C’est une évidence que de parler de souffrance pour les usagers de la route Kita-Manantali surtout sur le tronçon Tambaga-Manantali. Malheureusement, la fin de leur cauchemar ne semble pas pour demain, malgré les promesses faites par le ministre des Infrastructures et de l’équipement, Mme TRAORE Seynabou DIOP, il y a près d’un an, aux notabilités des communes riveraines.
Le constat est tout simplement désespérant ! Défectueux depuis des années, ce corridor devient de plus en plus impraticable et donne des sueurs froides même à un téméraire habitué des épreuves de nerfs.
Sur près de 104 Km, la piste rurale a fini par disparaitre sous l’effet combiné de l’érosion et du manque d’entretien, laissant ainsi place aux gravats et à de véritables ‘’cratères’’, imposant aux véhicules un rythme de tortue.
En tout cas, les populations du Bafing ne se font plus prier pour soumettre la doléance à tout commis de l’État en mission dans la zone. Le dernier en date, c’est le cas du ministre de l’Agriculture, Moulaye Ahamed ABOUBACAR, qui, à la tête d’une forte délégation, a effectué une mission dans le Bafing.
De nos jours, avec le poids des gros porteurs en provenance de Bamako et le fait que cette route ne bénéficie d’aucune mesure d’entretien, la fin du calvaire des usagers et des riverains ne semble pas pour demain.
Calvaire des femmes enceintes
Mme Konaté Mariam SISSOKO, présidente de la coopérative des productrices de karité de Manantali, a souligné que les difficultés auxquelles les femmes sont confrontées sont principalement de deux ordres. Sur le plan sanitaire, qui est de loin le plus important, elle a fait savoir que l’Hôpital et les CSCOM de Manantali sont souvent obligés d’évacuer des femmes en difficultés d’accouchement sur Kita et Bamako. Ainsi, lors de ces évacuations, il y a beaucoup femmes qui perdent la vie, à cause de l’état en dégradation très avancée de cette route.
« Imaginez que quand un malade doit être rapidement être pris en charge au bout de 30 minutes, avec l’état de la route, il n’arrive fait 3 heures de temps ou même pas moins de 8 heures de temps pour rallier Tamaga sur cette une centaine de km. Donc, les femmes perdent la vie sur cette route pendant qu’elles sont en train de donner la vie. Ça, c’est quelque chose que les autorités doivent prendre en compte », a-t-elle expliqué.
La deuxième difficulté, est un problème économique : « ici à Manantali, les femmes sont dans toutes les activités, telles que le commerce. Elles prennent des légumes, du poisson pour aller les vendre à Kita et à Bamako, mais des fois, les véhicules tombent en panne à cause de l’état de la route. Avec ces produits périssables, elles perdent leur économie. Donc, la zone de Manantali, la commune de Bamafélé, de Diokeli, de Koundian, pour ne citer que celles-ci, ne peuvent jamais se développer sans que cette route ne soit refaite. Nous lançons un appel aux autorités maliennes pour que cette route redevienne praticable pour un mieux-vivre des populations au lieu d’être une route qui tue ».
Obstacle au développement économique
Déjà, lors de cérémonie de lancement des CRP, le maire de Bamafélé, Moussa KEÏTA a invité le président de la république à s’impliquer pour la réalisation de l’axe Tamaga-Manantali long de 104 Km pour désenclaver cette zone agricole. Selon lui, au moment des récoltes, les paysans ne peuvent pas acheminer leurs productions vers Kita, à cause de l’état très défectueux de la route.
Une préoccupation largement partagée par les députés élus à Bafoulabè, à l’image de Kissima KEITA et Boubacar dit Djankina SISSOKO et Makan Oulé TRAORE qui étaient, le weekend dernier, dans la localité.
En tout cas, au-delà des préjudices causés aux usagers, l’état de cette route contraste avec la vocation sous régionale du barrage de Manantali et interpelle tous les pays de l’OMVS.
Selon nos investigations, cette route, qui constitue un tronçon de l’axe Bamako-Kita-Manantali-Bafoulabé-Kayes-Kidira-Dakar, est partie intégrante du réseau routier régional prioritaire de l’OMVS.
La réalisation de cette route n’est que justice rendue après près de 40 ans de la construction du barrage en 1988 par l’OMVS. Et ces dirigeants ont toujours mis l’accent sur l’accès sécurisé au barrage de Manantali pour son approvisionnement facile en pièces de rechange et autres équipements ; le désenclavement des localités traversées ; mais aussi et surtout la réduction de la pauvreté, à travers les échanges commerciaux qui se trouvent démultipliés.
C’est dire que cette route s’inscrit également en droite ligne des missions assignées à l’OMVS, dont l’un des objectifs prioritaires est de contribuer au développement économique et social et à la réduction de la pauvreté des populations vivant dans le bassin du fleuve Sénégal.
Rappelons que l’Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve Sénégal regroupe la Guinée, le Mali, la Mauritanie et le Sénégal.
Par Abdoulaye OUATTARA