En signant une convention de financement des aménagements agricoles de 50 milliards FCFA avec la Banque Nationale de développement agricole (BNDA), vendredi dernier, au ministère de l’Économie et des finances, l’Etat compte réaliser l’autosuffisance alimentaire, notamment en pomme de terre, en 3 campagnes agricoles.
La cérémonie de signature s’est déroulée en présence d’opérateurs du secteur agricole.
Pour le Directeur général de la BNDA, Moussa Alassane DIALLO, cette signature de convention marque un tournant historique et décisif dans le financement de l’agriculture, dans notre pays. En effet, justifie-t-il, c’est pour la première fois dans l’histoire de la politique agricole de notre pays qu’un gouvernement met en place un mécanisme de financement structuré et sur du long terme pour accompagner la promotion et le développement des aménagements agricoles.
La Convention, qui a été signée, a expliqué Moussa Alassane DIALLO, a pour objet de mettre en place un mécanisme de financement cohérent adapté à la couverture des besoins d’investissement dans les aménagements des terres agricoles afin d’augmenter la production et la productivité ; le stockage ; la conservation ; et la transformation des produits agricoles.
Par la présente convention, a-t-il poursuivi, l’État s’engage à constituer progressivement un fonds de garantie de 50 milliards de FCFA, sur une période de 20 ans. Sa mise en œuvre permettra, a-t-il précisé, d’assurer la promotion de l’investissement privé en milieu agricole et rural ; la réalisation de l’autosuffisance alimentaire, notamment en pomme de terre dans une échéance de trois campagnes agricoles ; l’augmentation de la production agricole et l’amélioration du revenu des paysans ; la lutte contre le chômage en milieu rural, notamment des jeunes.
Le DG de la BNDA a saisi l’occasion pour présenter les caractéristiques du financement de l’agriculture au Mali : une clientèle rurale dispersée dans l’espace, avec un faible taux d’alphabétisation, des revenus peu diversifiés, un faible niveau de production et de bancarisation ; un secteur tributaire des aléas climatiques : la distribution des crédits agricoles dans la plupart des zones de production agricole est soumise aux conditions climatiques particulièrement instables d’une saison à l’autre ; un circuit de commercialisation des produits agricoles peu structuré : la sécurité des prix à la commercialisation suite aux réformes des marchés fondés sur la libéralisation et l’existence de débouchés sûrs constituent des défis majeurs auxquels les populations rurales sont confrontées et avec elles les institutions de financement du secteur rural et toute la politique du Crédit Agricole ; une faible capacité de stockage et de conservation de la production ; un accès difficile et l’éloignement des zones de production.
Selon M. DIALLO, la contrepartie du Crédit Agricole étant la production, il est aisé de comprendre les difficultés de la mise en œuvre d’une politique cohérente de distribution du Crédit Agricole dans le pays. D’où la problématique, a-t-il fait savoir, d’une part, de l’instabilité et de la continuité de l’exploitation et, d’autre part, de la rentabilité des investissements productifs acquis sur financement bancaire, et par conséquent du développement même du Crédit Agricole.
Pour le Directeur général de la BNDA, la convention qui a été signée sera de nature à apporter une réponse structurelle à la sécurisation du financement bancaire et de la production agricole, aux perturbations de la production dues aux conditions climatiques, à la hausse incontrôlée des prix des produits agricoles, à la problématique des investissements dans les secteurs productifs agricoles. Et d’ajouter que ladite convention constituera un vecteur essentiel de la concrétisation du Cadre stratégique pour la relance économique et le développement durable (CREDD).
Le ministre de l’Économie et des finances, le Dr Boubou CISSE, a rappelé que le secteur de l’agriculture est très important pour l’Afrique qui dispose d’immenses potentialités et dont on dit qu’elle pourrait nourrir le monde. Aussi, estime-t-il, à travers cette convention, il s’agit d’assurer notre sécurité alimentaire et de contribuer à nourrir le monde. A cet effet, a indiqué le ministre CISSE, il est important de recentrer nos économies sur l’agriculture. La volonté politique est là, a-t-il assuré. La preuve : la décision du Président IBK de faire passer le budget de l’agriculture à 15 %, alors qu’elle était de 7,5 % en 2012 ; l’opération 1 000 tracteurs. Toutes choses qui permettent d’aller vers la modernisation de l’agriculture et l’amélioration de la productivité. Une dynamique que maintient le Gouvernement qui se fixe comme objectif de lever les entraves au financement de l’agriculture, a dit le ministre CISSE.
Par Bertin DAKOUO
Source: info-matin