Dans cette interview qu’il nous a accordée, en fin de semaine dernière, le président de la Transition rassure quant à ses relations avec son vice-président. Il en a profité, aussi, pour faire la lumière sur certaines rumeurs malveillantes, circulant sur les réseaux sociaux. Interview imaginaire. Ou presque.
Mr le président, bonjour.
Bonjour, Le Mollah sans barbe, ça fait un bail.
Depuis quelques jours, la presse raconte que vous êtes en froid avec votre vice-président. Qu’en est-il exactement ?
Et pourquoi nous sommes en froid ?
Les scribouillards racontent même que vous lui avez même interdit, depuis bientôt deux mois, l’accès à la salle du Conseil des ministres…
Ils ont dit ça aussi, Eh Allah ? Comment puis-je faire ça ? En tant que vice-président, chargé des questions de défense et de sécurité, comment puis-je faire cela ?
Je comprends, maintenant, pourquoi le général De Gaulle appelle les journalistes « tous ceux qui grouillent et grenouillent ».
Et vous, que pensez-vous des journalistes ?
Je n’en pas moins que le général De Gaulle.
Mr le président, l’attaque menée contre la relève de Tessit aura été l’une des plus meurtrières pour l’armée nationale, avec 33 morts, 14 blessés et 11 portés disparus. Qu’en dites-vous ?
Quand j’ai reçu cette information, j’ai été estomaqué. Je n’ai même plus touché à mon plat de « tô » à la sauce gombo que je m’apprêtais à savourer. Mieux, j’ai passé une nuit blanche, avec une question, tournant en boucle dans ma tête : comment mettre fin à ce décompte macabre qui endeuille, chaque jour que Dieu fait, notre pays.
N’est-ce pas l’occasion pour les autorités de la Transition de doter davantage nos forces armées et de sécurité de moyens matériels adéquats pour venir à bout de ces groupes « terro-risques » sans foi, ni loi ?
Vous avez vu juste Le Mollah. Mon vice-président et moi, ainsi que les ministres de la Défense et de la Sécurité prendront, les jours à venir, les mesures qui s’imposent pour vaincre l’hydre terroriste.
De quels types de mesures voulez-vous parler ?
Par mesures, je veux parler des moyens matériels et humains. Il faut aussi remonter le moral de la troupe qui, malgré tout, tente de contenir l’ennemi avec les moyens de bord.
Des rumeurs circulent sur les réseaux sociaux à propos d’un éventuel remaniement ministériel. Ce sera pour quand ?
Il n’y a jamais été question d’un remaniement ministériel, surtout à douze petits mois de la fin de la Transition. Ni moi, ni mon vice-président, encore moins le Premier ministre n’en avons parlé.
Donc, selon vous, il n’y aura même pas un remaniement technique ?
Il n’y aura ni remaniement technique, ni remaniement technologique. Rien ! En tout cas, pas que je sache.
Avant de s’envoler pour Mopti, le Premier ministre a rencontré, la semaine dernière, les leaders de la classe politique et de la société civile pour échanger avec eux sur les réformes politiques et institutionnelles à venir. Est-ce, selon vous, suffisant pour ramener tout le monde autour de la même table pour plus d’inclusivité ?
Je le crois oui !
Pourtant, certains leaders politiques estiment qu’il faut, plutôt, aller vers l’organisation d’assises nationales sur la refondation du Mali. Qu’en pensez-vous ?
La question, c’est de savoir si nous avons le temps pour l’organiser. Si oui, pourquoi pas. Mais j’en doute fort, avec tout ce qui se passe dans notre pays.
Depuis quelques jours, Issa Kaou Djim, que nous avons surnommé au Canard déchaîné « CHAOS DJIM », sollicite, sur les réseaux sociaux, la candidature de votre vice-président à la prochaine présidentielle, au mépris de l’article 9 de la Charte de la Transition, qui stipule, clairement, que « ni le président, ni le vice-président de la Transition ne peuvent faire acte de candidature, ni aux législatives, ni à la présidentielle de 2022 ».
J’ai suivi de loin l’appel à candidature de mon vice-président à la présidentielle de 2022 comme une blague de mauvais goût.
Avez-vous conseillé au colonel Assimi Goïta de prendre ses distances avec Issa Kaou Djim ou de la rappeler à l’ordre pour mettre fin à ce qui ressemble à une campagne présidentielle avant l’heure ?
Je ne vais pas vous dévoiler, ici, ce que nous nous sommes dits à ce sujet ; mais que le vice-président et moi même respecteront, à la lettre, nos engagements respectifs vis- à- vis du peuple malien. Et tout sera mis en œuvre pour que cette transition soit une réussite.
Propos recueillis par Le Mollah Omar
Source : Canard Déchaine