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Bréma Ely Dicko : « On ne sait plus à quel saint se vouer »

Le Mali vit depuis le 24 mai dernier, dans une situation tendue. Invité dans ce cadre à la RFI, le 26 mai 2021, Bréma Ely Dicko, sociologue et anthropologue malien, donne des éclaircissements sur la situation, les raisons d’arrestation du Président de transition et son Premier ministre ainsi que le risque que court le Mali si la communauté internationale ne fait rien.

Le 24 mai dernier, la liste d’une nouvelle équipe gouvernementale a été annoncée à la télévision nationale. Quelques heures après, l’armée a procédé à l’arrestation du Président et son Premier ministre ainsi que plusieurs autres personnalités proches du couple exécutif.

«Peur d’être davantage fragilisée »

Selon Bréma Ely Dicko, ces arrestations s’expliquent par le fait que deux ténors de l’ex-Conseil National pour le Salut du Peuple (CNSP) ont manqué à l’appel du nouveau gouvernement formé par Moctar Ouane. Il s’agit des colonels Sadio Camara et Modibo Koné qui ont été remplacés par deux autres généraux de brigade. Aux dires de M. Dicko, cette situation a occasionné la frustration d’une partie de l’armée, notamment la Garde nationale, et finalement conduit à l’interpellation de ces personnalités à Kati, une ville à 15 kilomètres de la capitale malienne.

Quant au changement effectué aux postes de la Défense et de la Sécurité par le Président Bah N’Daw et le Premier ministre Moctar Ouane, Bréma Ely Dicko estime qu’« il y avait une volonté de construire un gouvernement de large ouverture, un gouvernement inclusif et représentatif, un gouvernement plus facilement contrôlable. » « Si on a toujours les ténors de la junte avec soi, il est difficile finalement de leur imposer des instructions », a-t-il ajouté.

En prenant une telle décision, peut-on dire que les militaires ont pris du risque de braquer la communauté internationale ? Déjà fragilisée par la situation sociale, notamment le chronogramme du M5-RFP ainsi que la série de grèves de l’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM), la junte a, selon M. Dicko, peut-être eu « un peu peur d’être davantage fragilisée. » « Pour eux c’était peut-être plus simple de travailler à reprendre la main, aussi, de leur côté », a-t-il laissé entendre.

Des consternations

Selon le sociologue malien, il y a des consternations face à cette situation dans la mesure où on se dit que c’est « un éternel recommencement au Mali. » « On ne sait plus à quel saint se vouer », déplore-t-il.

À la question de savoir si la transition est soumise au bon vouloir des militaires, M. Dicko n’a pas hésité à déclarer qu’elle l’est dès le début. « Nous avons eu une transition civile militairement assistée », déplore-t-il. Avant d’ajouter qu’« on passe d’une transition civile militairement assistée à une transition militaire. »

M. Dicko invite toutefois la CEDEAO à ne pas laisser entériner ce qui se passe au risque d’ouvrir la porte à d’autres expériences dans d’autres pays voisins. Une situation, selon lui, qui pourrait également occasionner l’abandon du Mali et des Maliens.

Bakary Fomba

Source: Sahel Tribune
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