La Commission vérité, justice et réconciliation (CVJR) a vu le jour en 2014 dans le but de rechercher la vérité, d’établir la justice et la réconciliation au Mali. “De sa création à ce jour, nous sommes reconnus par les victimes et nos partenaires. Nous avons plus de 15 600 dépositions dont 500 dans les camps des réfugiés à Mauritanie. Tenant compte de l’insécurité que nous vivons aujourd’hui, des témoins et victimes nous ont fait confiance dans toutes les régions notamment Kidal, Tombouctou, Ménaka, etc… Nous avons bâti des instruments pour la recherche de cette vérité. En ce qui concerne la réparation après avoir consulté tous les partenaires, nous avons aujourd’hui des projets de politique et avant-projet de loi et décret”, informe le président de la CVJR, Ousmane Oumarou Sidibé.
Son mandat est également d’enquêter sur les cas de violations graves des droits de l’homme et spécifiquement celles commises à l’égard des femmes et des enfants. C’est dans ce contexte que s’inscrivent ses six audiences qui se dérouleront durant une année par semestre. Elles tourneront autour des thématiques centrées sur les violations graves, les disparitions forcées, les atteintes au droit à la liberté, à la vie, à l’intégrité physique et à la propriété. La première est prévue pour le dimanche.
Pour cette première phase, les témoignages des victimes porteront sur l’atteinte au droit à la liberté comme les arrestations et détention arbitraires, enlèvements, séquestrations et enrôlement forcés.
“Les audiences sont les seules opportunités pour les citoyens d’apprendre des victimes, témoins et survivants des violences de masse. Nous ne nous intéressons qu’aux victimes pour leur reconstruction. Nous avons des procédures affinées de sélection des victimes pour que l’ensemble des victimes des différentes crises que le Mali a connues de 1960 à nos jours se sentent concernées. Les victimes que nous avons sont représentatives des autres victimes”, affirme Ousmane Oumarou Sidibé, le président de la CVJR.
Cette première audience consistera un espace de témoignages et d’écoutes des différentes victimes de périodes de conflits et de violences que le Mali a connus depuis 1960 à 2012. L’objectif principal est de restaurer la dignité, la paix d’esprit des victimes. C’est aussi pour promouvoir la reconnaissance nationale des victimes et l’intégration de leurs récits à la mémoire et à l’histoire nationales. Pour la CVJR ces récits retracent les vécus et vérités des victimes et sont un précieux vecteur d’information, d’éducation et de sensibilisation.
Ces audiences sont non judiciaires. Elles sont plutôt une occasion de renforcement du dialogue, du vivre ensemble et la réconciliation nationale. Selon la CVJR, elles ne seront pas un tribunal pour inculper les fauteurs.
Le choix des survivants se fait à travers le genre, la variété des périodes historiques couvertes, les types de violations racontées, la diversité régionale et contextuelle. Elles ont souffert à cause des incidents comme le coup d’Etat de 1968, la rébellion de 1963, 1990 et 1994, les manifestations estudiantines de 1991, les enlèvements par AQMI et le MUJAO en 2007 et 2012, etc.
Pour la sécurité et la prise en charge des victimes, les dispositions sont prises par la CVJR. Elle a rassuré que l’accompagnement de celles-ci sera fait de manière psychologique et médicale avant, pendant et après les audiences. Elle ajoute que la confidentialité des données personnelles est aussi prise en compte. C’est pourquoi elle a soigneusement préparé les journalistes qui auront accès à la salle par accréditation. Ces professionnels de médias ont reçu trois jours de formations sur les impératifs sécuritaires et déontologiques que requiert cet évènement.
Fatoumata Kané
Mali Tribune