Le buraliste qui a blessé un braqueur avec un fusil chargé de balles en caoutchouc, lundi 30 septembre dans la matinée, a agi en état de “légitime défense” et aucune poursuite n’est “envisagée pour l’instant” contre lui, a indiqué le procureur de la République de Marseille, Brice Robin, lors d’une conférence de presse en fin de journée.
“Les investigations en cours me permettront vraisemblablement d’ici le début de soirée de remettre en liberté l’auteur de ces deux tirs, car le fait justificatif de légitime défense m’apparaît caractérisé”, a expliqué M. Robin. Il avait été placé en garde à vue dans les locaux de la division criminelle et de répression du banditisme de la police judiciaire, comme le veut la procédure.
MUNITIONS NON LÉTALES
Le buraliste de la rue d’Enco-de-Botte, dans le 12e arrondissement de Marseille, avait ouvert le feu avec un fusil à pompe armé de munitions de type gomme cogne sur trois malfaiteurs encagoulés qui tentaient de le braquer, blessant légèrement l’un d’eux. Le commerçant, qui avait déjà été attaqué il y a deux mois, a tiré à trois reprises avec un fusil à pompe chargé de munitions non létales, blessant à la jambe l’un des hommes encagoulés. L’état du blessé, âgé de 17 ans, “connu de la police”, n’inspirait “aucune inquiétude”, selon une source citée par l’AFP. Les deux autres malfrats sont en fuite et recherchés activement par la police.
Deux affaires récentes dans le Sud-Est ont relancé le débat sur l’autodéfense. Le 22 août, un retraité de 61 ans qui tentait d’intercepter deux jeunes hommes qui venaient de s’attaquer à un buraliste de Marignane a été tué d’un tir de fusil à pompe. Le 11 septembre, un bijoutier niçois a tué, avec une arme qu’il détenait de façon illégale, l’un des deux hommes qui venaient de l’agresser. L’homme, âgé de 67 ans, a été mis en examen pour homicide volontaire et assigné à résidence sous bracelet électronique ce qui a déclenché une vague de soutien du bijoutier sur Facebook.
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La législation actuelle punit le meurtre, mais le code pénal prévoit dans certains cas des “causes d’irresponsabilité ou d’atténuation de la responsabilité”, parmi lesquelles celles relevant de la “légitime défense”.
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VALLS CONDAMNE L’AUTODÉFENSE
Après l’annonce de cette nouvelle affaire, le président du syndicat des buralistes des Bouches-du-Rhône a demandé que les débitants de tabac reçoivent une aide pour s’équiper d’ADN chimique, “un système qui a fait baisser de 90 % les attaques de commerces dans certains quartiers de Grande-Bretagne”. Ce système diffuse dans le commerce en cas d’agression une vapeur contenant une trace d’ADN unique, une signature propre à chaque établissement et qui reste pendant six mois sur les personnes même après qu’elles se sont lavées, ce qui permettrait de confondre les auteurs de braquage plus facilement.
A l’issue d’une rencontre avec les forces de l’ordre parisiennes, lundi, Manuel Valls a indiqué “comprendre la peur des commerçants”, mais il a insisté sur le fait que “c’est à l’Etat d’assurer la sécurité”. Plutôt favorable aux initiatives locales mises en place pour prévenir les cambriolages, le ministre de l’intérieur a déclaré aux policiers : “Vous pouvez vous associer à ces initiatives à deux conditions […] : la première est la politique partenariale ; la seconde, qu’il n’y ait aucune dérive vers l’autodéfense.”