Il était diabétique et on lui a administré une perfusion glucosée (sucrée). Il en est mort de façon atroce.
Ce dont il est question ici ne s’intéresse ni aux identités (noms) et moins encore aux lieux. Ce qui est pointé ici du doigt concerne une mentalité, une habitude et une tare qui fait que notre société est inapte à apprendre de ses erreurs. Notre système médical et hospitalier continue à tuer là où cela est tout à fait évitable. Certains comportements et attitudes doivent être systématiquement adoptés de façon banale devant certaines situations connues d’avance.
Il y a 40 ans, cela était-peut-être-concevable qu’un patient reçoive une injection ou une perfusion (sérum) qui tue, car salée ou sucrée : l’hypertension (tensions) et le diabète étaient rares et méconnus. Un personnel médical pouvait donc faire l’«erreur» d’administrer une dose de sucré ou de salé dans un corps de diabétique ou d’hypertendu.
Mais depuis nous avons tellement de diabétiques, d’hypertendus et de morts causées par erreur médicale. Et il est inconcevable que cela continue encore de nos jours.
C’est ainsi que le vendredi 2 mars dernier, les collègues d’un chef de service d’EDM l’ont raccompagné à sa dernière demeure. Cause de la mort ? L’administration d’un sérum glucosé alors qu’il était diabétique. Le gaillard a senti des malaises et il alla de lui-même dans un des hôpitaux de la place. Reçu comme il se doit dans nos systèmes de santé, il fut mis au repos dans une salle d’observation par les professeurs, qui le laissèrent. Arrive un interne qui engage les échanges. Lui, doit croire que l’interne est envoyé par ses chefs. Il décide de le mettre sous sérum. Il met tout en place, sort et ferme la porte derrière lui. Le chef de service sent que quelque chose ne va pas et il commence à nourrir des doutes envers la perfusion. Il décide alors d’arracher l’aiguille de son bras. La tentative a laissé des traces (de sang) évidentes. Mais il est déjà au seuil de la défaillance.
Il n’arrive donc pas à arracher l’aiguille de la perfusion sucrée (glucosée), tombe dans le coma et meurt sans assistance. Il meurt seul comme sans famille. Dans ce pays à ‘’social’’, les conciliabules ont pesé afin que le décès soit mis au compte de la fatalité, qui n’est pas punissable. Demain encore, on aura d’autres morts de la même façon.
Tientiguiba DANTE
Source: Le Matin