Hormis l’officialisation de l’appellation «AZAWAD», tous les ingrédients sont réunis dans l’accord proposé par les médiateurs des pourparlers d’Alger. A un point tel qu’on peut s’interroger sur les raisons pour lesquels les mouvements armés continuent de jaser.
Le troisième round des pourparlers du dialogue inclusif inter-malien a été une fois encore suspendu, faute d’entente définitive tant attendue, en vertu des échéances initialement fixées dans la feuille de route. De sources concordantes, le processus ne reprendra que dans un mois, le temps pour les garants de l’accord de plancher sur les amendements que la partie rebelle a jugé opportun de lui apporter.
Rien n’a filtré sur les réserves soulevées par la coalition de mouvements armées conduite par le Mnla. Mais, en passant l’accord au crible, on peut être quelque peu stupéfait devant leur insatisfaction. Hormis le fait que le terme Azawad ne sera applicable qu’avec le consentement des autres communautés du Nord-Mali, les autonomistes ont visiblement peu de raisons de s’opposer au projet. De même que les autorités maliennes ne peuvent en avoir d’autres que l’occasion qu’elle offre de sortir enfin des incertitudes qui planent sur l’intégrité territoriale et l’unité nationale. Car, en définitive, le pays n’a jamais franchi un pas aussi décisif vers le fédéralisme qu’avec l’avènement quasi certain d’un ordre institutionnel qui déleste les pouvoirs centraux de presque la totalité de leurs pouvoirs.
La substance du pouvoir exécutif revient en effet à la région avec des présidents d’assemblée régionale élus au suffrage universel, qui ont de ce fait pris sur la détermination de leur politique territoriale en terme de fixation des taxes et impôts locaux, de gestion des ressources transférées, etc. Ce n’est pas tout. La sécurité et le maintien d’ordre seront désormais adaptés aux besoins et réalités régionaux, tout comme l’éducation, la santé, le commerce, entre autres domaines figurant déjà parmi les compétences théoriquement transférées. S’y ajoute que les pouvoirs régionaux sont par ailleurs consultés sur les grands projets de développement, sur la gestion des ressources minières mais aussi et surtout la nomination aux structures relevant de l’Etat tels que le délégué auprès de la région, le préfet, le sous-préfet, etc.
Il faut noter au passage que lesdites faveurs exécutives ne concernent pas que les seules régions du septentrion mais s’entendent à la totalité des régions du Mali. Les trois régions du Nord sont en revanche spécifiées à travers un mécanisme de développement spécial et la part belle qui sera faite à leurs ressortissants dans la Fonction publique, l’armée, les forces de sécurité ainsi que dans les instances de décision au niveau national.
Quant aux épineuses équations et questions de justice et d’impunité, sans être forcément reléguées aux calendes, elles semblent diluées dans une volonté apparente de ne pas en faire un obstacle au processus.
Nonobstant les concessions ainsi faites, le projet d’accord n’agrée que la seule partie gouvernementale. L’autre protagoniste ne se satisfait pas pour l’heure du fait que ce fédéralisme de fait n’apparaisse que dans les sous-entendus, ni ne semble accepter que le choix d’identifier le Nord-Mali par l’appellation Azawad revienne à l’ensemble des communautés.
Une disposition du projet d’Accord donne la latitude aux régions de se désigner individuellement ou collectivement comme elles le désirent.
- KEITA