L’apparition du Covid au Mali a bouleversé les relations entre grands-parents et petits-enfants, des relations d’ordinaire très forte qui est régie par des codes empreints de respect et d’assistance. Rencontre avec Madou Camara et Rokiatou Ba Malikité, sa grand-mère.
Avec notre correspondant à Bamako, Kaourou Magassa
Lunette de vue posée sur le nez et châle qui recouvre sa coiffe, Rokiatou Ba avance à pas lent sur la terrasse de sa maison. En s’approchant de son petit-fils Madou, elle enfile un masque en tissu avant de s’assoir sur un canapé en rotin. Madou est sommé, avec le sourire, de rester à plusieurs mètres. Une habitude depuis l’apparition du Covid-19.
« J’ai des parents, j’ai des amis qui sont morts de ça, cela m’a obligée à être plus sensible et à prendre mes distances. Parce que je ne veux pas être contaminé à mon âge. Donc comme c’est un petit-fils, je le taquine beaucoup », explique Mme Ba.
Le quotidien de Madou, artiste-comédien, est fait de répétitions et d’interractions avec le public. Sa hantise : amener le virus à la maison. C’est donc par obligation et pour protéger sa grand-mère qu’il observe les mesures barrières.
« On était très, très, très proches. Quand on mangeait, on mangeait ensemble, mais maintenant, on prend un mètre de distance parce qu’elle a très, très peur. Je comprends sa situation, je respecte quand même tout ce qu’elle me dit, mais la distance entre nous, je ne suis pas habitué. »
Depuis un an sur la terrasse de la maison familiale, les sourires se font sous les masques et sans contact physique. La seule habitude qui n’a pas changé, se sont les longues conversations et les tendres chamailleries entre la grand-mère et son petit-fils.
RFI