La gestion de la crise scolaire n’est pas du tout du goût de l’enseignant et du syndicaliste Boubacar Koumaré qui vitupère le Premier ministre accusé de mépris, d’application sélection des lois de la République. Dans sa lettre publiée sur sa page Facebook et adressée au PM, il assure que les syndicats ne lâcheront pas une parcelle de leur droit. Lisez plutôt.
A Monsieur le Premier ministre Boubou Cissé
Monsieur le premier ministre,
J’aurais voulu ne pas en arriver à tremper ma plume dans l’ancre pour m’adresser à vous ainsi, car je vous ai tant défendu depuis la signature de l’Accord politique et je me suis toujours reconnu dans tous les actes inhérents à cet Accord.
Je me suis positionné pour cet Accord, car j’y ai trouvé un processus probable pour sortir ce pays que j’aime tant de sa profonde léthargie.
Aujourd’hui je ne le regrette pas et si c’était à refaire, je le referais sans nul doute et je l’assume. Je suis dans l’Accord politique et toujours pour l’Accord politique.
Mais hélas !!! Le contexte me pousse à m’adresser à vous, car comme je l’ai toujours dit: «si tes amis ne peuvent pas te dire la vérité, paye tes ennemis pour qu’ils le fassent.»
Monsieur le Premier ministre : Encore une fois après l’Hôtel des finances, vous vous trouvez en face des syndicats de l’éducation dans un bras de fer inouïe qui sans nul doute aura des conséquences fâcheuses et désastreuses pour une nation, pour le devenir de ses enfants dont l’éducation est un droit.
En cause l’application d’un article (39) d’une loi et quand je dis loi, un texte dûment voté par l’Assemblée nationale, promulgué et publié au journal officiel de la République du Mali.
Monsieur le Premier ministre, je ne reviendrai pas sur les démarches et les procédures adoptées par nous syndicats de l’éducation afin d’éviter à l’école malienne d’autres perturbations pour cette année scolaire (cf les lettres successivement adressées au ministre de la Fonction publique, à vous-même et aux rencontres syndicats/partenaires et acteurs de l’école). Toutes ces démarches étaient pédagogiques et de bonne foi.
Je ne pense pas avoir besoin de vous rappeler l’assurance que vous avez donnée à nous syndicats quant à l’application stricte de l’article 39 de notre statut loi lors de la rencontre que nous avons eue avec vous au cours de laquelle vous avez dit : « quand une loi stipule, le gouvernement n’a d’autre choix que de l’appliquer et je ferai tout pour faire appliquer la disposition avant fin 2019». Que dire des déclarations du chef de l’État lors de la journée de l’enseignant qui vous disait je cite :»j’enjoins au Premier ministre d’appliquer tous les protocoles d’accord trouvés avec les syndicats d’enseignants…»
Après les séances de négociations qui n’avaient même pas lieu d’être avant le déclenchement de ce mouvement de grève, vos propositions se chiffraient à 3,77% des 20% réclamés.
Encore hélas, toutes les certitudes données ont été vaines, pour l’application du fameux article 39, vous avez obligé nous syndicats de l’enseignement à déclencher un mouvement de grève en espérant sur quoi pour retourner l’opinion contre nous?
Les recommandations du Dialogue national auquel j’ai participé et qui demandent la trêve sociale, mais aussi l’application immédiate de l’article 39 même s’il faut modifier le même article après ? En quoi demander l’application stricte d’une loi est synonyme de nouvelles revendications qui transgressent le principe de la trêve sociale demandée recommandée par le DNI?
Sur une campagne de communication de dénigrement à l’encontre des syndicats à travers vos canaux officiels et officieux vous espérez certainement, mais vous ignorez jusqu’à ce point que nous avons plus de capacités de communication que vos canaux réunis, car nous avons la vérité de notre côté.
Monsieur le Premier ministre, je fus stupéfait par votre dernière sortie du dimanche 19 janvier 2019 au cours de laquelle vous abordez des solutions probables et suicidaires à notre mouvement de grève. Entre autres la retenue sur salaire (méthode classique alors que nous avons l’habitude de survivre à deux mois de retenue). Pire, la retenue sur salaire est une disposition légale et si vous connaissez le sens de la légalité, on vous demande quoi d’extraordinaire si ce n’est l’application d’une autre loi que vous violez délibérément. La république serait-elle devenue celle de l’application sélective des lois?
Le recrutement de 15 000 sortants de l’IFM sous contrat à durée déterminée en remplacement de 63 000 enseignants du préscolaire, du primaire, du fondamental et du secondaire, le temps de notre grève, sortants de l’IFM que nous enseignants avons formé.
Vous espérez sur quoi? Les utiliser comme peau d’orange et ensuite les jeter et les piétiner comme vous prétendez le faire avec nous?
Vous méritez quelle confiance pour qu’ils vous accordent ce crédit sachant bien que vous avez démontré à leurs aînés que ni l’écrit ni la parole donnée n’ont de sens pour vous?
Où est cet homme modeste que je respectais? Le diable serait-il entré en vous? Le pouvoir vous a-t-il saoulé ?
Bon Dieu qu’arrive-t-il à la République ? Vous faites du Mali la risée du monde et les rôles se sont inversés entre gouvernants et gouvernés.
La loi votée s’impose à tous, mais c’est aux gouvernants de la faire exécuter scrupuleusement, mais sur ce coup, ce sont les syndicats de l’éducation qui imposent aux gouvernants le respect d’une loi de la République !!!.
Monsieur le Premier ministre : par qui êtes-vous conseillés? Un conglomérat de Siaka DIARRA? Des béni oui oui qui ne savent pas vous dire que vous filez du mauvais coton sur ce coup, car ils défendent leurs pains?
Avez-vous des ennemis infiltrés au sein de votre cabinet et qui vous poussent à la faute ?
Monsieur le Premier ministre : entre mourir vite et mourir lentement, il n’y a pas de choix à faire pour nous syndicats de l’éducation, choisissez et nous sommes prêts à tout cela je vous en conjure.
Source : Info-Matin