Mercredi dans la nuit, la ville de Bandiagara a reçu la visite de deux terroristes. Les assaillants ont ciblé un endroit stratégique de la ville. Il s’agit du carrefour de Nankabanou (statue du fondateur de la ville) où se trouvent un hôtel (La Falaise) et l’agence BMS. Cette attaque intervient quelques jours après la tournée du Premier ministre, Soumeylou Boubeye Maïga, dans le pays dogon. Visite au cours de laquelle le PM a proféré des menaces à l’endroit de tous les groupes armés non répertoriés c’est-à-dire ceux qui ne sont pas membres de la grande famille de l’accord de paix issu du processus d’Alger signé en deux temps au Mali. Au bout du compte, on comprend aisément que ses sorties étaient des coups de communication pour autre chose, pas stabiliser le Mali. Des bandits, pas des grands, viennent de le défier.
L’attaque a eu lieu vers le petit soir. Comme une trainée de poudre, la nouvelle envahit les réseaux sociaux. Des fils du terroir hors du pays dogon s’empressent de s’enquérir des nouvelles. Vers 21 heures 30 mn, les premières informations tombent. Joint au téléphone, un habitant explique que c’est l’hôtel la Falaise qui a été attaqué par deux hommes qui étaient sur une moto. Dès les premiers coups de feu, les habitants ont tous fui pour se terrer dans leurs maisons. Parmi les assaillants, un aurait été abattu par les porteurs d’uniforme en garde au niveau de la BMS qui est à cent mètres seulement de l’espace attaqué.
Quelques heures après, la situation est revenue à la normale. Des renforts sont venus de Sévaré. La ville est quadrillée. Le sort du second assaillant n’est pas connu. Mais notre interlocuteur confirme qu’il est hors de danger. Est-il en vie ou pas ? Pas de réponse précise.
La présence des forces de sécurité rassure les populations. La circulation reprend son cours normal. A Bamako et ailleurs, la peur se dissipe petit à petit. Les premiers messages reçus qui avaient installé le doute sont classés. Mais la vigilance est recommandée.
Bandiagara fait partie des quatre cercles du pays dogon. C’est le cercle qui a gardé un climat stable pendant tout ce temps contrairement aux autres zones où les attaques, affrontements sont monnaie courante. Alors le fait que les bandits armés ont frappé en plein cœur de la ville est stratégique. C’est une manière de semer la psychose en ce lieu aussi.
Il faut aussi s’interroger si cette attaque n’est pas la réponse des terroristes aux propos guerriers tenus par le premier ministre en tournée au pays dogon. Boubeye se dit disposé à combattre les terroristes avec sa stratégie ‘’agir avant de subir’’ ou ‘’l’offensive au lieu de la défensive’’. Au-delà des terroristes, il a, avec un ton ferme, déclaré que l’Etat désarmera tous les groupes armés qui se trouvent dans le centre. Le défi étant lancé aux terroristes, il fallait s’attendre à leur réaction. Ça c’est l’ordre normal des choses. L’Etat a-t-il eu le réflexe d’anticiper ? C’est ce qui semble manqué. La stabilisation du centre n’est possible sans le déploiement d’un effectif conséquent des FAMAs avec les moyens adéquats. Cette action devrait suivre les propos du PM, mais malheureusement, tel n’a pas été le cas. Seulement, des discours creux ont été tenus. C’est le sport favori du régime IBK et cela s’est toujours suivi par des drames.
Kèlètigui Danioko
Le Pays