Dans un entretien à bâtons rompus qu’il a bien voulu nous accorder, le président de l’Union Nationale des producteurs des cotons, non moins président de l’Assemblée Permanente de la Chambre d’Agriculture du Mali (APCAM), Bakary Togola, nous dit que son souci c’est le retard de la pluie, « j’invite les paysans à ne pas céder à l’intox » dit-il. Actualité oblige : Il livre sa part de vérité sur l’affaire dite des engrais frelatés ou de mauvaise qualité.
Il remercie les paysans, pour leur courage. Il dira que cette année, la pluie a tardé, mais que la météo avait prévenu que l’hivernage démarrerait à partir du 10 juin. Il a demandé aux paysans de repiquer à temps, jusqu’au 30 juillet prochain. A partir du 30 juillet, il dira que l’APCAM demandera conseil auprès des spécialistes de la météo et qu’ils informeront les paysans pour rapport à la conduite à tenir. Il a conseillé aux paysans de ne pas se décourager, « parce que la pluie est une volonté divine ».
Par rapport au bruit sur les engrais « frelatés », Bakary Togola dira qu’il concerne uniquement les zones cotonnières. Il a rappelé que c’est la troisième année consécutive que le GIE-Union Nationale des Producteurs de Cotons vérifie la qualité et la quantité des engrais. Pour lui, pendant les deux dernières années, les analyses avaient aussi montré des insuffisances dans la qualité des engrais fournis et des dispositions ont été prises pour gérer ces cas. Il s’est dit étonné par l’envergure que cette affaire a prise cette année. Pour lui, quand son GIE a commandité pour la saison 2015-2016 des analyses sur une quantité d’engrais livrée, il s’est avéré que certains ne répondaient pas aux normes. Il a alors écrit aux différents fournisseurs pour leur demander de retirer les quantités de mauvaise qualité, ce qui fut fait. Il a estimé que sur près de 20 000 tonnes seulement 3 à 4 tonnes étaient de mauvaise qualité et que cela ne doit pas être la fin du monde. D’autant plus qu’elles ont été remplacées par les fournisseurs. Il a insisté sur le fait que ces engrais de mauvaise qualité n’ont rein de nuisible sur la santé, mais que cela pouvait jouer sur la production et la productivité, si ce n’était pas retiré.
Pour Bakary, les laboratoires ont estimé que ces engrais manquaient de certaines substances, et ces analyses n’ont jamais prouvés que ces engrais fussent nuisibles pour la santé. Il dit n’avoir jamais été informé par les laboratoires de la nuisance de ces engrais sur la santé une fois utilisés pour les cultures. Il dira que la quantité normale de l’engrais pour la culture du coton est 14/14 et 18/18, mais celui qui leur fournit des engrais avec des taux 15/15 et 18/18, a dépassé les normes, et celui qui fournit 13/13 et 18/18 est inférieur à la norme. Selon Bakary Togola, la majeure partie des fournisseurs ayant bénéficié des marchés cette année était connue, même si certains sont nouveaux. « Je ne suis rien qu’un cultivateur, car issue d’une famille paysanne et j’ai eu la confiance des cultivateurs. Je ne saurai donner aux paysans des engrais qui soient nuisibles à la santé, car j’utilise les mêmes engrais pour ma culture. Je suis à Bamako pour la mission des paysans, et si cette mission est finie, je retournerai dans mon champ ».
Aux paysans, Bakary dit de se calmer et que tout ce bruit émane de la capitale. Il les exhorte à continuer à semer et à entretenir leurs champs. Si ces engrais étaient frelatés, comme on le prétend, les résultats seront connus à la fin des récoltes. Il a prié Le Tout Puissant pour qu’Il donne une bonne pluviométrie. Aux hommes politiques et aux journalistes, il leur demande de ne pas induire nos braves paysans en erreur. Car pour lui le temps presse et l’hivernage n’attend pas. « Au moment où nos paysans s’apprêtent à semer, si vous les faites paniquer, cela pourrait engendrer des conséquences désastreuses pour notre agriculture et pour l’économie malienne. Mais sachez que Dieu voit tout et entend tout. Je me plie à cette volonté et prie pour qu’Il fasse éclater la vérité dans cette affaire, qu’il apporte la paix dans notre pays », a conclu le président de l’Assemblée Permanente des Chambres d’agricultures du Mali.
Fousseyni SISSOKO
source : Le Politicien Africain