Mercredi 18 janvier 2017. Tôt le matin, un kamikaze à bord d’un véhicule s’est fait exploser à l’intérieur du camp du MOC (Mécanisme Opérationnel de Coordination) à Gao. En ce lieu, s’y trouvent des éléments des forces armées du Mali, de la Plate-forme et de la Coordination des Mouvements de l’Azawad. Le bilan est lourd. On dénombre pour l’instant, chiffre officiel, une soixantaine de morts et une centaine de blessés.
Les circonstances de l’attaque ne sont pas encore établies. Mais la piste terroriste ou encore de règlements de compte ne sont pas à épargner.
Dans ce camp de la MINUSMA, ils sont au total 600 hommes sélectionnés pour mener les patrouilles mixtes comme prévu dans l’accord pour la paix et la Réconciliation au Mali.
Le Président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta a, en un premier temps, décrété trois jours de deuil national. Il a ensuite dépêché son ministre de la Défense à Gao.
Cette attaque si surprenante intervient juste 5 jours après la présence de François Hollande à Gao où il a rendu visite aux troupes françaises engagées au Mali dans la lutte contre le terrorisme ; elle intervient aussi quelques jours après la tenue du sommet Afrique-France ; une rencontre au cours de laquelle la lutte contre le terrorisme a été largement débattue. Alors pourquoi un tel acte suicidaire après ce sommet ? Peut-on le considérer comme un signal fort des forces du mal, démontrant toujours leur capacité de nuisance, à l’endroit de la communauté internationale ?
L’acte prouve aussi à suffisance la légèreté dans cette opération du MOC. Comment peut-on regrouper des sensibilités qui ont passé le clair de leur temps à se combattre et ne pas prendre des mesures idoines afin de déjouer tout acte pouvant saboter cette mission, condition sine qua non de la mise en œuvre satisfaisante de l’accord de paix !
L’Etat et ses partenaires montrent aux yeux du monde entier leur irresponsabilité. La MINUSMA, ses camps ont toujours été la cible d’attaques extérieures, mais elle est toujours parvenue à les déjouer alors pourquoi ce kamikaze a pu atteindre sa cible ?
Ce deuil pourrait bien donner raison à la jeunesse de GAO qui était opposée à l’arrivée des rebelles de la CMA sur son sol. Elle voyait certainement ces genres de drames à l’horizon.
Aujourd’hui, cet acte prouve à suffisance que l’Etat malien et ses partenaires sont toujours à la case départ de la lutte contre le terrorisme au nord du Mali. Où quelque part, la mauvaise foi nous plombe dans cette instabilité au bénéfice de pays amis tapis dans l’ombre.
Le bilan de cette attaque est lourd et mérite bien un deuil national. Mais il est temps que nos honorables députés interpellent l’Etat car nous ne pouvons plus de ces deuils interminables.
Boubacar Yalkoué
Source : Le Pays
