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BÊTISIER du jour

La gestion de la crise sanitaire liée au coronavirus a mis à nu une crapulerie financière de hauts responsables tenaillés par leur seul agenda politique, des joutes pouvoiristes et un style de communication très factuelle sur fond de profondes divergences et de tacles assassins ; le tout dans le mépris souverain des populations. Un désastre en soi qui met dans un état de sidération.Lisez votre BÊTISIER du jour.

 

« Un Malien, un masque » : Dibi-dibi et youroukou-youroukou projetés ?

Dans son adresse à la Nation de ce 10 avril, le Président Ibrahim Boubacar KEITA a promis : ‘’dans le cadre du programme « Un Malien, un masque » que j’ai le plaisir d’annoncer, une commande spéciale de 20 millions de masques lavables sera livrée à Bamako dans le courant de la semaine prochaine’’. Parole de Président à exécuter sans murmures ni hésitations. Toute attitude contraire mériterait la décapitation sur la place publique du village.

Mais voilà, la promesse présidentielle est appliquée avec ruse et parcimonie.

Le Programme ‘’un Malien un Masque’’ s’est transformé en slogan politique. La distribution des masques, à tour de bras, à l’occasion du second tour des élections législatives, peut être interprétée comme une récupération politicienne d’une situation sanitaire d’une gravité exceptionnelle.

Le timing de la livraison de 20 millions de masques lavables dans le courant de la semaine n’est pas non plus tenu. La preuve : l’on apprend que dans le cadre de la réalisation de l’engagement du Président de la République Ibrahim Boubacar KEITA, le ministre Amadou THIAM devait remettre 2000 masques aux volontaires de la lutte contre le COVID-19, hier lundi, à son département. Des masques qui seront destinés aux enfants de la rue et autres populations vulnérables.

Ce Programme ‘’un Malien un Masque’’ pèche également par sa circonscription spatiale. Les 20 millions de masques lavables seront livrés à Bamako. Mais, le droit à la santé est consacré pour l’ensemble des Maliens, où qu’ils se trouvent, en vertu des dispositions de l’article 17 de la Constitution : ‘’l’éducation, l’instruction, la formation, le travail, le logement, les loisirs, la santé, et la protection sociale constituent des droits reconnus’’. De même, si Bamako est l’épicentre de la Maladie à COVID-19, il y a belle lurette qu’elle n’en détient plus le monopole. Quasiment toutes les régions du pays sont désormais infectées. Le virus ne connaît pas de circonscription administrative. Ainsi, ceux qui n’ont pas le privilège, oh combien immense, d’être des résidents de la capitale ne sont-ils pas des Maliens qui ont droit à la protection par la livraison de masques ?

L’arbitraire qui caractérise le mode de distribution des masques est un autre boulet que traîne le ce programme spécial présidentiel dans sa mise en œuvre. Cherif Chouala Bayaya HAIDARA, Zoulfakar guide spirituel Hizbourahmane, remercie le Président IBK de lui avoir remis 1 000 masques à distribuer (à ses adeptes). Sur la base de quel critère Chouala Bayaya reçoit-il 1 000 masques ? De quelle clé de partition va-t-on se servir pour livrer des masques à Chérif Madani HAIDARA, à Bouyé HAIDARA, et à Mahmoud DICKO qui comptent parmi le short list des leaders religieux les plus influents du pays ? Et les autres : les chefs religieux existent-ils seulement à Bamako ? Les chefs de village de l’intérieur sont-ils immunisés contre le Covid-19 ? Quid des partis politiques ? Ils mériteraient au moins le nombre de masques proportionnel à leurs scores lors de ces législatives !

Il y a une discrimination qui ne dit pas son nom dans cette distribution clandestine de masque aux chefs religieux. À force de cachotterie, les acquéreurs et distributeurs se sont mis dans une situation inextricable.

Que peut-on dire de la visibilité sur la commande présidentielle ? IBK a annoncé 20 millions livrables dans le courant de la semaine. Mais la distribution partielle et parcellaire des masques autorise à croire une manœuvre délibérée tendant à noyer les plus suspicieux dans une comptabilité mesquine intenable. Par exemple, l’Armée reçoit des masques, en même temps qu’elle en fabrique et distribue ; les autres distributions de saupoudrage ne permettront jamais d’avoir une comptabilité exacte, d’autant plus qu’il y a une décentralisation des niveaux de distribution. Ainsi, on commande par-ci 1 000 000 de masques aux tailleurs, par-là 250 000 masques aux militaires, on donne 6 000 aux chefs de quartier, 1 000 aux chefs religieux comme Chouala, etc. C’est vrai que certains ne se retrouvent que dans la confusion. Leur moment est venu !

A ce stade, les Maliens ont besoin d’être édifiés. Parce qu’à moins de vouloir faire du Youroukou Youroukou, les opérations d’acquisition et de distribution devraient se passer dans les règles de l’art, c’est-à-dire en toute transparence. Les masques électoraux et ceux remis aux marabouts (dont les bénédictions peuvent être utiles en cette veille de remaniement ministériel) font-ils partie de la commande présidentielle ? Presque 20 jours après l’annonce présidentielle, quelle est la situation des masques, les 20 millions de masques sont-ils disponibles, combien ont-ils coûté, à qui ont-ils été remis ? Voilà entre autres questions auxquelles les Maliens attendent des réponses. Sortons une fois du dibi-dibi et faisons en sorte que le Kankelentigi reste Kankelentigi. Parce que point besoin d’être un foudre d’intelligence pour réaliser que nonobstant l’invasion acridienne de populations flottantes, avec 20 millions de masques, chaque Bamakois sera servi ; même nos voisins Peulhs seront servis. Dans ce cas, pas besoin de se préoccuper des bœufs, parce qu’entre le Peulh et son animal, le choix est vite fait.

In fine, il est indéniable qu’il y a une odeur pestilentielle de youroukou youroukou dans cette affaire qui risque d’être une répétition des précédentes affaires dans ce Mali des affaires.

Hébergement : Kene karaba dans son élément 

L’Association Malienne de Lutte Contre la Corruption et la Délinquance Financière (AMLCDF) en engageant le Premier ministre à une gestion rigoureuse des Fonds pour la lutte contre le Coronavirus agit par pur acquis de conscience. Parce que le ver est déjà dans le fruit et le ronge inexorablement de l’intérieur. La flibusterie flagrante dans la prise en charge des 128 compatriotes rapatriés de la Tunisie, le 12 avril 2020, est anecdotique de l’ampleur du désastre financier qui se déroule en silence sous nos regards. Dans la guerre de chefs que se livrent le Premier ministre aux prises avec un délire obsessionnel pour sa reconduction à l’issue d’un remaniement ministériel imminent et le ministre de la Santé et des Affaires Sociales, longtemps dans les petits carnets de l’Employeur, c’est une source bien informée qui lève un coin du voile. Dans la ribambelle de dépenses effectuées par la Primature qui collecte les dons et en dispose à sa guise, figure en bonne place ‘’la prise en charge de tous les frais liés à l’hébergement des Maliens venus de la Tunisie : 500 000 000 FCFA’’. Il n’est pas nécessaire de prendre rendez-vous à l’IOTA ou même de dessiller les yeux : il s’agit bien de 500 000 000 FCFA de nos francs pour héberger prétendument 128 compatriotes rapatriés de la Tunisie pour une période de confinement de 14 jours. Mais ces Maliens de Tunisie sont-ils des ogres faits hommes pour engloutir une somme aussi astronomique en 2 semaines ? À moins qu’il n’y ait de la crapulerie qui vampirise une situation déjà fortement polluée.

La première canaillerie qu’on pourrait relever est que l’orthodoxie financière reçoit une grosse gifle par l’impréparation qui fait le lit à improvisation. Dans son introduction, le Plan d’action de Prévention et de Réponse à la Maladie à COVID-19 (COVID-19), document de référence élaboré par le ministère de la Santé et des Affaires Sociale de Mars 2020, est sans équivoque : ‘’suite à la flambée de l’épidémie à COVID-19, notre pays a élaboré ce plan d’action pour la prévention et la réponse à la maladie. Le plan d’action ainsi budgétisé coûte 3 372 417 000 FCFA et est articulé autour de la prévention et de la prise en charge c’est-à-dire la riposte.

Pour un total de 2 486 517 000 FCFA, les activités de prévention sont essentiellement basées sur la Surveillance épidémiologique, les Ressources Humaines, le Transfert des Patients, le Renforcement des Mesures d’Hygiène, la Communication, la Mobilisation sociale et la Coordination et Suivi des Activités

En ce qui concerne la prise en charge, on note la disponibilisation des équipements Médicaux, la Prise en Charge Personnel de Garde et la Prise en Charge Médicale des Cas. Le montant total de cette prise en charge est de 885 900 000 FCFA’’.

Le Plan budgétisé de prévention et de réponse à la Maladie à COVID-19 (COVID-19) prévoit l’alimentation des patients ; mais pas d’hôtel 5 étoiles ou de ripaille pour de présumés Maliens de Tunisie. Aucune obstruction au retour de Maliens dans leur pays. Qu’ils soient les bienvenus. Aw bissimilla ! Mais ce droit au retour ne devrait en aucun cas et en aucune manière conduire à violer des règles comptables et financières établies. N’est-ce pas au nom de l’unicité de caisse que Boubou s’est autoproclamé collecteur des dons ? Autant il est jaloux de ses prérogatives, autant il est attendu de lui d’être pointilleux sur le respect des normes.

La deuxième canaillerie est révélée par inadvertance par le Communiqué du ministre porte-parole du Gouvernement relatif au retour des Maliens de Tunisie, du 25 avril 2020 : ‘’après deux semaines de confinement dans des conditions sécurisées, les résultats des prélèvements des 128 personnes se sont révélés négatifs au Covid-19. Les personnes concernées sont autorisées ce jour à quitter les sites de mise en observation’’.

En effet, il y a, d’une part, cette Voix de l’ombre qui parle de 500 000 000 FCFA investis dans la prise en charge de tous les frais liés à l’hébergement des Maliens venus de la Tunisie ; d’autre part, il y a la Voix du Gouvernement qui provoque un séisme en évoquant des sites de mise en observation. Il y a une troisième Voix qui fait état de confinement VIP dans des hôtels de la place. Sauf que les sites de cantonnement connus (Pavillon des sports, Site du FEBAK…) ne sont pas ceux utilisés pour ces Maliens très spéciaux. Il y aurait-il alors une distanciation sociale entre les Maliens de l’intérieur et de Tunisie pour le choix des sites de confinement ? En en attendant de trouver une réponse à cette question chargée de dessous sulfureux, le Gouvernement gagnerait à mettre de l’ordre dans sa communication qui devient de plus en plus erratique.

Com Covid : Entre posture et imposture

Le pontonnier entre le ministre de la Santé et des Affaires Sociales, Michel Hamalla SIDIBE et le Coordinateur de la Cellule de Lutte contre le Coronavirus, le Pr Akory Ag IKNANE se gangrène chaque jour davantage. Ce jeudi 23 avril en était une autre illustration claire comme blouse de médecin, à travers une bataille implacable de communiqués.

D’une part, le Coordinateur de la Cellule de Lutte contre le Coronavirus, le Pr Akory Ag IKNANE, tient sa conférence de presse hebdomadaire. À cette date (à la date du jeudi 23 avril 2020), il a affirmé que le pays a enregistré 17 nouvelles contaminations. Ce qui porte à 310 cas, le total des personnes malades du covid-19, dont 73 guéris. Malheureusement, le pays déplore 17 décès, dont 4 dans les centres de santé.

D’autre part, le ministère de la Santé et des Affaires Sociales, fait le point journalier de la situation épidémiologique au Mali.

‘’Ce jour, 23 avril 2020, sur 106 échantillons, les services de santé ont enregistré seize (16) nouveaux cas de COVID-19, quatre (4) patients guéris, et quatre (4) décès.

(…) À ce jour, la situation cumulée est de : 309 cas positifs ; 21 décès, dont 10 survenus en dehors de nos centres de prise en charge ; 77 patients guéris et 8 cas transférés hors du pays (MSF : 1, EUTM : 7).

(…) À ce jour, 2 031 cas contacts font l’objet d’un suivi quotidien’’

Alors qu’un style de communication très factuelle est en train de s’installer dans notre pays, l’opinion qui est toujours plus mature que ne le croient les politiques sait scruter, décrypter, lire entre les postures et les impostures, les figures et les agendas cachés des protagonistes. Là, le décalage entre les chiffres communiqués est tout simplement scandaleux, mais certainement à la hauteur de la mésintelligence résultant du choc des ambitions. Akory parle de 17 nouvelles contaminations ; alors que Michel n’en dénombre que 16 ; pour Akory, 310 cas, c’est le total des personnes malades, alors que pour Michel la situation cumulée est de : 309 cas positifs ; pour Akory, il y eu 73 guéris, alors que le décompte de Michel SIDIBE pointe 77 patients guéris. La guerre, à travers les chiffres, a atteint son paroxysme et étale la facette la plus exécrable d’une rivalité mortifère entre deux responsables chargés de sauver des vies, en les arrachant des griffes du CIVID-19 en les en préservant. Dans cette atmosphère électrique, accolade, embrassade, et papouille relèvent tout simplement du politiquement correct.

INFO-MATIN

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