Notre pays, à l’instar de la Communauté internationale, a célébré, hier, la Journée internationale des femmes rurales (JIFR), couplée à la Journée mondiale de l’alimentation (JMA). La cérémonie d’ouverture des festivités a eu lieu au Centre national de documentation et d’information sur la femme et l’enfant (CNDIFE). C’était sous la présidence de la ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille. Mme Bintou Founé Samaké avait à ses côtés plusieurs collègues, notamment celui de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche, Mahmoud Ould Mohamed.
Le thème retenu cette année pour magnifier nos mères et sœurs vivant dans le oays profond est : «Femmes rurales et chaîne de valeur des produits locaux dans le contexte de la Covid-19 : Enjeux et défis». Quant à la JMA, elle a pour thème : «Cultiver, nourrir, préserver. Ensemble. Agir pour l’avenir». Chaque 16 octobre, la JMA est célébrée dans le monde afin de sensibiliser sur les questions de la faim et de la pauvreté rurale.
Lors de la 4è Conférence internationale des Nations unies, tenue à Beijing en 1995 sur les femmes, il a été décidé de consacrer la journée du 15 octobre à nos sœurs vivant dans la campagne. Dans la perspective d’intensifier les campagnes de sensibilisation et les actions en faveur des femmes rurales, et de gagner par la même occasion le pari d’un monde sans faim à l’horizon 2030, le Mali célèbre les deux Journées conjointement, depuis 2014.
Cette commémoration vise à valoriser le rôle des femmes rurales dans le développement durable de nos sociétés et faire sortir expressément les femmes rurales de la marginalisation. Cela, dans un monde sans faim, sans pauvreté.
Le représentant de la FAO/PAM au Mali, Pierre Vauthier, a salué «cette heureuse initiative» de notre gouvernement. Selon lui, cette célébration conjointe offre l’occasion de mettre en avant le rôle central du travail des femmes en général et des femmes rurales en particulier dans la construction d’un monde plus juste et libéré de la faim.
«Cette Journée nous invite aussi à dresser un bilan des progrès réalisés, d’appeler à des changements lorsqu’ils sont nécessaires et de célébrer les actes de courage et de détermination accomplis par les femmes de nos campagnes qui jouent un rôle fondamental dans l’histoire du pays et de leurs communautés», a-t-il salué. Pour Pierre Vauthier, c’est à travers l’autonomisation des femmes rurales que le Mali relèvera les défis auxquels il fait face.
Le représentant de la FAO/PAM a profité de l’occasion pour attirer l’attention sur les efforts à fournir pour combattre la faim qui touche encore des millions d’individus à travers le monde, notamment au Mali. «Chaque année au Mali, depuis la crise de 2012, 3,6 millions de personnes (18% de la population) en moyenne connaissent une insécurité alimentaire, alors que 9,4% enfants de moins de cinq ans sont victimes de malnutrition aiguë globale et 2,0% en malnutrition aiguë sévère », a-t-il rappelé, ajoutant que plus de 2 milliards d’êtres humains n’ont pas un accès régulier à une alimentation sûre, nutritive et suffisante. Par ailleurs, près de 690 millions de personnes souffrent de la faim dans le monde, soit 10 millions de plus qu’en 2019. Pour lui, le gouvernement de Transition est une opportunité de concrétiser une volonté politique auprès des Maliens.
Pour sa part, la présidente de la Fédération nationale des associations des femmes rurales du Mali (Fenafer), Niakaté Goundo Kamissoko a indiqué que la pandémie de la Covid-19 a impacté les activités des femmes rurales à travers la cessation de l’exportation de leur produit et l’annulation du Salon de l’agriculture où elles exposent leur marchandises. Parlant des difficultés auxquelles ces femmes sont confrontées, elle a cité, entre autres, les problèmes liés à l’accès à la terre, au manque de formation et à l’insuffisance d’équipements de travail. Pour surmonter ces difficultés, elle a sollicité l’accompagnement du ministre de l’Agriculture.
Pour le président de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture du Mali (Apcam), Mohamed Ag Mohamed El Moctar, ces thèmes confirment le rôle et la place de la femme rurale dans les zones de production. Il a invité le gouvernement et les partenaires à mettre les femmes rurales au centre de leurs priorités. «Aussi, cet appel va à tous les chefs de village et de fraction, à tous les maires et à toutes les autorités administratives de faciliter l’accès des femmes rurales à la terre agricole», a-t-il plaidé.
Prenant la parole, la ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille expliquera que ces thèmes visent à mettre en exergue le rôle majeur que jouent les femmes rurales dans l’équilibre socioéconomique de notre pays pour assurer le bien-être de la cellule familiale et la sécurité alimentaire. Parlant des difficultés auxquelles les femmes sont confrontées, Mme Bintou Founè Samaké a évoqué, entre autres, l’accès des produits locaux aux marchés nationaux et internationaux, aux intrants agricoles en temps réel.
Toute chose qui a pour conséquence l’augmentation du coût de la production. Face à ces défis, a souligné Bintou Founé Samaké, la célébration conjointe de la JIFR et de la JMA constitue un moment fort pour les plus hautes autorités de notre pays et les partenaires pour témoigner leur sollicitude et leur soutien aux femmes rurales. «C’est le lieu de mettre un accent particulier sur le respect des mesures barrières. à cet égard, les femmes rurales doivent être soutenues dans les initiatives allant dans ce sens, comme la fabrication et la vente de masques et de savon, afin de freiner la propagation du virus», a-t-elle illustré.
L’un des temps fort de cette Journée a été la projection d’un film documentaire sur la chaîne de valeur des produits locaux : cas de l’anacarde. Cette séquence a été suivie de la remise à des femmes rurales de matériels et équipements de production et de transformation des produits locaux, ainsi que des kits de prévention contre la Covid-19.
Amadou GUÉGUÉRÉ
Source : L’ESSOR