A la traditionnelle présentation de vœux de la presse au président de la Transition, le colonel Assimi Goïta, le vendredi 6 janvier 2022 au palais de Koulouba, le président de la Maison de la presse, Bandiougou Danté, a mis l’accent sur la précarité des conditions de travail de la presse malienne. Il a évoqué le financement, la formation, la digitalisation et la résilience face aux conséquences désastreuses de la Covid-19. Selon lui, l’aide à la presse doit sortir de la volonté du chef du jour. “Cette aide, fixée à 200 millions F CFA depuis son origine, n’est pas régulièrement payée depuis trois ans malgré les multiples rencontres avec différents départements ministériels. Nous estimons que nous allons sortir de cette salle avec la garantie que tous les arriérés seront immédiatement épongés”, dira-t-il. Voici le discours intégral du président de la Maison de la presse à cette occasion.
L’année qui s’est écoulée a été marquée par des événements douloureux pour la presse malienne. Elle a surtout été marquée par la disparition de grands symboles de la presse malienne. Il s’agit de : Adam Thiam, directeur de la communication de la présidence jusqu’à sa disparition, Cheick Oumar Maïga alias Gilbert, Togola Hawa Séméga, Aïssata Diarra, Makan Koné, Birama Fall. C’est aussi l’occasion de rendre un hommage à toutes les victimes civiles et militaires de cette guerre imposée à notre cher pays.
Excellence, Monsieur le président de la Transition, chef de l’Etat
Permettez-moi, également d’avoir une pensée émue pour tous ces confrères, éloignés de leurs familles contre leur volonté. Il s’agit de Hamadoun Nialibouly, enlevé prés de Mopti alors qu’il revenait d’un atelier de formation de journalistes tenu à Bamako, Moussa Dicko, enlevé chez lui à Douentza après avoir tenu une émission radiophonique et Olivier Dubois déclaré otage pendant qu’il voulait réaliser une interview à Gao.
Nous pouvons compter sur votre engagement habituel pour obtenir leur libération.
Excellence, Monsieur le président de la Transition, chef de l’Etat
La presse du Mali salue vos gestes à son égard durant l’année écoulée. Nous pouvons citer le financement des travaux de rénovation de la Maison de la presse. Dans quelques semaines la Maison de la presse du Mali n’aura rien à envier des maisons sœurs de la sous-région. Nous vous remercions pour votre appui précieux en dix (10) ordinateurs de dernière génération. Merci, d’avoir facilité le séjour des journalistes maliens à Ouagadougou pendant le Festival de la liberté d’expression (Filep) par un appui financier.
S’agissant de la rénovation de la Maison de la presse en cours, nous comptons sur votre implication personnelle pour diligenter les travaux d’aménagement de la devanture de la Maison de la presse. Si rien n’est fait, ces travaux risquent d’anéantir ceux effectués sur le bâtiment principal ou d’engendrer des coûts supplémentaires pour la rénovation. Nous risquons d’assister à la difficile cohabitation entre celui qui nettoie en permanence et celui qui salit en permanence.
Excellence, Monsieur le président de la Transition, chef de l’Etat
Aujourd’hui, le paysage médiatique malien est pluriel, dynamique et contrasté. Il revendique près de 500 radios, une trentaine de chaînes de télévisions, près de 200 parutions, une soixantaine de sites Web.
Il juxtapose de grandes rédactions, aux moyens parfois impressionnants aux structures qui vivotent avec des compétences avérées. D’un côté comme de l’autre, on peut rencontrer des “journalistes” massacreurs. Massacrant l’éthique, la déontologie, le verbe, l’honneur et la dignité d’honnêtes citoyens parfois. On peut également y trouver des jeunes talentueux pleins d’énergie, biens formés, professionnels, consciencieux, patriotes et porteurs d’espoir. C’est aussi un paysage médiatique cohabitant analogie et technologie de dernière génération.
Ce monde médiatique malien se digitalise inexorablement par la puissance extraordinaire des réseaux sociaux.
Des reformes sont indispensables dans le monde malien des médias. Ces reformes concernent surtout les textes qui régissent les médias.
En effet, ces textes doivent prendre en compte les réalités du monde actuel. Il s’agit de revoir la loi sur la presse et les délits de presse, l’élaboration et l’adoption de la loi sur la presse en ligne, les conditions d’attribution de la carte de presse et de l’aide publique aux médias.
Excellence, Monsieur le président de la Transition, chef de l’Etat
La Maison de la Presse s’est engagée dans une politique de refondation. C’est pourquoi de février à octobre 2021, une série d’ateliers, de concertations avec l’ensemble des acteurs y compris la HAC, le département de la Communication, le monde judiciaire et la société civile ont abouti à l’élaboration d’un document consensuelle sur la relecture des textes régissant les médias maliens.
L’adoption de ce document permettra d’assainir le secteur des médias en le professionnalisant, en le viabilisant et en assurant la promotion de la liberté d’expression.
Excellence, Monsieur le président de la Transition, chef de l’Etat
Aucune refondation n’est possible sans une presse responsable, indépendante, libre et épanouie.
Excellence, Monsieur le président de la Transition, chef de l’Etat
Votre presse publique et privée est aujourd’hui confrontée à de nombreux défis parmi les lesquels ceux de la formation, du financement, de la digitalisation et de la résilience face aux conséquences désastreuses de la Covid-19.
Pour trouver des réponses appropriées à ces défis, l’aide à la presse doit sortir de la volonté du chef du jour. Il est nécessaire d’indexer cette aide au budget de l’Etat. Nous avons proposé 0,25 % des recettes de l’Etat, ce qui n’est pas trop pour le principal pilier de notre démocratie.
Cette aide, fixée à 200 millions F CFA depuis son origine, n’est pas régulièrement payée depuis trois ans malgré les multiples rencontres avec différents départements ministériels. Nous estimons que nous allons sortir de cette salle avec la garantie que tous les arriérés seront immédiatement épongés. C’est aussi ça le Mali Kura.
Excellence, Monsieur le président de la Transition, chef de l’Etat
La presse malienne, globalement, a salué la tenue des Assises nationales de la refondation. Cependant, sans remettre en cause l’esprit de cette grande concertation, nous avons estimé que l’occasion et le lieu sont mieux indiqués ici, pour déplorer certaines insuffisances. Nous n’avons été ni consultés, ni associés ni invités en bonne et due forme pour y participer. Malgré tout nous avons fait le choix d’accompagner pour le Mali, pour l’Histoire.
Heureusement que nous sommes l’un des rares secteurs à avoir proposé et à avoir présenté solennellement un document pour sa refondation avant même les ANR. Nous souhaitons que les conclusions de nos travaux soient versées au grand dossier de la refondation de notre pays.
Excellence, Monsieur le président de la Transition, chef de l’Etat
L’un des soubassements de la démocratie est le vote. Son résultat est sacré puisqu’il est l’expression d’une volonté populaire. Toute remise en cause du résultat d’un scrutin doit être motivée sinon justifiée par des éléments de droit que la République s’est librement consentie. C’est pourquoi, nous sollicitons de vous, père de la nation sans être le plus âgé, réparateur des erreurs, sinon des injustices la relecture du décret n°0958/PT-RM du 31 décembre 2021 portant nomination de membres de la Haute autorité de la communication.
En effet, le 24 novembre 2021 des élections inclusives, démocratiques, crédibles et transparentes sont organisées conformément aux textes en vigueur. Sur les trois (3) élus sur la même liste, un, en l’occurrence Monsieur Bassidiki Touré, a vu son élection invalidée pour des raisons jusque-là inconnues bien que jouissant de ses droits civiques. Nous comptons sur vous pour tirer au clair cette affaire embarrassante pour tout le monde qui, au-delà de simple privilège d’être membre d’une institution prestigieuse comme la HAC, devient une affaire d’un honneur à laver et d’une dignité à rétablir.
Excellence, Monsieur le président de la Transition, chef de l’Etat
La Maison de la presse est déterminée à apporter sa contribution à la Refondation du Mali et à la réussite de la Transition.
Pour cette nouvelle année, je souhaite à vous, à votre famille, à vos collaborateurs mes vœux de bonne et heureuse année, de santé, de paix, de succès et de Prospérité.
Puisse Dieu vous assister,
Puisse Dieu vous guider et vous inspirer pour un Mali réconcilié et refondé”.
Source: Aujourd’hui-Mali