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Boubacar Niang, président du Conseil Malien des Chargeurs de Kayes : «La satisfaction de l’usager est au cœur de nos préoccupations»

En tant qu’établissement public à caractère professionnel, le Conseil Malien des Chargeurs (C.M.C) est un organisme personnalisé dont la gestion est déléguée par l’autorité publique à une personne morale dotée de l’autonomie financière. À quelques encablures du renouvellement de ses  instances dirigeantes, les convoitises font rage au niveau de ses différents démembrements.

 

Nous avons recueilli dans la foulée les impressions et éclairages du président sortant du CMC de Kayes, non moins prétendant à sa propre succession, Boubacar Niang.

Pouvez-vous nous édifier, Monsieur le Président, sur le rôle et de la place du CMC dans le secteur auquel il est dédié ?

Créé par l’Ordonnance N°99-036/P-RM du 23 septembre 1999 modifiée par l’Ordonnance N°05-008/P-RM du 9 mars 2005, le Conseil Malien des Chargeurs joue un rôle de service public et figure dans la nomenclature globale des établissements publics, en vertu notamment des dispositions de la loi portant principes fondamentaux de création, d’organisation et de contrôle des services publics. Il a pour mission essentielle de représenter les importateurs, exportateurs et Transitaires agréés tout le long de la chaine des transports et de défendre leurs intérêts au besoin. A ce titre, il assure les consultations et intermédiations nécessaires auprès des différents intervenants du secteur et contribue à la simplification des formalités et procédures ainsi que des documents administratifs et douaniers, y compris la réduction des coûts et délais d’acheminement des marchandises entre autres.

Il est en outre investi d’un rôle consultatif, qui consiste à donner son avis à la demande des pouvoirs publics ou à faire des suggestions en s’auto-saisissant de toute question relevant des domaines du transport et du transit des marchandises. Il est également chargé d’entreprendre et de coordonner les études, les actions de formation d’information et de conseil pouvant contribuer à la promotion et au développement des activités des chargeurs.

Quid, Monsieur le Président, de votre délégation régionale ?

À l’instar de toutes les délégations régionales du Conseil malien des chargeurs, celle de Kayes fait figure de démembrement de la structure nationale et répond d’une volonté de déconcentrer les services publics pour les rapprocher des usagers. N’a-t-on pas coutume de dire qu’ «On peut gouverner de loin mais on n’administre mieux que de près» ?

Supposément composé de natifs de la Région imprégnés des réalités locales, ses membres sont élus selon des critères bien définis. Ils accomplissent ainsi les missions dévolues au CMC, sous les auspices du bureau national. En réalité, «c’est le même marteau qui frappe. On a juste raccourci le manche, pour que les coups soient mieux ajustés». Cette figure caricaturale est certes plaisante mais elle illustre le souci d’efficacité

Où en êtes-vous avec les préparatifs et l’organisation du scrutin prévu pour ce 30 octobre, à l’effet de renouvellement de votre démembrement régional ?

Conformément à l’arrêté ministériel fixant les modalités d’élection des membres de l’assemblée consulaire du Conseil malien des chargeurs, la date du 30 octobre 2021 a été effectivement retenue pour le déroulement du scrutin. Je suppose que toutes les dispositions ont été prises pour des élections transparentes, acceptées de tous et respectueuses des règles prescrites en la matière. Au nombre des démarches et actions préparatoires on peut citer, entre autres, l’installation de la commission administrative chargée d’établir les listes électorales, l’information des chargeurs ainsi que du public de Kayes de la tenue des élections le 30 Octobre 2021, la publication en différentes langues des critères requis pour être électeur et éligible, les mesures prises au niveau de l’administration pour l’organisation matérielle du scrutin.

En tant que candidat à votre propre succession, quels arguments et acquis de votre gestion sous-tendent votre volonté de postuler pour un second mandat ?

En mai 2015, mon équipe et moi avons été élus pour un premier mandat de cinq ans. De cette date à nos jours, que de chemin parcouru ! Un chemin si long, qui nous a conduits dans un champ si vaste d’actions. Grâce à Dieu, nous avons pu le labourer avec amour et dévouement car l’intérêt général est pour nous un sacerdoce et la satisfaction de l’usager au cœur de nos préoccupations. Nous avons été guidés dans chacune de nos actions et décisions par une démarche participative et concertée. Ces principes et valeurs ont servi de boussole à l’équipe que j’ai eu l’honneur de conduire, tout au long de notre mandat au cours duquel nous avons périodiquement rendu compte de nos activités. Lesquelles sont consignées dans deux rapports triennaux : celui de  2019-2020-2021,  puis un précédent rapport couvrant la période de 2016 à 2018. Ils s’efforcent tous de dresser le bilan du parcours de la vaillante équipe que j’ai eu l’agréable devoir de diriger. Il est évident que ces rapports ne prétendent pas et ne sauraient prétendre donner un aperçu détaillé de notre quinquennat. Ils restituent, toutefois, avec une relative fidélité, les actions réalisées par notre équipe, y compris les missions effectuées et les partenariats noués. Les deux rapports font également ressortir les difficultés rencontrées ainsi que les recommandations que nous avons formulées aux fins d’améliorer le système.

En effet,  dans le cadre de l’accompagnement des chargeurs et de la facilitation des activités de transport dans la région, nous avions mené nombre de jalons tant au Mali qu’à l’étranger. Il me plait de pointer le curseur sur le renforcement des capacités d’une trentaine d’acteurs sur le Tarif Extérieur Commun (TEC) initiée par l’ALLIANCE BORDERLESS en partenariat avec la Délégation Régionale du CMC et la Douane. En partenariat avec la même Alliance ainsi qu’avec le Centre Frontalier d’Information (CFI) de Diboli, les Chargeurs de notre région ont été associés à diverses autres formations en rapport avec le Schéma de Libération des Echanges’’ (SLE), le Code des douanes de la CEDEAO et l’Accord de Facilitation des Echanges ‘’AFE’’. Sous l’égide de l’Agence de Développement Régionale, ils ont pris une part très active au Forum sur la «Mobilisation des Ressources Fiscales et Financières dans les Collectivités Territoriales de la Région de Kayes» ainsi qu’à la mission d’information et de sensibilisation du Comité de pilotage de suivi-évaluation de la mise en application du règlement n°14 au poste de pesage/péage de Diboli. Dans le même sillage, nous avons pris une part importante à la campagne d’information et de sensibilisation sur le basculement du trafic du corridor Nord vers le corridor Sud et la localisation des aires de stationnement à Diboli, initiée par le comité de facilitation des transports du département de tutelle en partenariat avec l’Union Européenne.

Le mandat finissant aura été également marqué par l’instauration et le renforcement de partenariats dynamiques, soldés pour certains par différentes misions et échanges qui illustrent notre souci d’accompagner et d’encadrer les acteurs régionaux de notre secteur. C’est dans ce cadre que se situe notre participation à la rencontre des conseillers au commerce des Centre Frontaliers d’Information (CFI) sur la Facilitation du commerce transfrontalier ainsi qu’à la mission de prospection en Guinée Conakry en vue du renforcement des relations entre les Conseils malien et guinéen des chargeurs et de la promotion des secteurs du commerce et du transit dans ces deux pays. Idem pour la mission à laquelle nous avons pris part en Mauritanie, dans le cadre de la rencontre billaterale pour la promotion du corridor Nouakchott-Bamako, en vue d’un partenariat economique durable. Participe de la même dynamique la mission effectuée à Accra au Ghana dans le cadre de la “facilitation du commerce.

Avec l’Ambassade d’Allemagne, le Conseil Régional de Kayes a engagé une réflexion très avancée sur le plan de développement de la Région. ce intra-régional en Afrique de l’Ouest.

Quelles sont les perspectives et comment envisagez-vous l’avenir du secteur au niveau local ?

Le prochain mandat que nous visons sera essentiellement consacré, si nous sommes élus, à trois axes principaux. Il parait indispensable, à nos yeux, de procéder à la relecture des textes pour en corriger les incohérences et insuffisances constatées dans le  fonctionnement des délégations régionales. In fine, le toilettage que nous projetons devrait conférer plus d’autonomie aux dites délégations, dans le cadre de la gestion décentralisé. S’inscrit dans ce même registre l’augmentation du nombre de membres consulaires qui est de seize (16) depuis l’avènement du décret de 1999.

Le deuxième axe a trait à l’élaboration d’un plan de sécurisation et de fluidité des différents corridors.  Avec l’insécurité qui sévit dans le pays depuis 2012, le corridor Dakar, à l’instar d’autres, connaît ces derniers temps des attaques terroristes, des braquages, des coupures de route etc. Nous envisageons des campagnes de communication, de sensibilisation et d’assistance des usagers en partenariat avec les services techniques, les partenaires techniques et financiers. Dans le même ordre d’idée, nous comptons disposer des équipements nécessaires pour porter secours et assistance aux transporteurs en détresse camions sur ledit corridor.

En ce qui concerne l’avenir du secteur au niveau local, nous estimons qu’il est très promoteur, compte tenu de la position géographique de Kayes en tant que région frontalière du Sénégal, de la Mauritanie et de la Guinéé Konakry. Pour en tirer profit au mieux des intérêts des chargeurs, nous comptons faire des plaidoyers en faveur d’une multitude de projets dont le butimage de l’axe Kayes Selibaby pour accéder au port de Nouakchott, la construction d’un espace logistique multimodal (rails/routes) sous douanes, la construction et le butimage des routes Kayes-Kéniéba et Kayes-Kita, le cabotage du fleuve Sénégal pour la navigabilité (Ambidedi), la promotion du transport aérien des marchandises (Kayes-Dag Dag).

Quant au troisième axe, il concerne la promotion de l’exportation des produits pour lesquels la Région de Kayes jouit d’un avantage comparatif. Il s’agit d’assister les exportateurs à travers leur formation et leur sensibilisation sur les produits tels que la gomme arabique, le pain de singe, le bétail, etc.

Quel message avez-vous à l’endroit des chargeurs de Kayes ?

Je remercie l’ensemble des chargeurs de Kayes pour leur sens élevé du devoir et de la responsabilité. De 2015 à aujourd’hui, nous avons travaillé ensemble main dans la main pour le bien-être des Kayesiens. Durant ces années de collaboration, ils ont fait montre d’un dévouement et d’un professionnalisme qui méritent d’être salués. Enfin, je remercie l’ensemble des membres consulaires du bureau sortant pour le travail remarquable qu’ils ont abattu. Leur esprit d’équipe est à la base des résultats probants que nous avons obtenus de 2015 à nos jours. Mes remerciements vont également à l’endroit de mes colistiers pour leur confiance renouvelée. Je leur donne l’assurance que cette confiance placée en ma modeste personne ne sera pas galvaudée inch’Allah.

 

Réalisée par A K

Source : Mali Tribune

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