En cette veille de fête, la capitale veut se mettre sur son trente et un. Seulement quand hivernage et emballages des marchands ambulants se croisent, les rues en pâtissent.
Bamako est sale. La capitale ne respire plus. Elle étouffe. Immondices, ordures ménagères, caniveaux obstrués, eaux pluviales et autres donnent un visage hideux à la capitale. Les autorités communales ont décidé de prendre le mal à bras le corps par des actions concertées avec l’apport de partenaires étrangers et de quelques ministères.
La coopération turque vient de mettre des camions bennes de ramassage à la disposition de la mairie du district pour renforcer le dispositif existant composé essentiellement de voitures hippomobiles. Dans les quartiers, le ramassage des ordures ménagères est entre les mains de regroupements de jeunes qui exigent mille francs à chaque famille. Dans les ruelles des six communes de Bamako, l’apport des familles facilite la gestion quotidienne des ordures à l’opposé de la voirie urbaine dont la gestion requiert de gros moyens. L’Etat a contracté avec des ONG pour le curage des caniveaux en ces périodes pluvieuses. Malheureusement, le travail est lent et souvent il laisse à désirer. Les ONG doivent curer, désensabler et enlever les résidus avant la réception des travaux par les autorités communales. Dépourvus de matériels adéquats et de personnels formés aux métiers de tri des ordures, le curage des caniveaux devient source d’insalubrité.
A propos d’insalubrité, ces derniers jours la mairie du district est à pied d’œuvre notamment aux abords du grand marché de Bamako. Le long de l’espace ferroviaire, des pelleteuses enlèvent les tas d’immondices pour charger les bennes. L’opération rappelle à bien des égards le travail de Sisyphe puisque chassés ici les commerçants et autres marchands ambulants choisissent d’autres endroits pour les transformer en dépotoirs occasionnels. Adama, agent municipal avoue « l’incapacité de son équipe à faire face à la situation, nous ne pouvons que limiter les dégâts et après la fête nous mettrons les bouchées doubles pour débarrasser Bamako de ses saletés car actuellement les vendeurs tiennent à faire du chiffre d’affaires ».
Au rythme de la fête, au rythme de l’hivernage, au rythme de l’insalubrité, Bamako ploie sous le coup de la saleté. L’ancien Premier ministre Tatam Ly avait dénoncé la situation et jusqu’ici la face hideuse et l’air nauséabond par endroits (marché de Sougouninkoura) de la capitale semblent ne pas être une priorité pour les autorités qui ne lésinent pas sur le paiement des taxes municipales par les commerçants et les familles.