, elle renoue de nouveau avec le politique, à en juger du moins par les faveurs inédites que le chef de l’Etat à choisi d’accorder aux leaders de l’Aeem reçu pour la première fois à Koulouba à coups d’exhibitions de présents.
Cet événement n’est qu’un indice moins grave de la politisation de l’école en comparaison avec la circulation massive de matériel didactique à l’effigie du même locataire de
Koulouba. La pratique ayant été cautionnée, d’acteurs politiques de moindre envergure peuvent s’adonner à cœur joie. C’est le cas de nombreux députés qui, au détour d’une générosité envers les établissements scolaires de leur circonscription électorale, prennent chaque année d’assaut l’espace scolaire malien et en font leur tribune privilégiée d’autopromotion.
La Radio Kayira de Koutiala victime d’une raison aristocratique
La Radio Kayira n’émet plus à Koutiala. Sur instruction du préfet de la contrée de l’Or Blanc, elle a été mise hors d’état d’ennuyer sans que les vociférations de son promoteur, le député Oumar Mariko, puisse changer quelque chose. Cette restriction de la liberté de presse fait suite à une certaine visite que les notabilités de la ville de Koutiala ont rendu au chef de l’Etat pour le saluer et l’assurer de leur accompagnement au nom de la contrée dont il est lui-même natif. Après avoir savouré l’accueil chaleureux et la convivialité d’IBK ils sont retournés au bercail pour coïncider avec la disgrâce qui les attendait de la part de l’une des voix les plus retentissantes dans la capitale de coton. Le tort de Radio Kayira aura été d’avoir lancé sur les antennes que les visiteurs d’IBK, si illustres soient-ils, n’ont jamais été commis par les citoyens de Koutiala au nom desquels ils prétendent avoir entrepris la démarche. C’est du moins la principale raison mentionnée dans la décision de fermeture du préfet, qui prouve du coup qu’au Mali le crime de lèse-majesté (un ordre aristocratique) est applicable aux grands principes qui consacrent la liberté d’expression.
La délicate question d’Iyad et le jeu double d’IBK
Interrogé sur les antennes de l’Ortm au sujet de l’équation Iyad Ag Ghali, le président de la République, qui s’adressait en même temps à l’opinion à l’occasion de ses quatre années au pouvoir, s’est montré assez ferme sur le sort du chef rebelle. Pour lui, le locataire des grottes de Tegharghar n’aura sa place dans la République qu’en répondant des crimes qui portent sa marque, surtout qu’il s’est lui-même mis en marge en choisissant l’islamisme. Mais il y a visiblement la mer à boire entre ce qu’on dit pour plaire à une opinion et ce qu’on fait pour satisfaire une autre. En clair, pendant qu’il veut paraître aux yeux de l’international comme un chef très attaché à la laïcité, des négociations et démarches nocturnes sont engagées pour obtenir un terrain d’entente avec Iyad Ag Ghali, conformément aux recommandations du forum pour la Paix. Nos sources indiquent que pour ce faire IBK avait eu recours aux services d’une très célèbre notabilité de la région de Kidal, dont nous tairons le nom par convenance. La personnalité en question a même convenu avec le chef rebelle d’un rendez-vous et d’un lieu de convergence quand soudain un cas de force majeur est venu bouleverser les plans et tout remettre en cause.