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Au Mali, la menace jihadiste persiste

Malgré les opérations françaises Serval puis Barkhane, le nord du pays est loin d’être sous contrôle. Et le risque pèse maintenant sur le centre, voire la capitale.

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C’est la photo qu’on ne verra pas lors du sommet Afrique-France qui s’ouvre ce vendredi à Bamako : un cliché en noir et blanc, réalisé par un artiste nigérian, Mudi Yahaya, qui représente de façon allégorique la mémoire de la colonisation. For Crown and Country («pour la couronne et la patrie») met en scène des personnages, coloniaux et «indigènes», vus de loin, dans un cimetière. Mais cette photo ne sera finalement pas accrochée au Centre de conférences international qui accueille le sommet. Les diplomates français l’auraient jugée «trop polémique» et auraient exigé une autre photo, «finalement plus proche d’une carte postale», résume un responsable malien. Un épisode certes anecdotique, mais qui illustre bien le délicat exercice d’équilibriste auquel se livrent les organisateurs de ce sommet. Quelle «carte postale» du Mali doit-on en effet retenir au moment où François Hollande revient dans ce pays qui lui a offert sa plus grande victoire médiatico-politique en Afrique ?

Sas de sécurité

«L’arrivée des forces françaises en janvier 2013 a été un énorme soulagement», confirme Aurélie Dupin, une Française installée à Bamako, directrice déléguée d’un hebdomadaire, le Journal du Mali. «L’année 2012 avait été particulièrement éprouvante, rappelle-t-elle, avec une rébellion touareg qui avait conquis le nord du pays dès janvier, un coup d’Etat militaire en mars à Bamako, et enfin l’arrivée en avril des jihadistes qui ont chassé les Touaregs du nord, imposant la charia dans les zones qu’ils occupaient.»

Quatre ans plus tard cependant, Bamako ressemble à la forteresse du roman de Dino Buzzati le Désert des Tartares : un ennemi invisible rôde au loin, limitant encore les déplacements dans le nord et rendant même désormais dangereux ceux dans le centre du pays, en proie depuis un an à une multiplication d’attaques sporadiques. Début novembre, le danger s’est même singulièrement rapproché avec l’attaque de la gendarmerie et de la prison de Banamba, à moins de deux heures de la capitale malienne.

En apparence pourtant, tout semble normal à Bamako, immense dédale de quartiers congestionnés par de gigantesques embouteillages. Mais même dans cette ambiance joyeusement chaotique, il y a des signes qui ne trompent pas : tous les restaurants et hôtels susceptibles d’accueillir des Occidentaux sont désormais dotés de sas de sécurité, auxquels s’ajoutent parfois des hommes armés. Il est vrai que Bamako n’a pas été épargné par le terrorisme. Le 7 mars 2015, au restaurant La Terrasse, comme le 20 novembre suivant à l’hôtel Radisson, ce sont à chaque fois des lieux fréquentés par des expatriés qui ont été visés. «Dans le nord et désormais dans le centre, c’est aussi l’Occident et la France qui sont la véritable cible. Les jihadistes n’attaquent jamais les populations locales directement, sauf lorsqu’il s’agit de punir un présumé « collaborateur » des forces étrangères», souligne Bajan ag-Hamadou, député de la ville de Ménaka, dans le nord du pays. L’opération française Barkhane – qui a pris la suite de l’opération Serval en août 2014 – a peut-être délogé les jihadistes des villes, «mais leur pouvoir de nuisance reste intact, notamment en l’absence de l’Etat, qui tarde à s’y réinstaller», poursuit le député, de passage à Bamako. Certains redoutent également qu’après le centre, la capitale soit à son tour gangrenée. «C’est déjà le cas», tranche Cheick Ousmane Chérif Haidara, chef religieux respecté qui n’hésite pas à dénoncer ouvertement l’influence des wahhabites et de «ces mosquées et radios qui appellent ouvertement au jihad dans la capitale, sans faire réagir les autorités».

«Aveuglement»

Le Musée de Bamako présente à partir de ce vendredi une exposition consacrée aux manuscrits de Tombouctou, dont la sauvegarde avait tant inquiété la communauté internationale quand la ville était aux mains des islamistes. «Nous payons aujourd’hui des années d’aveuglement sur l’influence croissante des intégristes financés notamment par les monarchies du Golfe. La société malienne s’est en partie déjà islamisée. C’est un phénomène rampant, auquel on est en train de s’habituer», analyse le directeur, Samuel Sidibé. En attendant, à la veille du sommet, l’ambassade de France recommandait fermement à ses ressortissants de «limiter tout déplacement à Bamako» et «d’éviter les lieux publics ou les rassemblements».

 

Source: liberation.

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