Le nouveau directeur de l’Institut national de Formation en Sciences de la Santé (INFSS) a pris fonction, le 16 novembre 2021. Bokary Diallo puis que c’est de lui qu’il s’agit, évoque dans une interview les quatre grands axes sur lesquels il compte s’appuyer pour créer un cadre idéal de travail au sein de l’INFSS. Il remercie les plus hautes autorités du pays et rend hommage à ses prédécesseurs. Cadre rigoureux et compétent rompu à la tâche, Bokary Diallo ambitionne de faire de cet établissement stratégique dans la formation du personnel sanitaire, une référence avec des produits compétitifs sur le marché de l’emploi. Lisez plutôt l’entretien !
Le Challenger : Vous venez de prendre fonction. Comment s’est déroulée la cérémonie ?
Bokary Diallo : La cérémonie s’est très bien déroulée sans problème, sans incident. Je tiens à remercier les plus hautes autorités, mon prédécesseur et tous ceux qui ont dirigé cet institut. Je les remercie beaucoup pour tout l’effort qu’ils ont fourni pour la promotion et le développement des ressources humaines en santé.
Pouvez-vous nous rappeler les missions de l’Institut ?
Les missions sont inscrites dans l’ordonnance qui a créée l’institut. Il s’agit donc de l’ordonnance n°04-032/PRM du 23 septembre 2004 portant création de l’Institut nationale de Formation en Sciences de la Santé.
L’article 2 de cette ordonnance dit que l’INFSS a pour mission de contribuer au développement des ressources humaines en santé. Et le même article dit qu’à cet effet, l’INFSS est chargé d’assurer la formation initiale et continue des personnels paramédicaux d’une part, et d’autre part, participer à la recherche dans les domaines de la santé et de la formation. Et enfin l’INFSS a pour mission de réaliser des études ou des expertises entrant dans son domaine de compétence.
Peut-on avoir une idée des innovations que vous comptez apporter au sein de l’Institut ?
Vous savez en management, on dit que toute organisation qui ne fait pas une remise en question, qui ne cherche pas à évoluer, tombe dans l’autarcie, cela étant, des innovations seront effectuées, ce qui est d’ailleurs indispensable. C’est la théorie de la négation. Il faut évoluer. Les prédécesseurs ont excellemment travaillé, il faut aussi que mon équipe et moi, nous apportions notre plus-value.
C’est pourquoi, nous avons quatre piliers essentiels que nous comptons développer. D’abord, le premier pilier que nous comptons développer ici, c’est de tout faire pour mettre en place un climat social apaisé. Un climat social apaisé sans lequel, il ne peut pas y avoir de développement parce que tout commence par l’homme et finit par l’homme. Il faut que les ressources humaines qui sont là se sentent très bien à l’aise. C’est ce que nous appelons l’ambiance au sein de l’équipe d’où cette pensée d’Elton Mayo : « Les résultats d’une équipe dépendent du niveau d’ambiance en son sein », c’est-à-dire, plus l’ambiance est bonne, plus les résultats sont bons.
Comme deuxième pilier, nous allons mettre en place un système d’obligation de résultat dont le directeur en première position, pour que chaque membre, chaque travailleur, sache qu’il y a une obligation de résultat. Et pour ce faire, nous comptons mettre en place un document d’évaluation de la performance individuelle et collective avec des indicateurs objectifs impartiaux, impersonnels et sans passion, partagé par tout le personnel. Le document sera évalué périodiquement, pour connaître le meilleur agent.
Le troisième pilier va concerner le développement de toutes les stratégies et le recrutement des meilleurs enseignants et le renforcement continu de leurs capacités. L’ambition est d’avoir des produits de l’Institut très compétents et très compétitifs sur le plan international. Il s’agit de permettre à l’Institut d’avoir un avantage concurrentiel par rapport à toutes les autres institutions de toute l’Afrique.
S’agissant du quatrième pilier, nous comptons développer un système de justice sociale fondé sur l’équité.
Vous savez qu’avec la théorie de l’équité, la justice, il est important que l’avantage personnel divisé par la contribution personnelle soit égal aux avantages des autres divisés par la contribution des autres. En français facile, ça veut dire que si quelqu’un a droit à quelque chose, il faut le lui donner.
D’ailleurs, pour que les gens puissent être performants, nous avons la formule de K. Levin ou de Victor V. qui dit que la performance de l’être humain est égale à sa motivation multipliée par sa compétence. Ça veut dire que si tu veux qu’un agent soit performant, il y a deux indicateurs indispensables notamment la motivation et la compétence. Quand l’un des deux indicateurs est nul, la performance est nulle.
Pour ce faire, il faut que l’on puisse développer la motivation pour développer la compétence. Et cette motivation aussi selon Victor V est tributaire de trois facteurs qui sont la valence, l’instrumentalité et l’effort. Autrement dit, pour que quelqu’un soit motivé, dans un premier temps, il faut que la personne sache que lorsque l’on lui donne des récompenses par rapport à sa motivation, la valeur qu’il donne à ces récompenses-là, c’est cette valeur qu’il accorde la valeur à cette récompense. Plus il accorde la valeur à cette récompense, plus il est motivé.
Dans un deuxième temps, il est important de savoir que lorsque quelqu’un travaille, et que l’on lui donne une récompense, la perception qu’il a de cette récompense. Plus cette perception est élevée, plus la personne est motivée.
Et dans un troisième temps, lorsque l’on a parlé d’évaluer la performance individuelle et collective, il est important que les gens sachent que plus on fournit des efforts, plus nous avons une reconnaissance. Donc, la performance doit être en fonction de l’effort. Et maintenant, la récompense aussi doit être en fonction de l’effort fourni. Voilà donc c’est ce système managérial que nous comptons développer afin que tout le monde se sente à l’aise, que chaque travailleur soit pressé de venir au service, que chaque travailleur soit pressé de voir l’autre. C’est ce que nous comptons faire : une équipe, et cela, passe obligatoirement par un travail d’équipe ou personne ne doit se sentir isolé.
Quel est votre message à l’endroit des apprenants qui sont sous votre responsabilité ?
Vous savez, ici, les premiers clients, ce sont les apprenants. Donc il n’y a pas d’école sans apprenant. Il est important de demander aux apprenants d’être assidus. Nous allons leur fournir les meilleurs enseignants possibles en Afrique pour qu’ils puissent avoir les meilleures formations possibles, pour qu’ils soient compétitifs et concurrentiels sur le plan international.
Pour cela, qu’ils s’adonnent au travail, qu’ils apprennent et il y aura donc la justice, les évaluations seront les plus objectives possibles. Ils restent en classe et évitent vraiment d’être en dehors de la classe. Quand ils ont quelque chose à revendiquer, qu’ils revendiquent étant en classe. On pourra tout négocier et faire tout ce qui est à notre portée afin qu’ils puissent être dans les meilleures conditions possibles et de produire les meilleurs résultats possibles étant en classe.
Propos recueillis par Bourama Camara
Source : Le Challenger